Marseille. Budget primitif : ‘Ce ne sont pas les projets qui manquent mais l’argent’

Publié le 5 avril 2021 à  8h30 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h46

Le budget 2021, d’un montant de 1,525 milliard d’euros vient d’être adopté. Il pose, pour la majorité municipale: «Les premières pierres d’une ville plus juste, plus verte et plus démocratique.» Avec comme fil rouge: Bâti scolaire, action éducative, logement plus digne, inclusion, environnement, solidarité… Sur les bancs de l’opposition, par la voix de Pierre Robin (LR), on ne voit dans ce budget que «la fin des illusions» et un maire qui a enfilé le costume de «Super menteur». Après les Marvel, plus à droite encore, le RN, Franck Allisio, dans un conte de fées parle du «début de la stratégie du désenchantement».

Benoît Payan, maire de Marseille Photo llustration ©Destimed
Benoît Payan, maire de Marseille Photo llustration ©Destimed

Pour présenter ce budget primitif prennent tour à tour la parole Joël Canicave, adjoint en charge des finances, Olivia Fortin, adjointe en charge de la modernisation, du fonctionnement, de la transparence et de la coproduction de l’action publique et de lʼOpen Data, Audrey Garino en charge des affaires sociales, de la solidarité, Samia Ghali, maire-adjointe en charge de la stratégie municipale sur les projets structurants de la ville, pour l’égalité et l’équité des territoires, Sébastien Barles, adjoint en charge de la transition écologique et Aïcha Sif, adjointe en charge de l’alimentation durable, de l’agriculture urbaine. Autant d’interventions qui affichent des priorités de la ville avec la santé et la sécurité.

Économie: «un champ quasi inépuisable»

Joël Canicave rappelle la situation de la ville de Marseille: «Nous aurions pu choisir la facilité et augmenter les impôts, comme la précédente municipalité l’a fait dix fois en 25 ans, mais nous avons décidé de pratiquer différemment». Puis d’expliquer que, pour lancer son programme tout en maîtrisant ses dépenses, la mairie de Marseille «qui fait partie de la métropole, du département et de la région, entend, naturellement, travailler avec ces trois institutions». Il poursuit: «Contrairement à la précédente majorité nous allons faire vivre des dossiers solidement ficelés construits pour des cofinancement de la France et de l’Europe». Autre levier, la négociation avec les banques pour diminuer l’impact financier des remboursements (11 emprunts renégociés à la baisse et regroupés finalement en 3 emprunts). Joël Canicave évoque alors les économies réalisables: «Nous avons là un champ quasi inépuisable, fini les voyages touristico-diplomatiques, les manifestations dispendieuses dont le prestige était directement lié à la seule qualité des petits fours».

«Ce ne sont pas les projets qui manquent mais l’argent»

L’adjoint aux finances tient alors à préciser: «Ce ne sont pas les projets qui manquent mais l’argent. Mais nous ne transigeons pas sur notre volonté d’investir et nous sommes parvenus à dégager 25 millions d’euros supplémentaires consacrés à l’investissement par rapport au budget 2020.». Il revient à la précédente mandature: «Il y a eu pendant cinq ans une baisse légère mais réelle de l’endettement». Mais, il s’agit là d’un trompe l’œil, assure-t-il, qui finalement coûtera plus cher à la collectivité car «cette baisse ne correspond qu’à une baisse des investissements».

Respect de la Loi, des besoins, des agents, des engagements…

Olivia Fortin estime que ce budget contraint n’empêche pas le fait que «836 personnes vont venir nous rejoindre pour l’éducation, la proximité, la sécurité, la transition, la lutte contre l’habitat insalubre». Un budget qu’elle place sous le signe du respect: «de la Loi, des besoins, de nos agents, de nos engagements». Audrey Garino, pour sa part intervient sur le volet «plus juste» du budget expliquant : «A notre arrivée nous avons découvert l’ampleur de l’indifférence de la Ville aux situations de précarité». Une Ville qui, affirme-t-elle, entend maintenant s’inscrire dans une politique de rattrapage par «un effort conséquent dans la lutte contre les inégalités, pour l’égalité Homme/Femme sans oublier une action en direction des étudiants». Ainsi, pour une ville plus juste, le budget d’aide aux acteurs de la solidarité va par ailleurs être doublé. «La crise a touché tout le monde et fait basculer dans la pauvreté ceux qui avaient du mal à joindre les deux bouts. La solidarité est une des valeurs essentielles de la Mairie de Marseille. C’est dans ce même esprit que la municipalité tente de répondre à l’urgence culturelle en investissant dans les équipements culturels municipaux et en soutenant les acteurs culturels du territoire», est-il également précisé.

«Nous gérons à la fois des chiffres et de l’humain»

Pour Samia Ghali: «je sais combien il est difficile de gérer la dette car nous gérons à la fois des chiffres et de l’humain mais nous le faisons, nous n’augmentons pas les impôts et nous dégageons des fonds pour investir et, enfin, Marseille devient une et indivisible». Concernant l’aide des collectivités elle note: «On voit des communes de 4 000 habitants bénéficiaient d’équipements publics de qualité et c’est normal comme il est normal que Marseille soit traitée de la même façon. Et nous travaillons aussi avec l’État, il est attentif à notre ville et attend des dossiers que, jusque là, il n’a jamais reçus».

«Près d’un quart du budget de la Ville sera consacré à l’action éducative»

Autre priorité: les écoles. Près d’un quart du budget de la Ville sera consacré à l’action éducative. La Mairie travaille aussi avec l’État sur un plan de réhabilitation des écoles pour que les enfants puissent étudier, partout dans la ville, dans les meilleures conditions. La santé et la sécurité sont deux autres des priorités de la Mairie. Depuis un an, le Bataillon des marins-pompiers de Marseille est à l’œuvre pour lutter contre l’épidémie et protéger les Marseillaises et les Marseillais avec notamment la mise en place d’actions de tests, de dépistages et de la vaccination à grande échelle. Le budget 2021 prévoit d’importants investissements dans le renforcement de leurs moyens.

«Parfois on peut faire mieux avec moins»

Pour une ville plus verte, les politiques municipales seront dorénavant construites selon des principes écologiques pour favoriser le retour de la nature en ville et préserver le littoral. Dès cette année, de nombreuses économies d’énergie seront faites dans les établissements du patrimoine municipal. Sébastien Barles précise: «Parfois on peut faire mieux avec moins» et de citer l’exemple de Grenoble: «Cette Ville a, en dix ans, divisé par deux sa facture en termes de flux d’eau et d’énergie, passant ainsi de 20 à 10 millions et en réduisant dans le même temps les rejets de gaz à effet de serre de 45%. Nous pouvons donc réaliser des économies conséquentes. Dans le même nous allons développer des projets avec la France et l’Europe». Et enfin pour Aïcha Sif : «Ce budget va permettre des avancées significatives en matière d’agriculture urbaine». Notons également que 1,5M€ sont prévus pour des budgets participatifs.

Un document qui ne convainc pas Franck Allisio, RN qui lance à la majorité: «Vous avez été rattrapés par le principe de réalité». Tandis que pour Pierre Robin, LR, «Ce budget est celui de l’enterrement de vos promesses électorales. Où sont les bibliothèques, les piscines…? C’est un budget sans vision, minimaliste. Après le festival de l’audit et le rapport sur les orientations totalement creux pour la Chandeleur j’étais impatient de connaître le costume du maire pour le budget, j’espérais celui de Super Héros, vous gardez celui de Super menteur». Benoît Payan rétorquera: «Ce budget, c’est celui qui prend enfin comme grande priorité la vie quotidienne des Marseillais. C’est celui qui construit jour après jour une ville plus verte, plus juste et plus démocratique».
Michel CAIRE

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