Marche républicaine : Marseille toujours aussi mobilisée, unie

Publié le 11 janvier 2015 à  23h31 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h35

Marseille s'est mobilisée  (Photo Robert Poulain)
Marseille s’est mobilisée (Photo Robert Poulain)
Les élus unis dans la marche républicaine (Photo Robert Poulain)
Les élus unis dans la marche républicaine (Photo Robert Poulain)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

Marseille ne fait décidément rien comme les autres. Après la mobilisation de ce samedi, un nouveau rassemblement a eu lieu ce dimanche qui s’est transformé en défilé tant, une nouvelle fois, la mobilisation était forte. Et, toujours, la même émotion, le même respect, une même marée humaine. Et, comme la veille, point de récupération, mais un peuple, ses élus, de droite comme de gauche. On trouvait ainsi le Maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, le président du Département, Jean-Noël Guérini (qui avait déjà manifesté la veille), Renaud Muselier, Patrick Mennucci… unis, avec le peuple de Marseille, derrière ou plutôt, à côté des responsables religieux, les organisations maçonniques… L’expression populaire, citoyenne, d’une envie d’être ensemble, unis dans les différences.

«Dès lundi, la situation nous imposera des obligations supplémentaires dans cette ville»

Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire de Marseille, est présent au rassemblement, il explique : «Le Président de la République a souhaité un dimanche solidaire avec une grande manifestation internationale à Paris, nous nous inscrivons dans cette démarche. La lutte contre le terrorisme est permanente, des hommes et des femmes l’ont payé de leur vie. Un pilier fondamental de notre République vient d’être attaqué : la liberté d’expression, de culture, la liberté tout court. C’est la raison qui fait que nous avons installé deux grandes banderoles sur les murs de la marie, une indiquant « Nous sommes tous Charlie », l’autre « Nous sommes tous la France ». Dès lundi, la situation nous imposera des obligations supplémentaires dans cette ville, la deuxième de France, riche de ses nombreuses communautés. Je suis un démocrate, un démocrate-chrétien, je ferai tout pour que le vivre ensemble continue d’être respecté. Nous continuerons à mener une politique de générosité».
De nombreux élus, de droite comme de gauche sont présents.
Arlette Fructus, adjoint UDI de la ville de Marseille, se réjouit du rassemblement marseillais: «C’est de Marseille qu’est parti l’hymne national, La Marseillaise est notre patrimoine. Et, tous ensemble, nous montrons que la France est debout et que la République est grande». Roland Blum, adjoint de la ville de Marseille, exprime sa satisfaction «de voir la communauté nationale unie au-delà de ses différences pour défendre la démocratie, la liberté d’expression, ces valeurs qu’il faut à tout prix maintenir».

«J’insiste tout particulièrement sur la question carcérale, ce n’est pas admissible que ce lieu soit un lieu de radicalisation»

Patrick Mennucci, député PS, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur la surveillance des filières Djihadistes en France, présent le samedi comme le dimanche avance: «La France se relève, elle a besoin de se sentir rassemblée. Peut-être ne sera-t-on pas ce soir dans la même République qu’avant les tragiques événements que nous venons de connaître». Il en vient à la mission dont il est le rapporteur : «J’insiste tout particulièrement sur la question carcérale, ce n’est pas admissible que ce lieu soit un lieu de radicalisation. La question de l’isolement de certains est posée et cela ne relève pas de la Loi, il s’agit simplement d’une procédure. Et il existe un service de renseignement pénitentiaire qui est capable de dire qui fait du prosélytisme. Cette mesure peut donc être prise très rapidement. Après, on parle de renforcer la surveillance mais, il faut savoir que la surveillance d’une personne c’est 25 policiers». Eugène Caselli, PS, conseiller municipal et communautaire, a participé à la manifestation du samedi, il est également présent ce dimanche en déplorant qu’il y ait eu deux manifestations «Maintenant, le plus important c’est d’être là, en solidarité avec les familles, pour les valeurs de la République».
Pour Jean-Marc Coppola, PCF, conseiller municipal et régional a aussi manifesté samedi, il est à nouveau présent ce dimanche : «Je pense profondément que les manifestations et les rassemblements ne s’opposent pas, ils s’additionnent, dès lors que le contenu de l’unité est clair sur des valeurs et des droits républicains».
Annick Boët, PS tient à mettre en avant l’importance de la manifestation parisienne : « La présence de nombreux responsables internationaux montre que c’est le monde entier qui reconnaît l’originalité de la place de la France dans le concert des Nations». La communauté juive est présente, marquée, par les événements, par l’attentat antisémite de vendredi 9 janvier.

«Il s’agit maintenant de vaincre le terrorisme islamiste et nous devons aider ceux qui ont le plus de difficulté à le faire, notamment nos amis musulmans»

Michèle Teboul, la présidente du CRIF Marseille-Provence, ne cache pas son inquiétude: «Ce qui s’est produit à Paris aurait pu se produire dans n’importe quelle supérette Cacher de France car le vendredi, à 13 heures, les juifs font leurs courses pour shabbat. Et, pour moi, cette manifestation est une pierre d’achoppement du bien-vivre ensemble. Si les musulmans ne descendent pas en masse pour dire non à l’islamisme on peut enterrer le vivre ensemble».
Isidore Aragonès, ancien président du CRIF exprime son indignation et son inquiétude également. «Trois terroristes sont morts, mais le péril est toujours là. D’autres sont prêts, à leur tour, à s’en prendre aux bases de notre République, sans aucun respect pour la vie humaine, le droit à la différence. On peut ne pas être d’accord avec Charlie Hebdo, cela m’arrive. Tu peux alors manifester, lancer une procédure. Je suis là pour exprimer ma sympathie à ceux qui sont touchés. Mais quelque part nous sommes tous touchés ».
Hagay Sobol, ancien président du centre Fleg avance pour sa part : «Nous avons aujourd’hui la preuve que les terroristes ont échoué. La France entière est dans la rue et la solution passe par là, elle doit être citoyenne. Il s’agit maintenant de vaincre le terrorisme islamiste et nous devons aider ceux qui ont le plus de difficulté à le faire, notamment nos amis musulmans».

«Et il est important de travailler sur l’éducation, à tous les niveaux, car nous avons affaire à des tueurs qui sont nés en France»

Bachir Ouazene, le président de l’Amicale des Algériens du Var est présent à la manifestation «pour condamner les lâches attentats qui ont coûté la vie à 17 personnes». «Nous sommes là, poursuit-il, pour présenter nos sincères condoléances aux familles des victimes, les assurer de notre solidarité. Là, pour dire plus jamais ça en France et à travers le monde. Nous le disons d’autant plus que le peuple algérien a connu cette tragédie pendant 15 ans et que nous avons eu à déplorer 250 000 assassinats. En France, nous sommes tous des résidents de la République française et nous avons le devoir de défendre ses principes, de respecter ses droits et la laïcité». Au-delà, il considère : «Le monde comprend que le racisme est un mal planétaire. Une conférence internationale doit se tenir à Washington le 18 février. Espérons que des décisions concrètes seront prises pour lutter contre le racisme».
L’Imam Abderrahmane Ghoul considère: «Ce qui s’est produit est horrible, odieux, cela, non seulement ne fait pas honneur à notre religion mais la salit. Ces meurtres nous touchent à double titre : en tant que citoyen et en tant que musulman. Ces gens-là ne sont pas musulmans, leur seule religion c’est la haine. Et il est important de travailler sur l’éducation, à tous les niveaux, car nous avons affaire à des tueurs qui sont nés en France».

«Que nous soyons chrétiens, juifs ou musulmans, nous sommes une cible parce que nous sommes policiers»

Dans la foule encore, Jérôme. Il est officier de police et tient à s’exprimer: «De nombreuses personnes affichent aujourd’hui « je suis policier ». D’un côté, c’est de la fierté, du plaisir. Mais il faudrait que cette reconnaissance, la reconnaissance de notre profession soit pérenne et surtout qu’elle soit quotidienne. Les français ont souvent la mémoire courte… Notre rôle est de protéger, de sécuriser, d’appliquer les lois de la République et de prévenir aussi. Les très nombreux policiers aux Renseignements désamorcent de nombreuses situations. Mais quand on dit Renseignements, on pense souvent « flicage » avant de penser sécurité. J’espère que « l’effet Charlie » débouche sur une considération des forces de l’ordre dans le temps. Nous payons aussi un lourd tribut, c’est toujours trop lourd. Chaque personne est unique, chaque mort est unique. Nous sommes des cibles, visibles et visées. Que nous soyons chrétiens, juifs ou musulmans, nous sommes une cible parce que nous sommes policiers. Je suis comme bien d’autres, je crois, après ces journées et ces faits terribles, j’espère un changement d’attitude, de comportement.»

«Ce qui est terrible c’est que cela risque de ne pas s’arrêter, c’est comme un signal»

Marie, branches d’olivier dans les bras raconte: «C’est la première fois que je participe à une manifestation depuis 2002. Je suis venue hier et aussi aujourd’hui parce que c’est le moment où jamais. Ce qui s’est passé, n’est ni étonnant ni surprenant parce que, il existe des tensions. Je travaille dans des quartiers difficiles et il y a des choses qui grondent depuis pas mal de temps. On parque des gens dans des rues, des immeubles. On parle du vivre ensemble mais ce sont des mots tout cela. Ce qui est terrible c’est que cela risque de ne pas s’arrêter, c’est comme un signal. J’aimerais tant me tromper.»
Abdelkader de son côté de signifier: «On est là pour manifester contre tous ces actes terroristes. Et on ne veut pas que l’on rende responsable tous les musulmans. L’Islam ce n’est pas cela. Ces hommes sont des terroristes qui sévissent partout dans le monde. Aujourd’hui, on leur montre que l’on n’a pas peur d’eux, que l’on est assez fort et qu’ils ne gagneront pas.»
Raymond affiche son appartenance à la franc-maçonnerie par une écharpe mais, avance-t-il : «Je suis un anonyme parmi tant d’autres. Je manifeste ma solidarité avec toutes les victimes de cette horreur. Je suis pour la liberté d’expression, du culte, tout ce qui fait l’humanité. Et, bien sûr l’humour au travers de la caricature, parce que c’est quelque chose d’essentiel dans la vie de l’être humain. Si on empêchait les hommes d’avoir de l’humour on vivrait dans une société terrible et on ne peut pas tolérer cela. En tant que franc-maçon, il est de notre rôle de participer à l’évolution dans la conscience et tout ce qui peut élever l’être humain, sans parti pris, contre aucun système, aucune religion. Il faut juste empêcher tous les extrémistes, tout ce qui n’est pas ouvert aux autres de prendre le pouvoir.»
M.C. – P.M-C. – M.S.

Diaporama Philippe MAILLE et Robert POULAIN

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