Marseillais unis dans l’amitié: la quête des plaisirs ordinaires

Publié le 4 novembre 2018 à  23h43 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h09

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Qu’il est réconfortant dans un monde qui ne cesse de se tendre, où le rejet de l’Autre gagne du terrain, de voir à quel point la deuxième édition de «Marseillais unis dans l’amitié» a été couronnée de succès. La Salle Vallier a vibré d’encouragements pour les enfants qui se sont affrontés au foot. Au sein d’une même équipe des garçons et des filles, il en est qui ne croit pas au ciel, d’autres si, ils sont chrétiens, juifs ou musulmans. Des enfants qui jouent. Une journée ordinaire qui ne l’est donc en rien et qui a été préparée au fil des mois par le tissu associatif.

(Photo Robert Poulain)
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Mohamed Bousselmania est travailleur social: «Je suis bien placé pour connaître les replis identitaires, les rejets de l’Autre, mais il n’y a pas que cela dans les quartiers. Ils sont nombreux à accepter les différences qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans. Alors il faut que vivre dans le respect de l’Autre devienne la norme. Si on y arrive on aura fait un grand pas et cette journée contribue à avancer dans cette voie. Tout le monde participe, partage le plaisir d’échanger sous l’égide de la République». Il note à ce propos: «On parle beaucoup des principes et des valeurs de la République, c’est bien, mais il faut aussi des actes et aujourd’hui nous en avons un».

«Pour préparer cette journée j’ai organisé un débat avec Bruno Benjamin, le président du Crif, un curé et un imam»

Salima Guemari, présidente de l’association Vannatureal indique: «Pour préparer cette journée j’ai organisé un débat avec Bruno Benjamin, le président du Crif, un curé et un imam. La salle était comble et tout c’est bien passé. Résultat, nous sommes venus à 80, en bus, aujourd’hui». Pour Alain Vollaro, catholique: «Rien n’est plus important que la Paix et l’entente entre les Hommes. Et cette journée y contribue, elle permet de se connaître, de découvrir nos différences. Et ce ne sont pas ces différences le problème mais l’ignorance». Il signale que la paroisse et l’œuvre Timon David s’inscrit dans une logique de rencontre constante entre les communautés. Évoque un quartier qu’il connaît bien Saint-Mauront, souligne toutes les vagues de migration qu’il a connues, «la population se renouvelle sans cesse et cela peut produire des inquiétudes mais aussi de très belles rencontres».

«Nous avons des réunions avec les imams, les chrétiens et les résultats sont là»

Haïm Bendau est rabbin dans le 14e arrondissement: «Cette rencontre est le fruit d’un travail de long terme sur le rapprochement entre les communautés. Elles sont nombreuses dans nos quartiers Nord. Nous sommes dans les échanges, nous avons des réunions avec les imams, les chrétiens et les résultats sont là. Le racisme et l’antisémitisme reculent. Nous venons d’avoir une rencontre à la synagogue avec des imams, nous avons ouvert les rouleaux de la Torah avec eux». Et précise qu’il participe à des rencontres dans les églises, les mosquées. Cheik Hamed N’Diegem, de la mosquée Bilal note pour sa part: «Nous avons besoin de journées comme celle-ci porteuses d’amitié et de fraternité. Il faut des passerelles, des traits d’union entre les communautés. Nous devons partager l’espace et le temps alors il serait dommage de ne pas s’entendre pour des différences de langue, de culture, de couleur, de religion». Pour Djatou, association Passerelle, cette manifestation «est un phare dans la nuit Nous travaillons sur les questions d’éducation et le dialogue intercultuel. Nous avons des actions avec l’église de Mazargues ou encore un repas de rupture du jeûne, mais nous nous sentions un peu seul. Cette opération nous permet de nous rencontrer, nous rassembler pour apporter un peu de lumière, de lutter contre l’obscurité qui naît de l’ignorance». Avant d’ajouter: «Nous sommes des colibris, nous ne portons chacun qu’une goutte d’eau mais toutes ces gouttes vont créer une rivière d’amour»

«Il n’est pas simple d’organiser une telle manifestation»

Hamza Abbassi, association Synergie de Frais Vallon (13e), rappelle qu’«il n’est pas simple d’organiser une telle manifestation où sont invités juifs, chrétiens et musulmans tant la peur de l’Autre existe, ainsi que la peur du Crif. Alors nous avons organisé un débat en plein air. Plus de 100 jeunes étaient présents, nous avons débattu avec le président du Crif, un imam, un rabbin et un prêtre et nous avons pu aborder toutes les questions». Annonce qu’une autre action est à venir, toujours avec les jeunes: «Nous allons organiser un don du sang réunissant juifs, chrétiens, musulmans et athées». Alors, Bruno Benjamin, le président du Crif, à l’initiative de cette action peut se féliciter du déroulement de cette journée: «C’est extraordinaire de voir tous ces gens ensemble, ces enfants jouer. Et, s’il y a toujours des opposants, je me réjouis de voir que certains qui étaient contre, l’an dernier, sont venus cette année. je me réjouis aussi de tous les débats qui ont eu lieu avant et qui ont pu permettre de mettre fin à des peurs, des idées préconçues. Nous pouvons, devons, dans nos diversités, construire ensemble. Et nos désaccords doivent occasionner des débats et non nous diviser car le plus important c’est le quotidien, à Marseille, dans les valeurs de la République». Le député (LREM) des Bouches-du-Rhône, Mohamed Laquila parle «d’un événement exceptionnel à Marseille. Bravo aux organisateurs». Tandis que Stéphane Mari, conseiller municipal PS de Marseille déclarait: «Quelle belle initiative. Certains veulent importer le conflit israélo-palestinien, ils sont dans l’erreur. Ici nous sommes à Marseille et c’est notre quotidien, notre vivre ensemble qui est en jeu». Michel CAIRE

Diaporama Robert Poulain

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