Marseille: Un cabaret placé sous une (bonne) Étoile bleue

Publié le 29 décembre 2018 à  6h22 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h43

Après sa réussite de l’année dernière, Manoah Michelot et sa troupe sont de retour à Marseille pour une nouvelle saison de cabaret. Cette année, c’est à bord du bateau l’Ilienne amarré au Vieux Port qu’ils ont élu domicile, un espace scénique différent qui a nécessité des adaptations à tous points de vue… Restent les ingrédients essentiels : plus de deux heures de spectacle et une magie renouvelée.

(Photo Carole Payrau)
(Photo Carole Payrau)
(Photo Carole Payrau)
(Photo Carole Payrau)
Il ré-accoste à Marseille pour une deuxième saison… voire plus si affinités. C’est bien le souhait de Manoah Michelot, fondateur l’an dernier, à 23 ans, du cabaret phocéen l’Étoile Bleue et désireux de s’établir dans la cité en question de façon permanente. Il faut dire que la première saison a été une réussite : plus de 3 000 personnes ont en effet été accueillies lors du spectacle concocté par cet ancien danseur (et la chorégraphe Salima Rouibah) de l’école cannoise de Rosella Hightower et du BNM sur l’ensemble des dates programmées alors, du 23 novembre au 14 janvier. «De quoi être satisfait, même si la salle n’était pas simple (cela se passait sur la scène intime du M7, rue du Rouet ndlr)… Pour cette nouvelle saison, nous avions donc le souhait de trouver un lieu plus premium, différent. L’Ilienne s’est imposée», explique Manoah Michelot. Car c’est en effet à bord de l’un des navires de Marseille Croisières Calanques, au bas du Vieux-Port, que les spectateurs embarquent désormais. Une belle opération pour la compagnie, qui met ainsi à disposition son bateau hors saison touristique et lui conférant une image premium, ainsi que pour la troupe du cabaret, évoluant sur un espace en osmose avec la thématique maritime du spectacle. Car pour mémoire, le concept est novateur, dépoussiérant le genre : il s’agit justement d’une croisière à travers le monde et les époques. Soit six tableaux évoquant l’ensemble des continents. On démarre de Marseille, on poursuivra par Versailles, l’Afrique australe, le Japon au temps des Geishas, les États-Unis et notamment le New York de la prohibition… On croise sur le chemin deux personnalités magiques, la mystérieuse sirène et le prince du printemps, prenant vie sous les paroles de Mina, conteur et ancien soliste de flute traversière de l’opéra d’Alexandrie nouvellement arrivé dans l’équipe…

Adaptation à l’espace

Passer d’une scène à l’autre n’a toutefois pas été exempt de difficultés. Le bas plafond de l’Ilienne a nécessité une adaptation des lumières, de la chorégraphie dans son intégralité, «en tenant compte du fait que sur un bateau, le public est assis de part et d’autre de l’espace scénique. Il a fallu faire en sorte que tout le monde puisse nous voir de face et ne soit pas frustré. On a gardé également des portés spectaculaires… mais différents», explique Isabelle, la capitaine de la troupe. Adaptation nécessaire des costumes aussi, notamment des chapeaux, et si l’on a gardé les «Gabriels», ces ailes d’ange immaculées, il a bien fallu troquer les hauteurs de plumes contre des apparats moins imposants. Qu’importe… le résultat enchante le regard. Et le genre effectivement, se dépoussière. Grâce non seulement à la thématique, à la musique, aux costumes plus modernes, mais aussi à la multiplicité des influences chorégraphiques. Le tableau africain se mâtine de contemporain, le new-yorkais de modern jazz, le classique n’est jamais bien loin non plus, entre déboulés piqués et arabesques… «Il est temps de rallumer les étoiles», annonçait Manoah Michelot en début de saison. Les astres brillent effectivement dans le ciel phocéen, mais aussi à bord de l’Ilienne. Outre Manoah, ils ont pour nom Kathleen, Pascal et Isabelle, danseurs et danseuses, mais aussi Nina, chanteuse, Agathe, pianiste… Un conteur et des musiciens supplémentaires pour cette saison, afin de parfaire cette adaptation au lieu. Toutefois, c’est le savoir-faire de pas moins de 50 personnes qui concourt à la réussite de ce spectacle, des serveurs au régisseur en passant par le décorateur floral, les administrateurs, le personnel d’accueil, l’architecte décorateur, les compositeurs de musique ou encore la costumière et le plumassier… car les quatre danseurs enfilent lors de la soirée pas moins de 64 costumes.

Quel lieu fixe dans l’hyper-centre ?

La saison, quant à elle, dure cinq mois du 20 octobre au 26 avril au lieu de trois précédemment, avec près de 20 dates. Soit un peu moins de représentations que l’année dernière, « car on s’est rendu compte qu’à Marseille, le jeudi et le dimanche ne fonctionnaient pas. Ce qui marche, ce sont les vendredis et samedis», reprend à son tour Manoah Michelot. Saison lancée donc, mais cela n’empêche pas de penser au futur… Puisqu’en ligne de mire, ce qui se profile, c’est bien la recherche d’un lieu fixe afin d’ouvrir, dès octobre 2019, un cabaret à l’année. « Je n’ai pas envie de me réengager dans de l’itinérant une saison de plus, c’est un énorme travail de montage et de démontage… Ici nous avons la chance d’avoir deux booms, la saison touristique et l’hiver, avec les entreprises et les groupes, ce qui est rare en province. Sans compter les fêtes de fin d’année… donc il y a vraiment la possibilité d’ouvrir 12 mois. Aujourd’hui la saison 2018/2019 démarre, mais je m’investis d’ores et déjà beaucoup dans des réunions pour préparer l’avenir», continue le fondateur. Ce qui a déjà failli se faire cette année… Mais le karma (bon, visiblement) en a décidé autrement. Manoah Michelot avait entrepris de négocier avec l’archevêché de Marseille, propriétaire du théâtre Mazenod, situé… rue d’Aubagne. Une implantation encouragée par la municipalité, désirant «réhabiliter le quartier»… L’histoire montrera dramatiquement un peu plus tard qu’attirer les acteurs extérieurs ne suffit pas à l’affaire. « J’ai rencontré Jean-Claude Gaudin, je suis aidé cette année par la Région et la maire des 1/7, Sabine Bernasconi». Le projet d’implantation capotera pour des raisons administratives. L’Étoile du cabaret n’est pas seulement bleue, elle est aussi bonne pour son fondateur… Qui aujourd’hui a des pistes du côté de la Joliette, sur un théâtre situé à la maison des mutualités. «Mais je suis ouvert à tout… l’essentiel étant que nous soyons dans un lieu central». L’appel est donc lancé.
Carole PAYRAU
Plus d’info et réservation sur : cabaretletoilebleue.fr

Diaporama Carole Payrau

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