MPG 2019: Péchés de gourmandise au musée Regards de Provence à Marseille

Publié le 22 mars 2019 à  6h27 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  23h37

Il faut être aujourd’hui sur une autre planète pour ne pas savoir que nous sommes en pleine année Marseille Provence Gastronomie 2019. Et si la gourmandise reine est dans les assiettes, elle est aussi accrochée aux cimaises de quelques établissements culturels métropolitains.

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Dorothée Selz devant les sculptures réalisée spécialement pour le musée Regards de Provence et qui ont accueilli les « bouchées » gourmandes servies le soir du vernissage. Photo Robert Poulain.
Dorothée Selz devant les sculptures réalisée spécialement pour le musée Regards de Provence et qui ont accueilli les « bouchées » gourmandes servies le soir du vernissage. Photo Robert Poulain.

L’occasion était belle, pour le Musée Regards de Provence, de s’associer à la manifestation initiée par le département des Bouches-du-Rhône de façon plus qu’intéressante en proposant deux expositions consacrées à l’univers de la gastronomie : «De la table au tableau» qui rassemble, 75 œuvres des 19e et 20e siècles issus du fonds de la Fondation Regards de Provence et de prêts muséaux, et «L’Art mange l’art» qui propose 110 œuvres contemporaines. Au total ce sont cent artistes qui sont mis à l’honneur au long de cette double exposition que l’on déguste sans modération. «L’art est inutile, rentrez chez vous », « Les musées ne servent à rien » : Bock de bière à la main, le bonhomme de contreplaqué, visiblement patron de troquet, accueille les visiteurs à la mode de Ben, provocateur. Ben Vautier a qui l’on doit aussi l’illustration de l’affiche avec un serpent qui se mord la queue, encadrant la phrase « l’art mange l’art » ; et une peu plus loin dans la déambulation, une nouvelle provocation acrylique sur toile, avec un « Cu manja ben caga ben » lettres noires sur fond rouge sang, signé Ben 90… On vous laisse le soin de traduire l’occitan ! Difficile, ici, d’être exhaustif et de décrire par le détail le menu des deux expositions. En fait chacun pourra savourer les œuvres, les sculptures éphémères comestibles de Dorothée Selz prioritairement, en fonction de son appétit ; à la carte pour les uns, grand menu dégustation complet pour les autres, service compris. Tout commence, ou presque, avec l’incontournable «Cène de chefs », photographie de Francis Giacobetti, avec Monsieur Paul, Paul Bocuse, au centre, en Jésus. «Ce fut très difficile de trouver un Judas» se souvient le photographe. Notre faim du jour nous a ensuite fait déguster les photos d’Aurore Valade «A table » et «Au royal», deux œuvres qui vivent et proposent des histoires.
Huile vierge, une photographie de Ymane Fakhir réalisée en 2014. Photo Robert Poulain.
Huile vierge, une photographie de Ymane Fakhir réalisée en 2014. Photo Robert Poulain.

A ne pas manquer, aussi, la très belle «Huile vierge» du photographe Ymane Fahkir, une pure jeune fille regardant une assiette emplie d’huile. Un peu plus loin, la table en résine polyester polychrome moulée de Gaetano Pesce impose sa forme et son originalité. Une autre photo est chargée de sens, « «L’Éplucheuse» de la série pour le meilleur et pour le pire de Cécile Hesse et Gaël Romier ; une femme épluche des bouts de chaussures, dérangeant. Ne passez pas à côté du «Cadavre exquis» de Claire Dantzer composé d’os en sucre colorés ou du «Déjeuner du maigre», huile sur toile de Vincent Bioules. Une exposition spectaculaire, au sens propre du terme, qui interpelle sur les us et coutumes alimentaires de notre société dans ce qu’ils ont de positif mais aussi de très négatif. Moins de questionnements et de provocations du côté de l’exposition «De la table au tableau» qui se développe, elle, autour d’œuvres incarnant l’art de vivre en Provence à travers son patrimoine gastronomique, ses traditions et son art de recevoir. Étals, natures mortes, scènes de pêche sont à l’honneur au cœur d’œuvre nous faisant voyager dans les ambiances des deux siècles derniers. Non sans humour, au demeurant, avec les dessins foisonnants de Dubout et ceux, acides, d’Honoré Daumier.
Ambrogiani, Camoin, Chabaud, Dufy, Verdilhan, Ziem et bien d’autres sont au menu d’une déambulation qu’il faut savourer en prenant son temps pour découvrir Marseille et la Provence sous des angles historiquement intéressant et parfois insolites. Deux expositions qui font l’objet d’un catalogue fort complet avec les textes et commentaires très bien renseignés et des plus intéressants de Bernard Muntaner.
Michel EGEA

Pratique. « De la table au tableau » jusqu’au 22 septembre, « L’Art mange l’art » jusqu’au 13 octobre au Musée Regards de Provence face à l’esplanade J4 du mardi au dimanche de 10 à 18 heures. Ateliers d’art plastique de 14h30 à 16 heures les 14, 17, 20, 21, 27 et 28 avril. Ateliers de pâtisserie autour des sculptures de Dorothée Selz de 16 à 18 heures les 17 et 27 avril. Tél. : 04 96 17 40 40 – museeregardsdeprovence

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