Marseille. Théâtre Toursky : le bras de fer continue

Publié le 4 mars 2023 à  12h28 - Dernière mise à  jour le 8 juin 2023 à  16h26

Grève de la faim, hospitalisation, lettres, tweets, insultes, allégations… le théâtre Toursky s’offre une pièce en plusieurs actes dont on connaît le prologue, la baisse d’une subvention, mais pas encore l’épilogue. Les positions des protagonistes, le directeur du Toursky Richard Martin et l’adjoint à la culture de la ville de Marseille Jean-Marc Coppola semblent irréconciliables.

Le public s'est retrouvé au Toursky dans le cadre d'un concert organisé en soutien à Richard Martin (Photo Joël Barcy)
Le public s’est retrouvé au Toursky dans le cadre d’un concert organisé en soutien à Richard Martin (Photo Joël Barcy)

Concert de soutien

Le combat continue. Un concert de soutien s’est déroulé en milieu de semaine au Toursky. Natasha Bezriche et son pianiste sont sur scène pour cette soirée. De beaux textes, des paroles de Ferré et un engagement prononcé à la fin du récital : «Richard est l’objet d’une violence politique donc d’État, et dès lors il n’a pas eu d’autre recours que de retourner cette violence contre lui-même dans un sursaut désespéré…». Les spectateurs sont attentifs et livrent des applaudissements à la fin du plaidoyer. La salle n’est pas bondée mais les fidèles sont là comme Arlette: «On soutien Richard du fond de notre cœur, cela fait des années qu’on le connaît. On ne comprend pas vraiment ce qui se passe. On subit». Fernand Piétri estime que «Richard Martin a certainement des projets d’évolution et il faut une continuité dans ce lieu souvent malmené.» Pour Maurice Galfré: «C’est une situation regrettable, c’est mettre une croix ou un arrêt à une situation qui pouvait beaucoup mieux se finir si tenter qu’elle devait se finir».

Réaction des spectateurs

« Richard Martin n’est pas dans les clous »

«Il était comme mon frère, je l’aimais, je ne comprends pas». Le ton de Richard Martin est lyrique. Le « frère » dont il parle c’est Jean-Marc Coppola, aujourd’hui son ennemi. L’adjoint à la culture de Marseille confirme qu’il a volontiers soutenu le directeur du Toursky en 2019 alors qu’il avait entamé une grève de la faim contre l’étranglement financier que lui imposait à l’époque le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Mais s’il avait connu toutes les pièces du dossier il y aurait peut-être «regardé à deux fois avant de s’engager». Jean-Marc coppola indique également qu’à la différence de 2019 :«On a pris beaucoup de précautions. On a même versé la moitié de la subvention de 2023 (950 000 euros) en décembre dernier pour aider leurs finances. Nous, ce que l’on veut c’est une transparence dans les comptes et la signature d’une convention temporaire d’occupation d’un maximum d’un an. C’est ce qu’autorise la loi. On est même prêts à ne la signer que dans deux ou trois mois pour aller au terme de la programmation 2023-2024. Ensuite il y aura une mise en concurrence, un appel à projet auquel il pourra concourir s’il le veut. Ce n’est pas parce qu’on est là depuis 52 ans qu’on ne doit pas respecter la loi. Il est en dehors des clous. Et il le sait ».

Jean-Marc Coppola

Compromis contre compromission

(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
Dans cette affaire comme dans toute bonne pièce de théâtre des acteurs soufflent sur les braises tandis que d’autres essaient de les éteindre. Le compromis voulu par les uns est perçu comme une compromission pour les autres. Pour François Chaintron, membre du comité de soutien la formule est simple: « La ville doit remplir ses obligations à l’égard du théâtre mais ne pas imposer ses choix. On est encore dans un pays où des artistes doivent pouvoir créer, comme Richard Martin depuis 52 ans, sans avoir de comptes à rendre à quelque pouvoir que ce soit. Il en va de l’indépendance de l’art. La balle est dans le camp de la mairie».

François Chaintron

C’est la quatrième grève de la faim de Richard Martin depuis qu’il est à la tête du théâtre. Est-ce la grève de trop ? Il faudra attendre de lire l’épilogue de la pièce. Dans l’intervalle, un recours à un médiateur sera peut-être nécessaire pour tenter de régler ce conflit. Reportage Joël BARCY
Le théâtre Toursky (Photo Joël Barcy)
Le théâtre Toursky (Photo Joël Barcy)
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