Marseille. On a vu au Toursky « Sois un homme, mon fils »: Bouchta rit de tout de peur d’être obligé d’en pleurer.

Publié le 1 décembre 2019 à  19h38 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h27

Bouchta rit de tout de peur d’être obligé d’en pleurer. (Photo Candice Nguyen)
Bouchta rit de tout de peur d’être obligé d’en pleurer. (Photo Candice Nguyen)
«Sois un homme, mon fils», les gens en redemandent, debout, applaudissant à tout rompre dans un Toursky tous les soirs archicomble. Créé en juillet 2019 au Chien qui fume dans le cadre du off d’Avignon «Sois un homme mon fils» demeurait l’été dernier un spectacle bancal et inabouti. En construction devrait-on dire, tant l’on sentait une volonté chez son auteur et interprète Bouchta de progresser, et d’offrir un one-man show qui tienne la route. C’est désormais chose faite. Sur la volonté de Richard Martin, directeur du Toursky, troublé par le livre-confession de Bouchta paru chez l’Harmattan, l’a mis en scène. Bouchta a soigné son jeu, resserré son propos, tout heureux de travailler sans relâche avec Richard Martin qui lui a ouvert les portes de son théâtre, afin d’éclairer son parcours de vie. Fils d’immigrés algériens installés à Marseille, Bouchta a grandi dans l’une des premières cités HLM de Marseille. «Il y a connu les joies de l’accession à un appartement neuf, les ruses de la débrouille… Mais il est le onzième enfant de la famille, « différent » des autres. Commence alors une quête d’identité douloureuse… Le rire est une réponse au tragique. C’est l’antidépresseur idéal. Le réel reste le réel, mais mis en scène, il devient une revanche sur le destin». Brassant des thèmes aussi d’actualités comme l’immigration, l’intégration et l’homosexualité, Richard Martin, avec cette création choc, s’est emparé d’un sujet brûlant. Devant nous, Bouchta -explosif, tendre, émouvant- sort de sa coquille, se régénère et nous emporte. Ce que raconte «Sois un homme mon fils», c’est son désir d’élévation sociale, lui qui, onzième enfant de la famille, se sait «différent» de par son orientation sexuelle qui l’a conduit à aimer les hommes. Spectacle contre l’homophobie, avec le rire en guise de réponses aux attaques personnelles subies, réflexion sur l’immigration et les communautarismes… Bouchta qui n’est absolument pas un acteur professionnel a bossé son rôle, Richard Martin ne lâchant rien. Il en résulte un nouveau one très prenant, très enjoué, et plus malin qu’il n’y paraît sur le papier. Comme quoi, quand on a du talent et de la sincérité, le travail finit toujours par payer. Bouchta et sa malle aux souvenirs, sa robe de mariée et son châle en est la preuve vivante.
Jean-Rémi BARLAND
Au Toursky, 16 passage Léo Ferré 13003 Marseille. Jusqu’au 31 décembre 2019. Mardi, vendredi et samedi à 21h. Mercredi à 19h – Réservations au 04 91 02 54 54 ou sur toursky.fr/

Articles similaires

Aller au contenu principal