Marseille: Visite de la ministre de la Justice aux Baumettes : « Il faut diversifier les peines, il n’y a pas que la prison »

Publié le 30 octobre 2018 à  0h03 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Deuxième déplacement en deux semaines dans les Bouches-du-Rhône pour la ministre de la Justice Nicole Belloubet. Après avoir visité la prison de Luynes la semaine dernière, la ministre était à Marseille vendredi pour visiter la prison les Baumettes 2 et le SAS, structure d’accompagnement vers la sortie. Dans ce cadre, la garde des Sceaux a rappelé le Plan prison, mis en exergue une volonté de diversification des sanctions et évoqué l’ouverture du vote par correspondance aux détenus pour les Européennes au mois de mai…

La ministre de la Justice Nicole Belloubet était en visite à la prison des Baumettes à Marseille (Photo M.B.)
La ministre de la Justice Nicole Belloubet était en visite à la prison des Baumettes à Marseille (Photo M.B.)
La prison des Baumettes (Photo M.B.)
La prison des Baumettes (Photo M.B.)
son_copie_petit-293.jpgA l’issue des visites et rencontres, Nicole Belloubet est revenue sur le « Plan prison » : «Un plan global qui va permettre de résoudre la surpopulation carcérale» et qui s’appuie sur deux piliers: les peines, «nous les avons refondées en évitant l’emprisonnement lorsque l’infraction ne le justifie pas » et un «plan immobilier» à hauteur de 15 000 places dont 7 000 d’entre elles seront livrées en 2022 et commencées pour les autres cette même année, fin du quinquennat. En ce qui concerne la diversification des peines, elle précise: «Si nous voulons réinsérer les personnes qui sont en détention nous devons proposer des solutions diverses adaptées aux différents profils…» Tient à rappeler que toute infraction doit avoir une sanction mais, ajoute-t-elle : «Il faut les diversifier, il n’y a pas que la prison». Cite différents «types de stage»: «détention sous bracelet électronique et les travaux d’intérêt général». Pour ces derniers, elle annonce que d’ici une quinzaine de jours «nous allons créer l’Agence pour le travail d’intérêt général et le travail en détention. Structure spécialement dédiée pour trouver des postes…» Avec une nouveauté, la possibilité d’étendre la recherche aux entreprises de l’Économie sociale et solidaire (ESS), si le Parlement le vote. Insiste sur les structures d’accompagnement vers la sortie (SAS) «comme ici à Marseille». Espace qu’elle a longuement visité . Se félicite du caractère «tout à fait exemplaire» de ce SAS, avec «un lien très serré entre différents professionnels», qui permet à des détenus, «à qui il reste environ un an de détention» une prise en charge «adaptée et progressive»… Retient à nouveau l’exemplarité de «l’esprit » du SAS des Baumettes mais pas son «architecture» qui n’est pas celle qu’elle imagine pour «les futures SAS » qu’elle souhaite «beaucoup plus ouvertes sur la ville». Plus de 2 000 places sont en projet, en France. Répond également aux riverains qui se plaignent de nuisances sonores et s’engage, dès novembre, à expérimenter de nouvelles solutions, notamment de nouvelles vitres. Revient sur le mouvement du personnel pénitentiaire de janvier dernier. Considère avoir apporté «des réponses très positives». Elle en donne trois, 32M€ d’indemnités, des équipements de sécurité déployés petit à petit partout en France et des quartiers de sécurité «étanches» pour les « détenus violents ou radicalisés». Un de ces quartiers va d’ailleurs être créé aux Baumettes 2 au mois de janvier 2019. Enfin, la ministre a également assisté à une «consultation citoyenne», un débat d’une heure avec des détenus sur l’Europe et la projection d’extraits du film « Demain ». L’occasion pour elle, de défendre la position pro-européenne du gouvernement et d’annoncer la possibilité pour les détenus de voter, le dimanche 26 mai, pour les Européennes, par correspondance. Pour les résultats, il y aura un seul bureau, la Chancellerie, autrement dit on ne saura rien du vote des détenus des Baumettes… nicole_belloubet_visite_26_10_18.mp3 son_copie_petit-293.jpgEn marge de la visite, Lionel Royer-Perreaut, maire LR du secteur (9e et 10e arrondissements) de Marseille, a relayé la voix des riverains qui vivent «un véritable calvaire » en raison de nuisances sonores. Pour l’élu: «Il est difficile d’envisager Baumettes 3 sans avoir réglé les problèmes de Baumettes 2»… lionel_royer_perreaut_maire_de_secteur_pour_pb_riverains_26_10_18.mp3 son_copie_petit-293.jpgA l’entrée de la prison, la ministre est interpellée par des surveillants dont David Cucchietti, secrétaire local de la CGT-pénitentiaire des Baumettes. Il voit une contradiction chez la ministre qui reconnaît à la fois«la légitimité » du mouvement de blocage de janvier dernier mais sanctionne les surveillants (qui, rappelons-le, n’ont pas le droit de grève ndlr) par «des exclusions temporaires avec sursis» ou «fermes». Justifie ce mouvement: «Des collègues ont pris des coups de couteau, ont été agressés, ont failli y laisser leur vie». Pointe également un problème grave: «on a tous les établissements, en sous effectif et en surpopulation pénale.» david_cucchietti_cgt_26_10_18.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

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