Marseille : L’Association culturelle d’espaces lecture et d’écriture en Méditerranée (Acelem) fête ses vingt ans en octobre

Publié le 20 septembre 2013 à  21h53 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h19

L'équipe de l'Acelem a présenté à l'Espace culture les manifestations qui se dérouleront dans le cadre des 20 ans de l'association  (PHOTO S.C.)
L’équipe de l’Acelem a présenté à l’Espace culture les manifestations qui se dérouleront dans le cadre des 20 ans de l’association (PHOTO S.C.)
Khemissi Meziane se souvient encore du jour où il a franchi la porte d’un espace lecture et écriture, de la chaleur, de l’accueil. Enseignant, il s’est vite impliqué « et aujourd’hui, c’est avec émotion que je vous présente les manifestations qui se dérouleront du 5 au 30 octobre à l’occasion des 20 ans de l’association dont je suis devenu un administrateur. » Puis de rappeler que les espaces Lecture ont vu le jour en 1993, à l’initiative de la Ville de Marseille. « Ce sont des structures d’accueil de proximité permettant d’offrir aux populations des quartiers populaires, une facilité d’accès au livre et aux animations autour de la lecture et de l’écriture. Aujourd’hui ces espaces sont au nombre de 7, implantés au cœur même des quartiers de La Viste, le Plan d’Aou, la Solidarité, la Savine, Air-Bel, la Valbarelle et Saint-Mauron ». Les espaces bénéficient aujourd’hui du soutien de l’État, de la Ville de Marseille, du conseil Général, du conseil Régional, de financement sur les emplois aidés, de bailleurs sociaux, associations…
Le directeur de l’Acelem, Ousmane Diémé précise: « Un espace lecture et écriture n’est pas une bibliothèque, c’est un lieu d’animation culturelle. Ces animations s’adaptent au goût, au rythme et à la disponibilité de chaque participant. Les thèmes qui y sont abordés : les expressions urbaines, la citoyenneté, la découverte des quartiers et de la Ville, les cultures d’origines…, incitent à la découverte, à l’échange, à la rencontre. Enfin, ils donnent lieu à la réalisation de productions : albums, expositions, livres d’art, recueils qui gardent la trace de l’implication du public. Les gens viennent en autonomie. Nous essayons de dédramatiser le rapport au livre, de les sensibiliser à la lecture.  » Les espaces s’inscrivent également dans une dynamique de partenariat dans les quartiers où ils sont implantés. « Des actions sont menées régulièrement en direction des écoles, des collèges, des lycées, des crèches, des halte-garderies, des centres sociaux, des clubs du 3e âge, etc. mais d’autres sont également menées hors des murs ». Ainsi, en 2012, il a été comptabilisé 4 000 passages dans les espaces et 900 participants aux divers ateliers proposés.
Après avoir longtemps refusé l’entrée d’ordinateurs dans les espaces Lecture, Ousmane Diémé a fini par les accepter. Chrystine Bernard, souligne à ce propos l’importance que l’ordinateur représente pour les personnes qui viennent à l’Acelem : « C’est un outil qui permet d’aborder différemment l’écriture. Les enfants ont parfois du mal à écrire, l’écran permet de mettre de la distance, et, ainsi, de valoriser l’écrit et la créativité artistique ». Khemissi Meziane ajoute immédiatement: « Mais ce n’est pas pour cela que nous abandonnons le livre. C’est le meilleur ami de l’enseignant comme de celui qui étudie. Un lien affectif se crée avec cet objet qui pousse à aller plus loin, à lire d’autres livres  ». Puis un intervenant d’affirmer que le travail, la gestion de cette association sont reconnus par toutes les institutions partenaires, tout comme la qualité et l’investissement des 22 salariés de l’association dont une partie est en poste depuis plus de 25 ans.
Michel CAIRE

Ridha Aati : « Il est primordial de donner un bagage culturel à la jeunesse»

Ridha Aati est l’auteur de La cité du fada et de Les bienveillants, deux ouvrages qui se déroulent à Marseille et une aventure littéraire qui a vu le jour dans les locaux de l’espace lecture de sa cité de la Solidarité, dans les quartiers Nord de Marseille. Et c’est un véritable cri qu’il lance. « On parle de drogues, d’armée, lorsque l’on parle de nos quartiers. Mais, ce qui est primordial, c’est de donner un bagage culturel à la jeunesse. D’ailleurs l’espace lecture de la Solidarité n’a jamais été touché, c’est un lieu sacré pour tous  ».
Il explique: « Je suis arrivé à la Solidarité en 1981. J’ai toujours aimé lire, alors, lorsqu’en 1990 un espace lecture s’est créé j’y suis allé. Je m’y suis tout de suite senti bien car j’ai découvert un lieu convivial. Je lisais les journaux, les BD, les romans et puis je participais aux activités lecture, écriture. L’endroit n’est pas intimidant comme une bibliothèque, et de toute façon, quand on est à la Solidarité, il faut vraiment vouloir aller dans une bibliothèque, puisqu’il faut pas moins de quatre bus pour y arriver… ». Ridha Aati devient un habitué des lieux .« Et, en 1998, un défi est lancé par les animateurs: écrire un livre. Nous nous mettons à écrire à deux, avant de finir seul cet ouvrage qui doit parler de la cité, de ces personnages, ces problèmes, pour créer de la curiosité, donner envie aux habitants de le lire. Le livre plaît aux animateurs, ils le transmettent à Patrick Coulomb, le critique polar de « La Provence ». Ce dernier me dit avoir apprécié le manuscrit et m’informe qu’il est sur le point de créer avec d’autres personnes une maison d’édition : l’Écailler du sud  ». Un écrivain est né, « grâce à un espace lecture qui est venu s’installer dans un quartier laissé à l’abandon. Où il y a le chômage et rien, le premier cinéma, l’Alhambra est à Saint-André, pour y aller il faut prendre 3 bus, le 97, le 26 et le 25. Alors, on ne peut pas parler d’armée dans nos quartiers avant d’avoir parlé de culture. Lire c’est donner du bagage, de la pensée, des mots. Un jeune qui sait lire aura moins tendance à se servir de ses poings que celui qui ne le sait pas car il pourra se défendre différemment, avec des phrases. La culture me semble d’autant plus fondamentale qu’il ne reste qu’à sauver la génération qui arrive. Le mal est tellement profond, on a parlé de plan Marshall mais nous n’en avons jamais vu ni la couleur ni l’odeur. La politique menée dans ces quartiers est une débâcle, un échec monumental. Et puis, dans ce désert, il y a les animateurs de l’association culturelle espaces lecture et d’écriture en Méditerranée. Et puis il y en a qui deviennent médecins, avocats. On parle de violence, on stigmatise, mais c’est un miracle qu’il n’y ait pas plus de violence ».
M.C.

Programme des 20 ans de l’Acelem

Samedi 5 octobre à la Bibliothèque municipale de saint-André : spectacle de conte avec Afriki Djigui Theatri et atelier d’écriture flash
-Mercredi 9 octobre à l’Espace lecture d’Air-Bel : « la vallée africaine », lectures de contes traditionnels des Comores et d’ailleurs, et des histoires des îles de la lune avec Salim Hatubou. Cette journée est organisée en collaboration avec les partenaires de l’espace lecture : l’école maternelle Edouard Vaillant et les écoles primaire Révolution et Bellevue.
Mercredi 16 octobre à l’Espace lecture de la Solidarité: lectures de contes, atelier d’initiation à la calligraphie latine, atelier d’expression plastique « les Chimères fantastiques » et présentation d’un diaporama illustré. Journée organisée par les espaces lecture de la Solidarité et de la Savine.
-Mardi 22 octobre au Pavillon M : rencontre avec Cyril Brunet à 17 heures. Le Pavillon accueillera également une exposition des productions des espaces lecture, des opérations menées dans la cadre du partenariat entre les Espaces et MP2013
Mercredi 23 octobre à l’Espace lecture du Plan d’Aou : initiation à la calligraphie et à l’écriture chinoise, atelier d’art plastique, atelier d’écriture de textes poétiques. Journée organisée par les espaces lecture du plan d’Aou et de la Viste.
-Mercredi 30 octobre au théâtre Toursky : après midi festif de 14 heures à 17 heures.

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