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< >Marseille. Club Pernod-Ricard : le défi de la biodiversité et du changement climatique à travers des exemples africains
lundi 6 septembre 2021
Jusqu’au 10 septembre de 18h à 22 h, Pernod Ricard France dédie son Club du Vieux-Port pendant toute la durée du Congrès Mondial de la Nature pour accueillir dirigeants engagés, acteurs de la société civile afin de favoriser des échanges informels et partager des solutions existantes. Des soirées de réseaux et de convivialité qui s’inscrivent dans le programme Off du Congrès.
- De gauche à droite Baomiavotse Vahinala Raharinirina, ministre de l’Environnement et du Développement Durable de Madagascar - Valérie Verdier, Présidente de l’IRD - Suspense Averti Ifo, écologue forestier et chercheur enseignant au Congo ©MA/BDx
Ce samedi 4 septembre, en partenariat avec l’IRD, Institut de Recherche pour le Développement et l’Agence Française de Développement il a été question de biodiversité et changement climatique, notamment à travers le défi africain. Baomiavotse Vahinala Raharinirina, ministre de l’Environnement et du Développement Durable de Madagascar explique : « Mon Pays est vulnérable au changement climatique. Notre région Grand Sud subit depuis de nombreuses années une sécheresse qui conduit à une migration climatique au sein même du pays ». Lance : « Un peuple subit une problématique », mais, précise la ministre : « Nous ne sommes pas rester à ce constat, nous avons cherché des solutions pour sauver cette Région, quasi désertique, la plus vulnérable face à la sècheresse et les impacts du changement climatique ».
« Un projet qui va nous prendre 20 ou 30 ans mais qu’il faut bien commencer »
Pour cela, indique-t-elle : « Nous avons mis en place un projet, la ceinture verte qui consiste à une reforestation du territoire. Un projet qui va nous prendre 20 ou 30 ans mais qu’il faut bien commencer. Il s’agit de protéger les zones agricoles, notamment des vents de sable et de réduire les effets néfastes du changement climatique. Cela va mobiliser l’ensemble des acteurs : population, État, secteur privé car il y a des potentialités pour le secteur des cosmétiques. Il va falloir amener de l’eau, sécuriser les bassins versants des vents de sable ». Elle évoque les raisons de cette déforestation : « Ce phénomène a commencé dans les années 1920 avec les colons qui ont coupé la forêt, puis il y a eu la sécheresse ainsi qu’une déforestation par les locaux pour le chauffage, la subsistance ». Baomiavotse Vahinala Raharinirina insiste : « Avec le changement climatique nous subissons une problématique dont nous ne sommes pas responsables. Mais Madagascar, malgré ses grandes vulnérabilités, est solidaire dans la lutte contre le réchauffement climatique ».
« 30 milliards de tonnes de carbone »
Suspense Averti Ifo, écologue forestier et chercheur enseignant au Congo étudie depuis des années les tourbières tropicales au Congo. « Les tourbières sont des zones géographiques dont le sol est très riche en matière organique et fonctionne comme un puits de carbone. C’est un réservoir qui absorbe et stocke le CO2 présent dans l’atmosphère. Nous avons là 30 milliards de tonnes de carbone qui allait partir dans l’atmosphère cela représenterait 20 ans de la production de carbone des États-Unis ». Il importe donc de préserver cet écosystème stable. Puis Suspense Averti Ifo donne sa définition du vivant : « C’est la communion du visible et de l’invisible, entre le vivant et le non vivant qui est vivant puisqu’il communique la vie ».
« De la démocratie, de l’équité et de la justice »
Valérie Verdier, Présidente Directrice Générale de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) présente ce dernier, indique que cette institution française publique de recherche défend un modèle original de partenariat scientifique équitable avec les pays du Sud et une science interdisciplinaire et citoyenne, engagée pour la réalisation des Objectifs de développement durable : « Notre réseau est présent dans plus de 35 pays, l’IRD c’est un vrai savoir-faire et un vrai savoir-être. Notre ambition est de rassembler les acteurs concernés sur un problème, d’apporter de nouvelles connaissances, des solutions ». Pour la présidente : « Il y a une urgence climatique, une menace réelle sur l’environnement. C’est maintenant qu’il faut se mettre au travail comme le dit Harrison Ford (présent vendredi lors de l’inauguration du Congrès mondial de la natureNDLR ». Valérie Verdier poursuit : « Il faut renforcer la capacité d’action des jeunes, des femmes ». Puis de donner sa définition du développement : « C’est un processus long. C’est accompagner, éclairer, faire grandir toutes les composantes de la société. C’est une démarche qui implique d’écouter les savoir locaux, de donner plus d’autonomie. Pour qu’il y ait développement il faut de la démocratie, de l’équité et de la justice ».
« Nos équipes sont engagées dans plus de 4 000 projets »
- De gauche à droite Rémy Rioux, Directeur Général de l’AFD - Valérie Verdier, Présidente de l’IRD - Suspense Averti Ifo, écologue forestier et chercheur enseignant au Congo ©MA/BDx
Pour Rémy Rioux, Directeur Général de l’Agence Française de Développement (AFD), le développement implique « une attention aux autres, il porte aussi une idée émancipatrice. Puis c’est un travail, une recherche ». Il rappelle que l’AFD finance, accompagne et accélère les transitions vers un monde plus juste et durable. Climat, biodiversité, paix, éducation, urbanisme, santé, gouvernance…« Nos équipes sont engagées dans plus de 4 000 projets dans les Outre-mer et 115 pays. Nous contribuons ainsi, depuis 2015, à l’engagement de la France et des Français en faveur des Objectifs de développement durable (ODD) car toutes les priorités sont dans ces objectifs ». Pour cela il importe à ses yeux d’agir en mêlant urgence et long terme. « Il nous faut penser à horizon 2050, 2100, s’inscrire dans un nouveau cadre de pensée ».
Michel CAIRE
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Marseille. Club Pernod-Ricard : le défi de la biodiversité et du changement climatique à travers des exemples africains, 7 septembre 2021, 15:23, par VICENTE Nardo
Le projet de ceinture verte et de lutte contre le changement climatique présenté par Madame la Ministre de l’Environnement et du Développement durable pour la région sud de Madagascar me réjoui.
J’ai assuré un enseignement d’Océanologie appliquée pendant 30 ans à la Station marine de Toliara devenue IHSM (de 1982 à 2011) en collaboration avec une équipe d’enseignants-chercheurs locaux exemplaires.
Durant toute cette période j’ai assisté à la poursuite de la déforestation sur l’ensemble du pays. La population extrêmement pauvre n’ayant que le charbon de bois pour le chauffage a continuer à détruire la forêt primaire tellement riche en biodiversité. Et sur le littoral sud-ouest il en et de même avec les mangroves milieux de vie et de reproduction pour de nombreuses espèces marines indispensables à l’alimentation des populations locales.
Les mangroves ont ainsi régressées de Tuléar à Morondava, souvent brulées sur pied pour la production de charbon de bois.
Cette déforestation générale a entrainé une érosion considérable et les fleuves charrient des quantités énormes de limons qui poussés par les courants arrivent sur les récifs coralliens et les détruisent . A la place, s’étendent à perte de vue des pages immenses qui ont remplacé des milliers d’hectares de vie.
D’autre part l’exode rural gagnant, la ville de Toliara a vu sa population de 1980 à 2000 multipliée par 5.
Pour se nourrir elle pratique depuis lors une pêche à pied sur le récif de Tuléar (22 km de long X 2à 3 km de large), l’une des plus belles barrières récifales du monde et l’une des plus étudiées par les chercheurs de la Station Marine d’Endoume à Marseille qui se sont succédés à Toliara depuis 1961.
Cette pêche à pied provoque la sédimentation du Récif, et l’alération de l’écosystème.
Et le changement climatique ne fait qu’accentuer tous ces phénomènes.
Ainsi le climat de la Région sud qui était un climat semi-désertique est devenu aujourd’hui un climat semi-humide
avec l’apparition des cyclones , et les inondations de la ville de Tuléar sont de plus en plus fréquentes.
La merveilleuse équipe de l’IHSM se bât en permanence pour endiguer tous ces phénomènes. Elle mérite d’être soutenue par les pouvoirs publics et les organismes internationaux. Il en est de même de l’éducation et de l’ensemble de la recherche de ce merveilleux pays tellement riche en diverses ressources, et surtout riche d’une belle jeunesse qui ne demande qu’à s’exprimer.
Si Madagascar arrive à parvenir à un développement durable, elle peut devenir le Japon de l’Océan Indien
Madame la Ministre je le souhaite de tout mon coeur, de toutes mes forces car j’aime votre pays.
Nardo Vicente
Professeur émérite, Aix-Marseille Université
Responsable Scientifique Institut Océanographique Paul Ricard
Officier de l’Ordre National malgache