Lionel Scoccimaro expose à l’American Gallery jusqu’au 5 mai

Publié le 29 avril 2013 à  3h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h49

L’American Gallery, portée par Pamela King, accueille depuis le 21 avril les œuvres de Lionel Scoccimaro.

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« Lionel Scoccimaro affine la frontière entre art et métiers d’art, il envisage une collaboration où tous les apports techniques du spécialiste vont parfaire son objet, et ce dans les matériaux anciens et récents. Les métiers d’art ne sont pas ses humbles servants mais une source d’inspiration de par leur inventivité même. Il y a des métiers d’art populaire dont les créations marquent une époque, et parmi ceux-ci la customisation des véhicules. Le pop art et le rock’n roll ont repris des émotions visuelles liées à ces machines désirantes que sont les motos (le Scorpio rising de Kenneth Anger). Les tatouages ont fini sur le réservoir ou la calandre. Les fresques des rappeurs du Bronx se sont allongées sur leurs voitures et les surfeurs ou les skaters ont déposé sur leurs planches des paillettes et des kaléidoscopes. Il y a aujourd’hui des peintres en carrosserie qui sont devenus des virtuoses du pistolet et de la laque. Customiser, c’est s’intéresser à la surface, à la peau. La sculpture, pour Scoccimaro, c’est d’abord la surface. Il retrouve en cela la passion pour la patine d’un Brancusi. Celui-ci était passionné par la lumière et Picasso disait de lui avec méchanceté qu’il passait son temps à faire briller les casseroles. Ce qui renvoie la lumière fait exploser la matière et la densité de l’objet. Une voiture customisée par Scoccimaro est une peinture dont les couleurs pulsent. Nous l’avons retrouvée dans l’atelier compressée à la façon d’un César, toute sa rutilance écrasée dans ses plis.
La sculpture n’est qu’une partie, sans doute centrale, de cette œuvre constituée de collages, d’installations, de pièces montées architecturales faites de carreaux de sucre, de photographies. Ces moments se complètent comme s’ils étaient différentes localisations sur la géographie d’un cerveau. Ainsi saisit-on vite ce qui relie les pin-up de culbuto, les collages fun board à base de magazines pornos, les dildos de bois, les armes d’héroic fantasy, les accessoires de jeux de rôle et la mise en scène photographique d’un couple du troisième âge qui sont les grands-parents de l’artiste (Les octodégénérés) se livrant à tous les jeux potaches que leur âge semble interdire. Aucune fracture générationnelle dans la famille pas plus qu’il n’y aurait de coupure entre high and low ni de rupture réelle dans l’histoire des arts. Que tous les apports procéduraux et esthétiques des avant-gardes (le minimalisme du carreau de sucre, le processus de la compression customisée, le transformisme du body art…) soient recyclés dans la chambre d’adolescents pour en ressortir avec une insolence canaille, voilà un optimisme qui réjouit. Que les objets les plus scabreux soient investis par un goût de la perfection dans le savoir-faire qui les magnifie et les ennoblisse, voilà qui nous parle d’un autre état du luxe. »

Extrait de La Planque, 13 ateliers d’artistes à Marseille, Editions Parenthèses, texte de Frédéric Valabrègue, 2011.

American Gallery au 10 bis, rue des Flots Bleus. Marseille (7e). Du jeudi au samedi de 14heures à 19 heures ou sur Rendez-vous. Tél : 06.27.28.28.60

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