Marseille. Fondation des Apprentis d’Auteuil : « plus deux » ou la confiance en l’avenir…

Publié le 19 janvier 2020 à  13h30 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Que faire avec un simple bac ? A cette question, la réponse de l’opinion publique est tranchée : rien. Les discussions autour du « Parcours Sup’ » l’illustrent : le bac n’est donc qu’une condition pour continuer, une formalité administrative sur une longue liste cumulative. Ajoutez à cela qu’il y a plusieurs catégories de bacs : si un baccalauréat général est un passeport pour la suite, le « bac pro » est un visa sans tampon. Un diplôme qui donne l’illusion que cela pourrait s’arrêter là et permettre à son détenteur de trouver un emploi…

Le groupe
Le groupe
Les jeunes en difficulté dans le système scolaire traditionnel sont souvent orientés vers ce type de voie. Une statistique qui monte dans les quartiers moins aisés. L’emploi rapide est miroité au détriment d’études longues et coûteuses. Pourquoi pas si cela fonctionnait… Seulement la nouvelle jauge est à bac + 2. Jauge en dessous de laquelle le marché ne porte aucune considération aux candidats. On ne fait donc rien avec un simple bac. Un constat pris en compte par la fondation des Apprentis d’Auteuil qui porte le programme «plus deux». Il est proposé à des établissements du supérieur d’accueillir de jeunes bacheliers souvent issus de filières professionnelles et de Quartiers Prioritaires de la Ville. Des élèves qui ne sont ni en mesure de travailler ni en mesure de poursuivre des études.

Déprogrammer le logiciel de l’échec

Pourquoi ? Les raisons sont nombreuses, et pas seulement d’ordre matériel. L’origine sociale des étudiants signe une inégale maîtrise des enjeux d’orientation. En effet, bien que supposés connus de tous, ces derniers relèvent en fait de la transmission familiale ou culturelle. Pareil pour les perspectives : l’enfant en difficulté n’a pas confiance en lui et dévie rapidement du système scolaire quand il n’a pas la chance d’avoir le soutien moral et matériel pour persévérer. Adulte, la capacité à rebondir après une difficulté professionnelle puise son origine dans le même constat. La fameux «ce n’est pas pour moi» qui signe rapidement le fatalisme et le manque d’ambition du futur adulte. L’objectif de «plus deux » est de déprogrammer le logiciel de l’échec. Les élèves sont accompagnés pendant deux ans. Remise à niveau, coaching scolaire, encadrement et accompagnement personnalisé renforcé pour aider les bénéficiaires à surmonter les freins périphériques pouvant venir perturber la formation (endettement/ garde d’enfants / accès au logement / mobilité / santé).

Redonner ses lettres de noblesse à l’égalité des chances

L’ambition est double. Redonner ses lettres de noblesses à l’égalité des chances et lutter pour la diversité sociale qui s’évapore souvent sur les bancs des établissements supérieurs. Cette année, l’EMD (École de Management) accueille 20 bénéficiaires du programme. Ils sont heureux et fiers d’être là. Une élève témoigne d’une meilleure visibilité de son profil LinkedIn depuis qu’elle a ajouté la mention «EMD » tandis que son camarade parle déjà de masters. Parallèlement, 20 élèves intègrent la Plateforme Marseille pour apprendre à coder. Certains d’entre eux montrent déjà les sites qu’ils arrivent à créer pendant leur temps libre au bout de 3 mois. L’enthousiasme est au rendez-vous. Longtemps beaucoup trop sous-estimés, les «savoir être» tels que la confiance, la curiosité, ou le savoir apprendre sont déterminants dans la réussite d’un cursus. «plus deux» est un espace de réflexion pour l’innovation pédagogique. Un programme marseillais d’ambition nationale. Les façons de travailler ont évolué. Il est temps de faire évoluer les façons de transmettre et d’apprendre. Voire même de réfléchir à un avenir où l’égalité réelle des chances n’aura pas besoin de béquilles pour être effective.
Zina MEBKHOUT

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