Marseille: Levée de bouclier des syndicats salariés et patronaux pour protéger l’économie du centre-ville

Publié le 28 février 2018 à  11h24 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h58

C’est un moment assez exceptionnel, pour le souligner, qui s’est produit ce mardi 27 février à Marseille. En effet dans les locaux de l’UD FO, syndicats patronaux et salariés ont signé un texte commun demandant au Préfet de surseoir à la demande municipale de créer, dans les quartiers Sud de la Ville, une Zone touristique internationale (ZTI), qui autorise l’ouverture dominicale. Une décision votée lors du dernier conseil municipal. Alain Comba, FO, Jacques Biancotto, CFE CGC, Cyril Jouan, UD CFDT, la CFTC, absente, soutient l’initiative et, pour les organisations patronales, Alain Gargani, président de la CPME 13, Johan Bencivenga, président de l’UPE 13 ainsi que, André Bendano, président de l’U2P13. Tous déplorent le manque de concertation qui a précédé ce vote et craignent que cette opération n’arrive trop tôt et affaiblisse un peu plus le centre ville. Si André Bendano avoue ne pas savoir quelle sera sa position au terme de la concertation, les autres participants souhaitent, une période d’attente afin de permettre à l’opération « Ambition Centre ville », votée au cœur de l’été, le temps de se déployer. Solange Biaggi, adjointe LR en charge du commerce, réagira à l’issue de cette rencontre ainsi que la CCI Marseille Provence et la délégation des Bouches-du-Rhône de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Région…

Cyril Jouan, johan Bencivenga, Alain Comba, Alain Gargani, Jacques Biancotto, André Bendano ont signé ont signé un texte commun demandant au Préfet de surseoir à la demande municipale de créer, dans les quartiers Sud de la Ville, une zone touristique internationale (Photo Robert Poulain)
Cyril Jouan, johan Bencivenga, Alain Comba, Alain Gargani, Jacques Biancotto, André Bendano ont signé ont signé un texte commun demandant au Préfet de surseoir à la demande municipale de créer, dans les quartiers Sud de la Ville, une zone touristique internationale (Photo Robert Poulain)

«Il reste beaucoup à faire pour développer le centre ville»

Alain Comba rappelle que ce n’est pas la première fois que syndicats employeurs et salariés travaillent ensemble et cite l’accord pour le travail dominical à Plan-de-Campagne. Il déplore, alors que les rencontres ne manquent pas entre le monde économique, dans sa diversité, et politique, qu’«il n’y ait pas eu de concertation». Considère que si des avancées se font jour en termes «de propreté et de parkings qui sont un peu moins sordides; il reste beaucoup à faire pour développer le centre ville». Ajoute que son organisation œuvre «pour développer l’emploi», met en exergue ses désaccords avec la politique conduite par le gouvernement «qui pèse sur le pouvoir d’achat». Il s’agit «d’un moment historique», assure Alain Gargani: «Nous sommes tous unis pour dire que notre cœur de ville ne fonctionne pas. Et une métropole sans cœur de ville ne peut fonctionner. En juillet, nous nous sommes tous mis autour de la table, nous nous étions mis d’accord sur un certain nombre de données pour le centre-ville : des parkings moins chers le week-end, des transports en commun, des animations, de la propreté et de la sécurité, ces derniers évoluant de manière positive. Puis, nous avons découvert ce dossier alors que 4 000 commerces sont en difficultés dans le centre. Il faut surseoir». Cyril Jouan, CFDT, rappelle à son tour «l’importance de développer économiquement le centre-ville». André Bendano insiste sur le rôle des TPE. «Ce sont elles qui créent de l’emploi, qui ne délocalisent pas». «Il faut arrêter, lance-t-il, de repenser le centre-ville ou plutôt de le « re-panser », il faut innover et pour cela il faut tous s’asseoir autour d’une table».

«Comment vouloir créer une nouvelle zone alors que la redynamisation du centre-ville n’est pas finie?»

Pour Jacques Biancotto, CFE CGC les premiers résultats des zones de tourisme international «ne sont pas exceptionnels» avant de s’étonner: «Comment la ville peut-elle vouloir attaquer ce nouveau chantier alors qu’elle ne connaît pas le résultat de son ambition centre-ville?». Johan Bencivenga s’interroge à son tour: «Comment une telle décision a pu être prise sans concertation alors que nous travaillons régulièrement ensemble? Comment vouloir créer une nouvelle zone alors que la redynamisation du centre-ville n’est pas finie? C’est une aberration ». Et d’annoncer que le collectif demande un rendez-vous au maire de Marseille «pour travailler ensemble à la réalisation concrète du plan que nous avons tous signé en juillet». Et tous de réclamer un renvoi du projet de plusieurs mois voire un abandon.

«Trop vite, trop fort, monsieur le Maire»

La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Marseille-Provence et la délégation des Bouches-du-Rhône de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Région, dans un communiqué commun, souhaitent préciser que la décision prise par le conseil municipal le 12 février dernier, n’a fait l’objet d’aucune information préalable: «Au regard des enjeux du centre-ville, des difficultés rencontrées et des inquiétudes légitimes exprimées par les entreprises, les commerçants et les artisans, cette décision unilatérale appelle de leur part un seul commentaire : Trop vite, trop fort, monsieur le Maire». Indiquent prendre cependant acte «de l’ouverture prochaine de la période de concertation à l’issue de laquelle le Préfet devra définitivement valider ou pas le nouveau périmètre. Et elles comptent bien peser sur celle-ci». Dans cette perspective, ils indiquent travailler actuellement «aux différentes options que le monde économique pourra porter auprès du Préfet, avec et aux côtés de tous les acteurs et de toutes les associations, afin que Marseille et le centre-ville gagnent en attractivité».

«Ce n’est pas parce que nous lançons un autre projet que nous oublions le centre-ville»

Solange Biaggi, adjointe au maire de Marseille en charge du commerce  (Photo Robert Poulain)
Solange Biaggi, adjointe au maire de Marseille en charge du commerce (Photo Robert Poulain)

Solange Biaggi réagit en marge de la rencontre. Elle se veut rassurante: «Les procédures sont respectées, concertation il y aura». Mais, ajoute-t-elle: «Il fallait une décision politique pour ouvrir la période de concertation». Avant de considérer que, sur le fond, les opérations ne s’opposent pas à la redynamisation du centre-ville: «Il existe de nombreux projets sur ce périmètre, l’une des réponses réside dans le retour d’habitants dans le centre, ce à quoi nous travaillons car, l’ambition est de rendre Marseille plus attractive afin qu’un plus grand nombre de touristes viennent et qu’ils restent non pas un jour comme c’est le cas actuellement mais trois jours, ce qui bénéficiera à tout le territoire». L’élue se dit «très surprise» de la position de l’UPE qui, «à Paris, veut plus de libertés et à Marseille dit le contraire». «Ce n’est pas parce que nous lançons un autre projet que nous oublions le centre-ville, tout au contraire, on y investit énormément, grâce, notamment, au Département. Mais il n’est franchement pas logique que nous ne prenions pas en compte le littoral, qu’il ne soit pas en zone touristique internationale», avance l’élue qui rappelle: «Jusqu’en 2001 nous n’avons pas voulu de grandes surfaces en centre-ville pour protéger le petit commerce qui a continué à péricliter alors que les Marseillais sortaient de la ville pour aller faire leurs courses à Plan-de-Campagne, à Aubagne. Nous avons alors changé d’optique, les Terrasses du Port sont venues, les critiques ont été nombreuses. Force est de constater que c’est un succès, que les 300 millions d’euros qu’elles réalisent, sont le fait, à 70%, de personnes venues de l’extérieur». Revient sur les commerces qui ferment dans le centre-ville: «Nous connaissons, et pas seulement à Marseille, une phase d’évolution qui implique que l’on ne fait plus du commerce comme avant. Mais cela ne doit pas faire oublier que le chiffre d’affaires augmente dans le centre-ville de Marseille. Et, nous avons bien compris qu’il fallait un travail en commun pour réussir: avec les mairies de secteur, la propreté, le ravalement des façades, la culture, la sécurité, le retour des habitants… ». L’élue dit entendre ce qui est dit sur les parkings et les transports en commun: «J’avais mis en place en 2002 un système où une partie du ticket de parking était pris en charge par les commerçants, les parkings et les institutions. J’avais également mis en place un tarif réduit dans les transports en communs. Cela n’avait pas marché mais les conditions du succès sont peut-être maintenant réunies».
Une levée de bouclier qui prouve que le devenir de Marseille est dorénavant l’affaire de tous…
Michel CAIRE

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