MP2013 : le Pavillon M accueille Irène Frain, Patrick Poivre d’Arvor et Douglas Kennedy

Publié le 17 novembre 2013 à  23h33 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h39

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
Il était question de littérature, ce 16 novembre au Pavillon M. Cyril Brunet accueillait ce jour-là, Irène Frain, Patrick Poivre d’Arvor et Douglas Kennedy. Il sera question de création, du futur du livre, de Marseille lors d’une belle rencontre.
En cette année capitale Cyril Brunet demande quelle a été la rencontre capitale de ces auteurs avec le livre. Et ce sont des souvenirs d’enfance qui remontent chez Douglas Kennedy. Patrick Poivre d’Arvor se rappelle de son institutrice :« Je sortais d’une maternelle tenue par les religieuses. L’une d’entre-elles avait dit, parlant de ma sœur et de moi : Votre fille ça va mais lui, je me demande ce que vous allez en faire ? C’est terrible lorsque l’on a 5 ans d’entendre de tels propos. Et donc, entrant à l’école publique, l’institutrice a su m’aider ».
Irène Frain se souvient de ses parents, « milieu populaire où on respectait les livres. Je me souviens de mes lectures au grenier et puis de mon institutrice qui a su me donner confiance en moi ».
Patrick Poivre d’Arvor cite, parmi ses premières lectures, Jules Vernes : « et déjà on cavale, on apprend grâce au livre ».
Le voyage, l’ailleurs, le choc, Douglas Kennedy est allé à Beyrouth : « Il faudrait trois vies pour comprendre la situation là-bas ». Mais, ajoute-t-il : « On peut aussi voyager dans une seule pièce ». Irène Frain assène : « Lorsqu’on voyage on mesure la « misérabilité » de nos petits ego. Quelques milliers de kilomètres, et on est dépaysé par la nourriture, les odeurs, la cuisine, tout cela nous confronte à la fois à la solitude et à la multitude et, c’est ainsi que l’on prend conscience de la condition humaine ». Elle reprend : « Mais les voyages dans une seule pièce ne sont pas les moins éprouvants. Lorsque j’ai plongé dans les secrets de ma famille c’était perturbant, heureusement que là j’ai découvert de beaux secrets, mais c’est compliqué. Et puis on ressuscite des vies et cela est magique ».
Patrick Poivre d’Arvor de juger : « Écrire c’est traverser son propre miroir ».
Certes, « mais est-ce un travail ou un plaisir ? », demande Cyril Brunet.
Pour Douglas Kennedy : « C’est un mélange. C’est surtout une discipline, en ce qui me concerne j’écris deux pages par jour et si on n’aime pas la solitude il vaut mieux éviter d’écrire ». Patrick Poivre d’Arvor considère : « Un journaliste écrit pour son lecteur, un auteur pour lui, même si on peut avoir des sueurs froides. Et que dire du moment de la parution/comparution, moment douloureux ». Douglas Kennedy lui avoue « penser toutes les 10 minutes aux critiques ». Irène Frain « toutes les 11 minutes mais, tout de suite après je me dis qu’ils aillent se faire f… ».
Vient une question sur Marseille, sur MP 2013, Patrick Poivre d’Arvor juge : « C’est capital pour vous. Journaliste, j’ai dû lutter contre des clichés. Et, étant moi-même un provincial, je sais à quel point il existe une condescendance de la capitale envers la province. Marseille c’est aussi une madeleine de Proust pour moi grâce au savon de Marseille. C’est donc une odeur et puis un port en pleine ville. Ensuite tout dépend de la rencontre avec les Marseillaises ».
Justement, pour Irène Frain : « Marseille c’est l’antiquité grecque et c’est une amoureuse. C’est une tribu de femmes même avec toutes les facettes de celle-ci : héroïne tragique, exubérante, ou encore la dignité de ces personnes venues des Alpes. C’est aussi une ville de désir. Enfin, ville de femmes, c’est également une ville d’hommes ».
Pour Douglas Kennedy : « Marseille c’est une lumière, c’est une ville de cinéma. Marseille avec Alger sont deux miroirs. La cité phocéenne est un personnage et, son centre-ville qui a su rester populaire, me fascine ».
Il est enfin question de l’évolution du livre, de l’apparition du livre numérique. Irène Frain rappelle que les techniques n’ont cessé d’évoluer, qu’au XIXe certains pensaient que le livre était mort du fait de l’apparition de la presse. La technique ne l’inquiète donc pas, même si elle ne cache pas son lien avec l’objet livre : « En revanche, ce qui est inquiétant c’est la désaffection générationnelle pour la lecture ».
Mais quel est le secret pour écrire un livre qui va donner envie de lire ? C’est à Douglas Kennedy que revient le mot de la fin : « Il existe trois règles pour écrire un grand roman… et personne ne les connaît ».
Michel CAIRE

Articles similaires

Aller au contenu principal