« Les nouveaux loups du web « : quid de la responsabilité de l’agneau ?

Publié le 13 mars 2016 à  11h17 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Le cinéma le Prado à Marseille a présenté le long-métrage de Cullen Hobback, « Les nouveaux loups du web » distribué par Jupiter Films dans le cadre d’une projection-débat avec le concours de l’ACBM (Association de criminologie du bassin méditerranéen). Dans ce cadre, Dominique Ciravegna, président du Secem (Sécurité Économique et Compétitivité des Entreprises en Méditerranée), Eric Delbecque, expert en intelligence économique, Membre du Conseil scientifique du CSFRS (Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques), Président d’honneur de l’ACSE, (Association pour la compétitivité et la sécurité économique) Christophe Clarinard, Gendarmerie nationale, Aurélien Dyjac, criminologue et Guillaume Seigneuret, président Omega Cube, sont intervenus sur la question de la sauvegarde de la sphère privée à l’ère du numérique; des différences entre la France et les États-Unis mais aussi la Grande -Bretagne… Mais, qu’en-est-il de notre responsabilité ?

projection-débat au cinéma le Prado à Marseille autour du film
projection-débat au cinéma le Prado à Marseille autour du film

Eric Delbecque revient sur le film : «Au cœur de ce documentaire se situe la démonstration que les entreprises-clés du numérique alimentent la société de surveillance plus encore que les États et leurs services de renseignement. Ces derniers ont finalement trouvé de solides auxiliaires dans le secteur privé». Mais qu’en-est-il de la France ? Interroge un participant. Christophe Clarinard se veut rassurant : «Nous sommes le Pays qui a la législation la plus forte en matière de protection des libertés individuelles et Bruxelles cherche à s’en inspirer pour éviter ce que vivent les États-Unis. Et, en France, s’il existe bien un gardien du Droit c’est le Magistrat.». «Attention, prévient Eric Delbecque, des possibilités existent de nous retrouver sur les mêmes créneaux. Mais il est vrai que nous avons plus de digues… Et, surtout, nous n’avons pas les mêmes moyens en France». Par ailleurs poursuit-il : «Des années 80 à 2000, un organisme du Pentagone a massivement financé l’économie numérique ce qui explique la porosité existant aux États-Unis; un tel phénomène ne peut exister de la même manière en Europe». En revanche, Christophe Clarinard tient pour sa part à alerte : «Dans une autre vie j’ai noué des contacts avec des PME. Un jour un chef d’entreprise m’informe qu’il a été contacté par deux hommes, affirmant représenter une société anglaise qui serait intéressée par le rachat de son entreprise. Entreprise produisant des boulons que l’on retrouve dans le char Leclerc, les centrales nucléaires ou encore les plateformes pétrolières. J’ai enquêté, il m’a fallu sept jours pour découvrir que derrière cette tentative d’achat se trouvait la CIA».
Dominique Ciravegna, directeur audit sécurité dans une entreprise de location de matériels explique : «Nous utilisons les réseaux sociaux pour voir ce qui touche notre entreprise. Ainsi, nous avons pu notamment découvrir sur un site du matériel qui nous avait été volé». Immédiatement, il précise: «La Loi nous oblige à sécuriser les données personnelles et nous sommes contrôlés régulièrement. Nous sommes accompagnés par des professionnels pour protéger les données; nous faisons des tests régulièrement mais malgré tout cela, nous savons que nous ne sommes jamais à l’abri d’un hacker». Guillaume Seigneuret invite à relativiser : «Il faut avoir conscience que la sécurité de l’entreprise doit être à la hauteur de ce qu’elle traite. Si on vend des chemises, on n’a pas besoin du même niveau de sécurité qu’une banque. Après, nous sommes dans une course poursuite avec les hackers. Donc, s’il n’existe aucun système sûr à 100% on peut avoir un bon niveau de sécurité qu’il est nécessaire de faire évoluer en permanence». Alors, pour Eric Delbecque, nous sommes nos pires ennemis. «Lorsque l’on a parlé du fichage des empreintes digitales la mobilisation a été intense contre… tout cela pour aujourd’hui accepter un smartphone à reconnaissance digitale. A faire un débat sur l’outil on en oublie les vraies questions : qu’est-ce que la vie privée ? La citoyenneté ? Nous sommes dans le meilleur des mondes, nous acceptons parce que cela nous facilite la vie ».
Michel CAIRE
A lire la critique d’Eric Delbecque sur « les nouveaux loups du web » sur cinechronicle.com

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