Marseille. Retour sur le Forum international Energy for Smart Mobility : La voiture électrique, à grande échelle, demain ?

Publié le 20 mai 2019 à  19h26 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h47

Lors du 2e Forum international Energy for Smart Mobility, co-organisé par Capenergies et GreenUnivers, les questions de la mobilité électrique et des ports propres étaient en débat à Marseille deux jours durant au Palais du Pharo. Dans un cadre réglementaire européen, l’industrie automobile doit se mettre à l’électrique, à marche forcée, d’ici 2021, au risque d’amendes très fortes. Si elle est prête à y investir des milliards, elle ne veut pas le faire seule. Propose aux pouvoirs publics un véritable marché, multiplier ses ventes d’électriques par 5, entre 2017 et 2022, contre 5 fois plus de bornes électriques. La Région Sud en compte 2 100 publiques, en hausse de 40% en un an, soit 42 pour 100 000 habitants (source Enedis). Mais ces infrastructures ne suffisent pas. Il faut également une autre politique énergétique, avec le développement du réseau électrique intelligent, le «Smart Grid», lancé dès 2005, qui comprend des énergies renouvelables (solaire, éoliennes, thalossothermie) et une gestion décentralisée «produire de l’électricité localement et la consommer localement», une politique dans laquelle la Région se montre particulièrement engagée. Enfin, l’industrie automobile veut décider seule de la technologie qu’elle emploie, les batteries, qui peuvent déjà fournir de l’électricité quand la voiture est à l’arrêt le «smart-charging») ou l’alimentation par l’hydrogène (Le Forum a récompensé une start-up dans la Catégorie 3 hydrogène de son concours « E4SM Awards 2019 » ). Il est à noter que le Forum s’est inscrit dans le cadre de Flexgrid, qui se veut un programme de déploiement à grande échelle de systèmes énergétiques intelligents (smart grid), soutenu par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’enjeu est d’intégrer la mobilité dans le réseau électrique par des infrastructures de recharge, et ce même aux heures de pointe. Ainsi le projet Solar Camp vise à déployer un smart grid autonome en valorisant l’énergie stockée par les véhicules garés à la gare TGV d’Aix-en-Provence.

(Photo Mireille Bianciotto)
(Photo Mireille Bianciotto)
Hovertaxi -qui vient d'être présenté au salon Viva Technology de Paris - propose de nouveaux services d’aéromobilité autonome 100% français et 100% Region Sud pour répondre aux problématiques de transport urbain et périurbain grâce à ses aéronefs 100% électriques  (Photo Mireille Bianciotto)
Hovertaxi -qui vient d’être présenté au salon Viva Technology de Paris – propose de nouveaux services d’aéromobilité autonome 100% français et 100% Region Sud pour répondre aux problématiques de transport urbain et périurbain grâce à ses aéronefs 100% électriques (Photo Mireille Bianciotto)
son_copie_petit-350.jpgAnne-Marie Perez, directrice générale du pôle de compétitivité Capenergies, affiche la volonté de cette manifestation qui est de faire se rencontrer deux mondes «celui de l’énergie et celui de la mobilité électrique». Considère que l’innovation apporte une «disruption»: «On avait l’habitude d’avoir un véhicule à soi, personnel, et c’était même, socialement, un objet de reconnaissance, demain, on aura, de plus en plus, une mobilité collective, une mobilité partagée, le lien avec son véhicule personnel sera différent». Avec ce véhicule, son propriétaire va stocker de l’énergie, en restituer, c’est le smart-charg, que Renault pratique déjà. Souligne que ces changements se passent, aussi en Région Sud, grâce au programme Flexgrid, gagné en mars 2016, pour déployer à grande échelle des réseaux électriques intelligents. Doté d’environ 240M€, Flexgrid est piloté par Capenergies. Il s’agit de «produire de l’électricité localement et la consommer localement … de préparer cette mobilité douce et électrique», explique Anne-Marie Perez. Ainsi, l’appel d’offre lancé par Flexgrid, cette année, vise «l’implantation de bornes électriques et le passage de flottes (de taxis) aux véhicules électriques». anne_marie_perez_dir_gale_capenergies_14_03_2019.mp3 son_copie_petit-350.jpgMaher Chebbo, vice-président et expert de la plateforme européenne «Etip Snet The European Technology and Innovation Plateform Smart Networks for energy transition» en précise d’abord le rôle, «aider la Commission européenne dans la transition énergétique décarbonnée jusqu’à 2050». Prévient qu’avant de mettre la voiture électrique sur le marché, «il faut préparer le réseau électrique. Si vous avez plus de 20% de voitures électriques, sur le marché, aujourd’hui, le réseau électrique ne tient pas». D’où le lancement du smart-grid, (réseau électrique intelligent) en 2005, qui comprend des énergies renouvelables, comme celle d’éoliennes, précise-t-il. Après ce premier objectif, le suivant est de mettre au point, avec les constructeurs automobiles, un «standard» de voiture propre et de préparer «des villes décarbonées», d’ici à 2030 ou 2050. maher_chebbo_vice_president_etip_snet_14_03_2019.mp3 son_copie_petit-350.jpgMarc Mortureux, directeur général de la Plateforme automobile PFA, indique que les constructeurs automobiles «sont en train d’investir des sommes absolument considérables -des milliards- pour proposer sur le marché des véhicules électriques ou hybrides rechargeables», dont la part aujourd’hui n’est que de 2%. Un règlement européen les y pousse avec l’objectif de division par deux des rejets de gaz à effet de serre, (CO2) pour les véhicules vendus neufs, d’ici 2030. Dans le même temps l’Europe demande «une réduction des émissions des oxydes d’azote, des particules, qui sont des enjeux de santé publique, dans les centres-villes en particulier». Sur ces deux problématiques «l’électro-mobilité est une réponse», avance-t-il. Mais, le prix est encore un frein tout comme le trop faible nombre de bornes de recharge. L’industrie automobile attend l’aide des pouvoirs publics. Enfin, il signale que l’industrie automobile prévoit un risque de réduction d’emplois, le moteur électrique étant plus simple à monter que le moteur thermique, veut réussir ce changement «de nature écologique, énergétique mais également industriel et social». marc_mortureux_dir_gal_de_la_plateforme_automobile_14_03_2019.mp3 son_copie_petit-350.jpgEric Feunteun, directeur du programme véhicule électrique de Renault, fort de sa place de leader, en France et en Europe, avec 200 000 véhicules vendus souligne l’innovation énergétique de son modèle, le «smart-charging». La voiture, branchée dans la garage d’une villa l’alimente, pendant les heures creuses de la nuit. eric_feunteun_dir_vehicule_electique_renault_14_03_2019.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO
4 startups lauréates du concours E4SM 2019 Le concours de startups organisé dans le cadre du Forum Energy for Smart Mobility (E4SM) 2019 a attiré 34 candidatures, dont 6 de pays étrangers (Allemagne, Inde, 2 de Pologne, Pays-Bas, Sénégal). Les organisateurs, Capenergies et GreenUnivers, ont sélectionné 18 sociétés, dont une entreprise hollandaise et une polonaise, qui ont pitché le 14 mars devant un jury d’experts. Parmi tous ces candidats, le jury a sélectionné 4 jeunes pousses spécialisées dans les solutions énergétiques pour la mobilité électrique et hydrogène. Catégorie solution embarquée et liée au véhicule easyLi a été primée pour son concept harware et software de systèmes d’énergie embarqués adaptables aux différents modèles de véhicules électriques (VE). En début de commercialisation, ils facilitent le déploiement rapide et à bas coût des services de mobilité, sans infrastructure de charge traditionnelle, assure easyLi. Créée en 2011, la société de Châtellerault (Vienne) cherche des partenaires prescripteurs et utilisateurs. Catégorie solution d’infrastructure et gestion de l’énergie Le lauréat est Gulplug, avec un système de recharge original. Baptisé Selfplug, il comprend un socle branché sur une prise de courant standard, à relier à une prise magnétique accrochée sous le VE. Lequel se gare au-dessus du socle, à 50 cm près, pour relier les deux éléments. Le procédé de cette startup grenobloise créée en 2014 est en phase R&D. Des prototypes sont en test chez des fabricants de véhicules. Un équipementier automobile a conclu un partenariat. Catégorie solution Hydrogène La catégorie hydrogène a souri aux ingénieurs d’HySiLabs. Développé depuis 2015, leur procédé charge en hydrogène un vecteur liquide pour accumuler l’énergie, avec des applications dans la mobilité et le stockage, entre autres. La densité du liquide est annoncée 7 fois supérieure à ce que génère la haute pression. Après la phase prototype, la startup d’Aix-en-Provence compte mettre en place une usine pilote sous deux ans. Côté commercial, HySiLabs explore le modèle de la licence et le savoir-faire associé. Prix coup de cœur du jury Le jury a attribué son prix coup de cœur à GreenFlux. Cette entreprise néerlandaise concrétise depuis 2011 une vision la plus ouverte possible du pilotage de la recharge des VE, pour les réseaux, les fournisseurs d’électricité et les fabricants automobile. GreenFlux a déjà des clients et compte plusieurs partenaires de renom, comme Total, UK Powernetwork, Pitpoint, Alfen et EVBox.

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