Marseille. Théâtre Toursky. Un ‘Cyrano’ frénétique et en version de poche

Publié le 6 janvier 2022 à  21h08 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  11h35

Pour reprendre le titre de la collection de livres chez First éditions, c’est un «Cyrano pour les nuls » qu’il nous a été donné de voir au Théâtre Toursky de Marseille. Entendez par là une visite du chef d’oeuvre de Rostand destiné à ceux qui n’en ont pas une pratique pointue ou qui en préférerait une version de poche. Une sorte de Cyrano de Bergerac en mode best-of, proposée avec intelligence par Thierry Surace qui, à la tête de la Compagnie Miranda assume ses choix de réduction scénique de la pièce.

Thierry Surace propose un Cyrano explosif (Photo Compagnie Miranda)
Thierry Surace propose un Cyrano explosif (Photo Compagnie Miranda)

Cyrano en 1h20 donc… avec en coulisse la collaboration artistique de l’infatigable William Mesguich, acteur et metteur en scène lui-même. Musique, chorégraphie, chant (dont le célèbre «Bang Bang» en version originale), jeu, les personnages évoluent sur une sorte de tableau de cinéma faussement chaotique et nous font passer du rire aux larmes.

Esthétique replacée dans l’époque du cinéma muet, nous sommes davantage dans un Cyrano très Buster Keaton, Laurel & Hardy, Douglas Fairbanks, que dans celui interprété par Jacques Weber dans la mise en scène très romantique de Jérôme Savary. Cyrano en chef de gang sorte de Borsalino en rupture avec le monde qui l’entoure en quelque sorte. C’est assez réussi, assez rapide, et Thierry Surace campe avec énergie un Cyrano frénétique, qui rend ici hommage au théâtre de tréteaux et à l’esprit de troupe.

Sept acteurs pour un Cyrano souvent clownesque, qui nous présente les scènes marquantes de la pièce. La tirade du nez, la déclaration d’amour de Roxane à Christian, la rencontre de ce même Christian avec Cyrano, la scène du balcon, le départ de Christian à la guerre et sa mort au combat, la fin tragique de Cyrano évoquant son panache debout sur des planches de bois, voilà ce qu’en somme on retiendra de la narration proposée.

On peut saluer la performance de Thierry Surace, mais on pourra regretter ces coupures dans le texte qui réduisent l’intensité de la pièce, et qui ne rendent pas suffisamment compte des chemins de traverse empruntés par Edmond Rostand. On applaudira la joie de jouer des comédiens autour de Thierry Surace dont le joyeux travail rappelle celui de Alexis Michalik dont le «Edmond» demeure un succès sans précédent. Un spectacle plus qu’agréable…réussi et très festif qui en dépit d’un choix narratif qui peut laisser parfois perplexe respecte au mot près la sublime prose de Edmond Rostand .
Jean-Rémi BARLAND

Signaler un contenu ou un message illicite sur le site

Articles similaires

Aller au contenu principal