Marseille. ‘Phèdre’ à la Criée : Entretien avec Robin Renucci…

Publié le 8 mars 2023 à  20h11 - Dernière mise à  jour le 7 juin 2023 à  21h21

Six mois après son arrivée à la tête de la Criée, Robin Renucci, se confie sur ses ambitions pour un théâtre qu’il veut populaire et s’exprime sur le choix de sa mise en scène pour Phèdre.

Destimed p2 74Destimed p1 85

« Être au plus près des corps »

Reprendre une pièce du répertoire classique est toujours un défi pour un metteur en scène. Pour se démarquer certains ont opté pour des costumes contemporains, d’autres ont accordé une place prépondérante à l’éclairage ou ont offert une version politique de Phèdre. Robin Renucci n’a pas voulu donner une vision avant-gardiste de la pièce. Il a conservé les costumes d’époque mais propose un décor très dépouillé et nous fait toucher les sentiments et les corps grâce une scène circulaire en bois, mi-astre, mi-ring où tout se joue. «La scénographie correspond à ce que je ressens d’un espace», explique Robin Renucci. J’ai choisi un espace quadri-frontal, le public est réuni à trois ou quatre rangs de la scène. On est proche des acteurs, de la voix, près de l’intime. Le plateau est un microscope, une lentille où l’on voit les personnages exprimer leurs sentiments. J’ai gardé les costumes du 17e siècle car les corps doivent être tenus comme le verbe de Racine est tenu». En reprenant une pièce du répertoire classique Robin Renucci a aussi voulu retrouver avec gourmandise une langue qui n’est plus la nôtre: «Une langue malmenée, on parle très court aujourd’hui. Cette langue de Racine n’est pas notre prose utile telle que nous l’utilisons actuellement».

Robin Renucci

«Ça change des textos »

Ce mardi après-midi, les gradins étaient occupés par plusieurs classes. Aucune contorsion sur les chaises, aucun bruit durant une pièce sans entracte. Léa Elrharbaye professeur de Français au Lycée St-Charles-Camas dans le 5e arrondissement avoue avoir été surprise. «Ce n’est plus dans leurs préoccupations mais d’après leurs réactions à la sortie ils ont apprécié. Ils ont su garder leur calme et le silence pendant deux heures ce qui est inhabituel donc c’est que cela leur a beaucoup plu. Je voulais leur faire découvrir autre chose, un monde qu’ils ne connaissent pas». L’un d’entre eux confiera que «ça change des textos, j’admets que c’était un peu long mais les acteurs se mettent vraiment dans la peau des personnages, ils les vivent ». A la sortie de la salle les adultes avaient le même sentiment «L’espace épuré permet d’entendre vraiment le texte, les alexandrins sont dits comme une parole d’aujourd’hui… C’est un combat, une lutte contre les dieux et tout ce qui nous anime. C’est formidable.» – «Cette scène ronde ajoute de la modernité à quelque chose qui est classique, j’ai vraiment adoré.» – «Le fait de voir les personnages de cette manière, de retrouver ce texte magnifique c’est vraiment très beau».

Réactions du public

«Nous parlerons de paix»

Cette année le directeur de la Criée a choisi de prendre le contrepied de notre époque belliqueuse et guerrière. «Nous parlerons de paix avec notamment en septembre une pièce d’Aristophane intitulée « La paix ». Elle sera adaptée par le Marseillais Serge Valletti. Ce sera quelque chose de très contemporain. Un bon théâtre populaire doit être capable de créer des liens entre son public et une époque. Le théâtre doit nous élever». Et Robin Renucci de conclure: « C’est un bonheur d’être à la Criée ».

Robin Renucci

Représentation de « Phèdre » à la Criée, jeudi et vendredi à 20 heures – Plus d’info et réservations :theatre-lacriee.com.

Documents joints

Articles similaires

Aller au contenu principal