Marseille. Congrès de l’UD FO 13- Yves Veyrier: ‘Force Ouvrière est une organisation unie et ambitieuse’

Publié le 1 mai 2022 à  9h24 - Dernière mise à  jour le 5 novembre 2022 à  12h42

Le congrès de l’UD FO 13 qui vient de se tenir au Palais du Pharo à Marseille, a vu la réélection, pour trois ans à sa tête, de Franck Bergamini. Un congrès qui s’est déroulé en présence d’Yves Veyrier, le secrétaire général de la confédération FO, lequel a rendu hommage au travail accompli par l’UD et son secrétaire général avant de revenir sur la situation politique, sociale, économique et indiquer les raisons qui le conduisent à ne pas se représenter à la tête de FO lors du congrès confédéral qui se déroulera du 30 mai au 3 juin à Rouen.

Congrès UD FO 13 (Photos Matthieu Pujol @lesphotosdematt)
Congrès UD FO 13 (Photos Matthieu Pujol @lesphotosdematt)

Entretien avec Yves Veyrier, secrétaire général de la confédération FO

Yves Veyrier, secrétaire général de la confédération FO (Photo Matthieu Pujol @lesphotosdematt)
Yves Veyrier, secrétaire général de la confédération FO (Photo Matthieu Pujol @lesphotosdematt)

Destimed: Ce congrès départemental se tient dans un contexte particulier avec la guerre en Ukraine, une crise Covid, une présidentielle… Quel regard portez-vous ?
Yves Veyrier: Nous sommes effectivement dans un contexte particulier qui interroge sur la politique au sens de la pratique de la démocratie. On a beaucoup évoqué l’abstention qui a atteint un taux record à cette présidentielle et qui devient un phénomène structurant. Et on a vu, au second tour, pour la troisième fois, la présence d’un candidat RN, FN au préalable. On note également l’émergence de nouvelles forces sur la scène politique. S’ajoute au débat la question de la représentativité. Et effectivement s’ajoute encore à cela la crise Covid qui a entraîné des mesures inédites, d’urgence, telle l’arrêt de l’économie. Je n’oublie pas que ces dernières années ont aussi été marquées par le terrorisme qui, là aussi, a entraîné la prise de mesures exceptionnelles. Des mesures qui interrogent sur la vie en démocratie, sur les libertés individuelles. Et maintenant, aux portes de l’Europe, se déroule la guerre en Ukraine qui provoque, horreur, révolte et inquiétude, d’autant plus que le principal protagoniste est dépositaire de l’arme nucléaire.

Des crises qui ont un impact économique et social…
Effectivement, nous assistons à des tensions inflationnistes qui sont peut-être aussi en lien avec le réchauffement climatique. Des tensions qui mettent en difficulté nombre de nos concitoyens et qui interrogent sur un certain nombre de propositions du candidat Macron, je pense notamment à la réforme de l’assurance chômage ou la retraite à 65 ans.

« FO est le lieu du débat libre»

Quelle réponse pouvez-vous apporter en cette période de crise?
Ce que nous pouvons apporter c’est ce que démontre ce congrès départemental: la permanence de l’engagement des militants des syndicats pour le pouvoir d’achat, les droits des salariés en matière de chômage, de retraite, de qualité de l’emploi, de relocalisation de l’économie. Alors, il importe que nous soyons en capacité de convaincre de l’importance du rôle des syndicats. Car lorsque l’on parle chômage, retraite, Smic, on oublie que c’est le fruit de l’action des syndicats. Bien sûr, tout n’est pas parfait, il faut défendre des acquis, en conquérir et, pour cela, nous avons besoin de syndicats, de syndiqués. Et, dans ce contexte, FO est le lieu du débat libre. Parfois nous ne sommes pas d’accord mais nous réussissons à en trouver un. C’est cette liberté qui fait que nous ne donnons pas de consigne de vote afin que les salariés laissent en dehors du syndicat leurs orientations politiques, religieuses afin de discuter, d’agir sur les problèmes qui nous unissent: salaire, retraite, chômage. Ce qui n’empêche pas FO d’avoir toujours été et de demeurer sans faiblesse, sans concession sur ses valeurs fondamentales : le refus du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie, des slogans qui font de l’étranger, du migrant, le bouc émissaire faute d’apporter des réponses de justice sur le terrain économique et social.

«La réponse au pouvoir d’achat doit passer par l’augmentation des salaires»

Avec la guerre en Ukraine la question du pouvoir d’achat se pose pour les salariés et risque de se poser encore plus. Que proposez-vous?
La réponse au pouvoir d’achat doit passer par l’augmentation des salaires, du Smic et de la valeur du point d’indice de la Fonction publique et des grilles de salaires des conventions collectives et celles des fonctionnaires ainsi que des retraites. Et cela pose notamment la question de l’Europe où on trouve encore trop de dumping social. Nous souhaitons donc un salaire minimal pour tous les pays d’Europe. D’autre part, on le voit, quand le gouvernement doit répondre à des questions de pouvoir d’achat il apporte des réponses ponctuelles avec des primes mais cela affaiblit les ressources pour les retraites, le chômage et après on nous dit qu’il faut reculer l’âge de la retraite.

Emmanuel Macron a annoncé de nouvelles formes de concertation, qu’en pensez-vous?
Pour cela il faudrait sortir du «j’ai décidé» et «je vous demande de mettre en œuvre ma décision». Il parle de conférence des progrès sociaux mais il ne nous a même pas passé un coup de téléphone pour évoquer la retraite à 65 ans. Je tiens à dire à ce propos que nous ne disons pas non pour dire non. Quand nous nous opposons au recul de l’âge légal de départ à la retraite c’est fondé sur une analyse économique et sur les attente des salariés. Je suis d’ailleurs prêt à débattre à une heure de grande écoute avec le président de la République sur le bien fondé de repousser l’âge de la retraite.

«Nous sommes déterminés à empêcher un recul de l’âge de la retraite»

Mais les Français ont élu Emmanuel Macron qui, pendant sa campagne, a porté l’idée de recul de l’âge de la retraite
Les Français ont élu Emmanuel Macron une première fois et ce n’est pas pour autant qu’ils étaient d’accord avec toutes ses propositions comme en témoigne les mouvements sociaux qui ont eu lieu. Je lui avais d’ailleurs dit que le choix des citoyens s’établit à partir de multiples critères. Et je n’oublie pas qu’il a aussi bénéficié d’un front républicain. De plus, nombre de ceux qui vont voter ne sont pas concernés directement par le recul de l’âge de la retraite. Alors élection ne vaut pas référendum. D’ailleurs lorsque nous avons expliqué les problèmes posées par la retraite par points on a vu dans les sondages une majorité de la population se prononcer contre cette réforme. Alors oui, nous sommes déterminés à empêcher un recul de l’âge de la retraite.

Vous allez quitter vos fonctions alors que vous auriez pu vous représenter, pourquoi?
FO se porte bien, nous avons gagné des adhérents, des implantations. Je note d’ailleurs que nous avons plus d’adhérents que les partis politiques. J’ai été élu en 2018 à la suite de difficultés internes majeures. J’estimais alors être en capacité de rétablir le crédit de la confédération FO. C’est chose faite, FO est une organisation unie et ambitieuse. Me représenter pour un dernier mandat aurait ouvert une période d’incertitude qui aurait duré le temps de mon mandat.
Propos recueillis par Michel CAIRE


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Franck Bergamini invite à l’action, à la mobilisation

Franck Bergamini, secrétaire général de l’UD FO 13  (Photo Matthieu Pujol @lesphotosdematt)
Franck Bergamini, secrétaire général de l’UD FO 13 (Photo Matthieu Pujol @lesphotosdematt)

Franck Bergamini a été réélu à la tête de l’UD FO 13 au terme «d’une période 2017-2020 très intense en manifestations et actions des syndicats FO 13». Il rappelle: «dès 2017 tous les secteurs se mobilisaient déjà pour obtenir une augmentation des salaires, des retraites, des pensions, le dégel du point ou encore les conditions de travail» et d’évoquer: «avec les ordonnances nous avons connu des attaques pire que la loi El-Khomri contre le Code du travail, avec une destruction des acquis et des attaques frontales pour affaiblir les syndicats. Chez les cheminots nous avons connu plus de 36 jours de grève contre la casse totale du statut. Et je n’oublie pas la lutte contre l’ouverture à la concurrence». Il met aussi en exergue : «La perte de nombreux droits et acquis pour les salariés qui veulent se former». Il poursuit avec: «les mobilisations des hospitaliers qui alertaient sur les dangers à venir dès 2019. On a pu juger la pertinence de leurs critiques lors de la crise Covid». Dans le privé: «nous sommes aux côtés des camarades toujours plus mal traités, écrasés par les réformes successives du Code du Travail à Carrefour, Pimkie, Ikea…».

«Cette protection sociale, pilier et ADN de FO se délite devant nos yeux»

Franck Bergamini aborde ensuite les actions menées contre la réforme des retraites: «On compte plus de 14 journées de grève et de manifestations dont l’énorme manifestation nationale du 21 septembre 2019. FO a été au cœur de ce combat que nous avons remporté temporairement mais qui est loin d’être fini. Et j’ai une pensée pour nos camarades des organismes sociaux qui se battent car ils savent les dangers qui pèsent sur la protection sociale». Il alerte aussi sur le télétravail: «Les camarades FO se battent pour qu’il ne se transforme pas en asservissement moderne». Concernant la protection sociale le responsable syndical ne cache pas son inquiétude: «Les camarades de la Sécu sont mis à mal depuis des décennies et cette protection sociale, pilier et ADN de FO se délite devant nos yeux chaque jour un peu plus».

Dans le public «FO est première partout»

S’il invite à l’action, à la mobilisation, Franck Bergamini tient aussi à rappeler: «Dans le privé (CSE) nous sommes 3e au plan régional avec 20,03% et 2e dans les Bouches-du-Rhône sachant que la CGT et la CFDT baissent alors que nous progressons. Dans le public un grand bravo aux camarades des trois versants de la Fonction Publique, FO est première partout… Mais, dans le privé comme le public, il ne peut être question de s’endormir et cela passe notamment par de nouvelles implantations, un développement de notre présence chez les cadres et une formation intense de nos camarades»


«Le congrès de l’UD FO 13 »

Congrès UD FO 13 (Photos Matthieu Pujol @lesphotosdematt)
Congrès UD FO 13 (Photos Matthieu Pujol @lesphotosdematt)

Le congrès, dans sa résolution générale: «exige une augmentation générale des salaires, des retraites et des pensions et revendique leurs indexations sur le taux d’inflation réel et non sur la croissance». Une résolution générale qui s’ouvre sur la guerre en Ukraine: «Le congrès condamne l’invasion en Ukraine et les atrocités commises. Le congrès réaffirme son entière solidarité avec les syndicats et le peuple ukrainien comme avec la population et les militants Russes qui appellent à la paix». Puis d’avancer: «Le congrès constate que la crise sanitaire a été le prétexte à l’instauration de multiples lois liberticides. (…). Le congrès exige le rétablissement dans le Code du travail, de la libre désignation des délégués syndicaux, seule garantie de la liberté de revendiquer, de négocier et de contracter, principes fondamentaux du syndicalisme réformiste que nous incarnons».

A l’occasion de ce 1er mai, l’UD FO 13 tiendra un meeting à 11 heures.

Michel CAIRE)]

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