Publié le 1 octobre 2019 à 18h52 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h32
Il a tenu sa 8e édition du 23 au 29 septembre. Le Festival International du dessin de presse, de la caricature et de la satire de L’Estaque a notamment vu Fathi Bouaroua, co-président de la communauté Emmaüs Pointe Rouge, présenter avec l’association Didac’Ressources un jeu bien dans l’actualité marseillaise : le Taudis-Poly.

Sensibiliser par la caricature et par le jeu de société


« Maintenir vivante la mémoire du passé »
Et aux dires de Fathi Bouaroua, il y a encore besoin d’informer les locaux sur la question des effondrements, d’autant que les pouvoirs publics sont loin d’avoir relogé toutes les familles, encore aujourd’hui. «Le message est bien passé pendant les 6 premiers mois, les Marseillais restent encore sensibles sur cette question. Cela parce que tous les jours dans cette ville il y a des évacuations d’immeubles, des personnes qui signalent des risques d’effondrement, de fissures et autres auprès des services. Sauf qu’il est toujours bon de maintenir vivante la mémoire de ce qui s’est passé, il y a bientôt un an. Pour que les pouvoirs publics n’oublient pas leurs responsabilités, pour que cette ville soit gérée correctement et pour que l’incurie qu’ils ont pratiquée pendant 50 ans s’arrête. Ils doivent mettre les moyens pour que plus jamais dans Marseille, des gens puissent mourir à cause du logement». Et ce, en attendant que la justice ne tranche… Mais ce ne sera pas une mince affaire, illustre le co-président d’Emmaüs Pointe Rouge. «Les responsabilités seront diffuses sur la question de la rue d’Aubagne parce que 50 ans de laisser aller, de pourrissement, de gestion, pour ne pas dire de non gestion de la question du bâti et de l’habitat font en sorte que les responsabilités seront nombreuses. L’ARS ou Agence Régionale de Santé, les services d’hygiène, les propriétaires de premiers immeubles, Marseille Habitat, qui a laissé son immeuble vide, les syndics qui n’ont pas obligé les propriétaires à réaliser les travaux quand il le fallait : tout ça concourt à une responsabilité diffuse, collective. C’est pour cela qu’Emmaüs entend continuer à soutenir les habitants, les délogés, les sinistrés. Pour qu’à aucun moment la lenteur administrative ou judiciaire, prenne le pas sur la vigilance. Pour protéger nos concitoyens tant sur le plan de leur santé que de leur sécurité». Pour autant, Emmaüs n’a pas signé la charte de relogement, revient Fathi Bouaroua… Un vrai «paradoxe », pour certains, puisque la communauté a fait partie de ceux qui ont élaboré ce texte. Toutefois, «il n’était pas question de signer une Charte dans laquelle on ne fait que rappeler la loi et le droit. Il n’y a dans cette Charte pratiquement rien d’extra légal. Donc si quelqu’un doit appliquer la loi et le droit c’est ceux qui, au nom de la République, au nom des citoyens, gèrent la ville. Soit l’État, le Département, la Région et, aujourd’hui, la Métropole, et ils n’ont pas besoin que les citoyens viennent leur rappeler cette loi, c’est eux qui doivent la faire appliquer et l’appliquer pour eux-mêmes». Par ailleurs, pour Fathi Bouaroua, «le collectif du 5 novembre, qui est l’un des porteurs principaux de cette Charte, est obligé de se mobiliser encore pratiquement tous les jours pour aller voir la Ville, les bailleurs et l’État pour leur rappeler ce qu’il y a d’écrit dans la Charte qu’ils ont signée ! Donc on voit bien que ce n’est pas la Charte qui est importante, c’est la pression citoyenne et le contrôle citoyen qui font que les élus finissent, hélas, par faire ce qu’ils doivent faire». Et cette pression-là, Emmaüs n’est pas prêt de la relâcher, par le biais de ses propres combats…![]() |