Dix-huit mois et 19 mesures après où en est le chômage à Marseille?

Publié le 21 novembre 2017 à  22h24 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h47

Le taux de chômage élevé que connaît Marseille a donné lieu en juin 2016, sur une proposition de Jean-Marc Coppola (PCF) au maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (LR), à un conseil municipal extraordinaire à huis-clos des élus de la ville de Marseille et l’adoption de 19 mesures pour le faire reculer. Plus d’un an après un premier bilan vient d’être dressé qui laisse apparaître quelques avancées….

Le maire de Marseille,  Jean-Claude Gaudin, Dominique Tian, Didier Parakian, Patrick Zaoui viennent de présenter un bilan d'étape des 19 mesures adoptées en juin 2016 pour faire reculer le chômage  (Photo Patricia Maillé-Caire)
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, Dominique Tian, Didier Parakian, Patrick Zaoui viennent de présenter un bilan d’étape des 19 mesures adoptées en juin 2016 pour faire reculer le chômage (Photo Patricia Maillé-Caire)
«De 12,5% en 2016, le taux de chômage dans notre ville continue de baisser pour atteindre aujourd’hui 12% quand il était de plus de 22% en 1995», se félicite Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, président de la métropole Aix-Marseille-Provence lors de la présentation du bilan d’étape des 19 mesures adoptées lors du Conseil municipal extraordinaire sur l’emploi du 13 juin 2016. «Tous unis pour l’emploi, poursuit-il, telle était notre volonté. Elle est aujourd’hui devenue une réalité, avec des résultats d’ores et déjà significatifs et probants. j’en veux pour preuve les 7 500 emplois créés à Marseille au cours des 3 dernières années». Et de considérer: «Les trois grands axes stratégiques engagés dans cette bataille pour l’emploi: rapprocher l’offre et la demande, développer de nouvelles filières et conduire des actions concrètes-ont constitué la feuille de route de l’ensemble des partenaires mobilisés depuis un an, et portée notamment par cinq structures: l’École de la deuxième chance, la Maison de l’Emploi, la Mission Locale de Marseille, la Cité des Métiers et initiative». Dominique Tian (LR), premier adjoint au maire de Marseille rappelle «Nos 19 mesures sont le résultat d’une démarche collective, concertée et consensuelle. Une démarche qui a fait le choix du pragmatisme et du bon sens pour l’emploi, loin de toute idéologie partisane». Il met en exergue les secteurs les plus dynamiques porteurs d’emplois: «Nous comptons notamment les services, le commerce de détail, l’hébergement et la restauration, l’action sociale ainsi que la santé qui, depuis des années, fait briller Marseille et notre Métropole en Europe et dans le monde». Évoque la bonne santé du tourisme «qui a enregistré plus de 2 600 emplois supplémentaires en six ans avec l’évolution spectaculaire du nombre de croisiéristes qui devraient franchir le cap des 2 millions dans notre ville à l’horizon 2020». Il ne manque pas de souligner: «La montée en puissance des clauses sociales, au profit des publics en difficultés: plus de 32 000 heures de travail dans les marchés publics ont été générées sous maîtrise d’ouvrage de la ville de Marseille en 2016, soit trois fois plus qu’en 2015». Il signale enfin la création d’une deuxième École de la deuxième chance, dans le Sud de Marseille et la création dune Académie du sport «pour former nos jeunes aux métiers de ce secteur qui représente 10 000 emplois dans le département et 1,5 milliard d’euros de chiffres d’affaires». Et selon lui, il va de soi que «booster» les filières numériques, médicales et maritimes, avec l’ouverture de la Forme 10, à partir de clusters d’entreprises et la formation, «est indispensable à l’emploi». Didier Parakian (LR), adjoint au maire chargé de l’Économie souligne pour sa part les projets qui poussent le territoire vers le haut : l’extension de Marseille Immunopôle «qui a été possible grâce à notre politique foncière», la cité internationale «importante pour l’évolution de la Ville», le technopole de la mer «reconvertir le complexe de Saumaty 16e», l’Académie des Sports, l’installation de géant d’Internet «car Marseille est en train de devenir un fabuleux hub du numérique »… Évoque deux totems de la métropole the camp et parle du rêve de Marseille d’avoir un lieu «du même niveau». Didier Parakian dévoile celui qui peut-être le sera et qui devrait s’implanter sur Euromed, «un bâtiment de l’Amu qui accueillerait une centaine de start up». Patrick Zaoui (LR), adjoint en charge de la formation, rappelle pour sa part la volonté de ne pas laisser livrés à eux-mêmes les jeunes confrontés à l’échec scolaire avec l’école de la 2e chance «financée à 32% par la Ville». Une école dirigée depuis le mois de septembre par Louis Aloccio issu des milieux économiques. Une deuxième école de la 2e chance doit ouvrir ses portes dans les «Quartiers Sud», plus précisément du côté de Dromel. Jean-Marc Coppola se félicite de cette initiative «qui s’avère utile, parce qu’il y a des propositions et un débat régulier». A propos des emplois créés, signale-t-il: «C’est essentiellement dans le tertiaire et les services, précaires, CDD et à Temps Partiel contraint» Or, poursuit-il: «Nous savons que la croissance de l’emploi durable se structure autour de l’économie productive». Insiste sur un atout pour Marseille qui vit «une petite révolution industrielle, avec le redémarrage de la Forme 10». Et regrette que «cette communication tend à valoriser plus qu’il ne faut un certain nombre d’éléments.» Quelques acteurs économiques sont intervenus au rang desquels, Gilles Latini (Klépierre) qui annonce 250 embauches dans le futur centre commercial du Prado et Hervé Brailly, PDG d’Innate Pharma qui se félicite de la synergie entre la recherche fondamentale, universitaire, clinique et la filière médico-pharmaceutique «pour rassembler tous les stades du développement…»
Patricia MAILLE-CAIRE

Point d’étape – Trois questions à Jean-Marc Coppola en marge de la conférence

C'est sur une proposition de Jean-Marc Coppola que s'est tenu un conseil municipal extraordinaire pour faire reculer le chômage (Photo Patricia Maillé-Caire)
C’est sur une proposition de Jean-Marc Coppola que s’est tenu un conseil municipal extraordinaire pour faire reculer le chômage (Photo Patricia Maillé-Caire)

Destimed: Quel est votre sentiment à l’issue de ce point étape ?
Jean-Marc Coppola: Je ne regrette pas d’avoir fait cette proposition, au Conseil Municipal de décembre 2015, de regarder de près la situation de l’emploi à Marseille, car c’est une démarche collective avec les acteurs économiques, même si je pense qu’il faudrait vraiment associer les acteurs sociaux et syndicaux. Ce point d’étape était une volonté aussi des acteurs auditionnés qui avaient salué l’initiative et exprimé le désir de se revoir régulièrement. Depuis les auditions, les liens se poursuivent, il y a un véritable suivi des sujets, même s’il y a une volonté de ne communiquer que sur les 19 propositions pour montrer les engagements pris et les engagements tenus, alors qu’il faut prendre plus largement la question. Cette communication tend à valoriser plus qu’il ne faut un certain nombre d’éléments comme le taux de chômage à Marseille 12% (11,9% exactement). Il faut rester modeste, d’abord parce que la baisse relève d’un contexte économique plus général et pas seulement de l’action de la municipalité. Ensuite, parce qu’il reste au-dessus de la moyenne Paca et national à 9,3%. Le taux de chômage est un indicateur, mais il faut regarder aussi la nature des emplois créés : cela reste dans le tertiaire et les services, précaires, CDD et à Temps Partiel contraint.

Êtes-vous d’accord avec ces propositions?
Sur les propositions, nous sommes favorables pour la plupart, mais attention qu’elles ne soient pas des gadgets qui cachent des réalités et surtout les besoins. Par exemple: en matière de formation, oui à la deuxième école de la 2e chance ou encore à la Cité internationale mais il y a encore beaucoup à faire dans l’école de la 1ère chance, il manque des collèges, des lycées. Nous sommes critiques sur l’état des écoles à Marseille et le manque de places. Nous continuons de réclamer des sections internationales dans les lycées existants y compris professionnels avec un besoin d’anticipation, d’impulsion et d’exigence à l’égard de l’État et de l’Éducation nationale.

D’autres remarques ?
L’Agenda métropolitain de la Mobilité : cela reste un vœu pieu, de l’affichage mais, concrètement, toujours rien en matière de développement des transports collectifs -pas de vrais projets d’extension du métro et du tramway à Marseille- alors que les transports sont l’obstacle principal à l’accès à l’emploi -gens et jeunes sans permis, sans voiture. Enfin, la clé du développement de l’emploi durable : l’emploi productif, or sur ce point, il faut être plus offensif et non pas seulement constater ou accompagner. Une vraie révolution qui n’est pas appréciée à sa juste valeur : la forme 10 pour la réparation navale. On applaudit parce qu’il y a des bateaux de croisières, on se retrousse les manches pour lutter contre les travailleurs détachés en développant des formations nécessaires. On s’en tient à l’entretien et à la maintenance ou on envisage la modernisation de bateau pour suivre les évolutions nécessaires pour qu’ils polluent moins, soient plus adaptés aux besoins et aux défis environnementaux… Il y a encore des efforts à faire dans le BTP, la logistique et ne pas agir seulement dans des filières nouvelles numériques…
Propos recueillis par P.M.-C.

Actions en cours
Créer une seconde École de la 2e Chance au Sud de Marseille-Ouverture début 2019
Démarrage des travaux en 2018 pour livraison de l’équipement début 2019 sur le boulevard Romain-Rolland à proximité du métro Dromel (9e) grâce notamment à la forte participation du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône. 400 stagiaires sont prévus autour des filières du numérique et de la vente. Investissement de plus de 2M€.
Instauration d’un droit de préemption sur les fonds artisanaux, les fonds et baux commerciaux pour l’accueil de nouvelles activités économiques
La Ville a mobilisé, dans le cadre de son plan « Ambition Centre-Ville », les acteurs économiques en lien avec la Chambre de Commerce le 5 avril 2017 pour renforcer l’attractivité du coeur historique de Marseille. L’accueil de nouvelles start-ups liées au numérique et d’autres projets d’espaces de co-working et fablab seront complémentaires d’opérations déjà réalisées comme les Dimanches de la Canebière ou de la rénovation de la rue Paradis, ou en cours pour le cours Lieutaud et le marché des Capucins…
Territoire Zéro Chômeurs de Longue Durée à la Belle-de-Mai À l’horizon 2019 (Voté le 3 octobre 2016)
Candidature déposée par la Ville à ce dispositif national destiné aux chômeurs de longue durée pour l’expérimenter à la Belle-de-Mai. La Ville a adhéré au collège des territoires de l’association TZCLD pour concrétiser ce projet à l’horizon 2019 dans le cadre d’un second dispositif.
Guichet Unique pour l’emploi pour faciliter les recrutements des entreprises Premiers résultats obtenus :
– recrutement en novembre 2016 de 60 personnes pour le village club du Soleil de la Belle-de-Mai et recrutement national en avril 2017 des 80 saisonniers pour les 21 villages clubs du soleil en France au sein de la Cité des Métiers ;
– premier Forum Emplois Tourisme à l’Hôtel Intercontinental en janvier 2017 avec 400 postes proposés ;
– session de recrutement en mars 2017 pour les 100 postes du Burger King de la Joliette et les 60 postes du Décathlon de Marseille La Valentine ;
– session de recrutement pour 100 à 150 postes au centre commercial Prado (ouverture prévue au 1er trimestre 2018).
Création sur Marseille de l’Académie du Sport – Ouverture début 2018
Cet institut de formation aux métiers du commerce et de l’industrie du sport, à l’initiative de la Ville et de la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille-Provence, verra le jour en début 2018 au sein des locaux du Groupe École Pratique (GEP). Il offrira des formations qualifiantes de niveau V à III, homologuées par l’État, à des jeunes peu diplômés et/ou en recherche d’emplois,dans le commerce de la vente et du commerce du sport. Ce secteur représente 10 000 emplois publics et privés dans le département pour un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros.
Démultiplier les clauses sociales
En 2016 : trois fois plus d’heures de travail qu’en 2015 ! 32 048 heures de travail réalisées dans le cadre des clauses sociales sous maîtrise d’ouvrage de la Ville contre 10 000 en 2015 avec le concours d’Emergences, le PLIE et les autres partenaires. Objectif en 2018 : élargir l’éventail des marchés « clausables » aux prestations de service et intellectuelles.
Pôle de formation au numérique
Offrir des formations innovantes et intensives vers les métiers du numérique pour des
personnes sans diplôme et peu qualifiées. Ces actions sont menées en lien avec le
Conseil Régional et Aix-Marseille Université. Ces formations sont complémentaires des forums annuels «Medinjob» à Aix-en-Provence et à Marseille pour soutenir l’insertion professionnelle des étudiants.
Extension de Marseille Immunopôle Bio Park
Construire une offre immobilière adaptée (30 000 m2 de surfaces de planchers) pour favoriser l’émergence d’une référence mondiale en immunothérapie autour d’entreprises et de laboratoire de recherche (cession par la Ville d’un foncier de 6 000 m2 à Innate Pharma en juin 2016 pour y agrandir son siège social et recruter plus de 100 collaborateurs).
Extension du Technopole de Château-Gombert
Offre immobilière de 40 000 m2 pour l’accueil et le développement d’entreprises au service de l’industrie du futur sur 30 hectares.
Création du Pôle l’Estaque Maritime
Aménager sur le quai de la Lave et de Saumaty Séon une offre immobilière adaptée aux entreprises de la filière maritime sur l’espace du Grand Port Maritime de Marseille avec le concours de la DRASSM et Pôle Mer Provence-Alpes-Côte d’Azur. Opération liée à l’ouverture de la Forme 10, première forme de radoub en Méditerranée et de la Digue du Large dont le site accueille le chantier de construction de caissons par Bouygues jusqu’en mars 2019 pour l’espace portuaire de la Principauté de Monaco. Un chantier qui génère 700 emplois directs et indirects dont 200 emplois locaux.
Soutenir l’insertion professionnelle des étudiants
Renforcement des actions en cours avec l’Université Aix-Marseille Provence à travers les dispositifs d’insertion professionnelle pour les étudiants comme PEPITE, les Entrepreneuriales et les Doctoriales.
Développement du pôle Média
Développer les activités liées au pôle Média de la Belle-de-Mai qui compte 1 000 emplois pour 50 entreprises dans la filière image et vidéo.
Création d’un bâtiment Totem numérique d’ici à 2018
Forte de ses 80 000 étudiants, Aix-Marseille Université avec la Métropole souhaite se positionner auprès de ses partenaires pour la création de la Cité de l’Innovation et des Savoirs dédiée à la création d’entreprises et d’emplois sur Euromed. Ce lieu Totem se veut dynamique, modulable et dynamique avec 2 500m² de plateaux et 500 m² d’espaces de réunion et de travail pour les chercheurs, les entrepreneurs et les créateurs…
Cité Scolaire Internationale à l’horizon 2022
Projet de Cité Scolaire Internationale sur Euromed mis en œuvre à l’horizon 2022 pour offrir un enseignement international à près de 2 000 élèves dans un cursus complet passant par l’école primaire, le collège et le lycée. Ce projet est devenu indispensable pour les entreprises, les investisseurs, les enfants des cadres étrangers mais aussi pour les jeunes Marseillais. Il est porté par la Région Paca, avec le Département 13, la ville de Marseille, la Métropole, Euroméditerranée, Aix-Marseille Université et le Ministère de l’Éducation Nationale.

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