Marseille. Vœux de Jean-Claude Gaudin: « Ma majorité est forte et je resterai jusqu’au bout »

Publié le 22 janvier 2019 à  10h18 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h44

C’est un Jean-Claude Gaudin visiblement marqué qui a présenté ses vœux à la presse notamment lorsqu’il est revenu sur le drame de la rue d’Aubagne qui a coûté la vie à 8 personnes. «Il restera à jamais gravé dans ma mémoire de maire, et il le restera tout autant dans ma vie d’homme», déclare-t-il avant d’insister: «Je l’ai dit, je vous le redis aujourd’hui, le seul véritable hommage à la mémoire des victimes consiste à agir de toutes ses forces pour que pareil drame ne se reproduise plus». «Naturellement, ajoute-t-il, nous prendrons toute notre part dans le Plan de stratégie territoriale de lutte contre l’habitat indigne, voté par la Métropole en décembre, sur la base de la nouvelle répartition des compétences entre la Ville et la Métropole». Tient à souligner qu’il est toujours clairement aux affaires: «Oui, j’agis et j’agis sans relâche, sur tous les dossiers et sur tous les fronts du développement de Marseille et de la qualité de vie des Marseillais». Parlera ensuite de la réforme du temps de travail, du développement économique de la Ville…

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

«Les souvenirs ne sont en général jamais exempts de souffrance»

C’est avec gravité que Jean-Claude Gaudin considère: «Les souvenirs ne sont en général jamais exempts de souffrance. Lorsque viendra le temps de refermer la page de toutes ces années passées à la tête de cette ville, la rue d’Aubagne prendra toute sa place. Au même titre que l’assassinat du jeune Ibrahim Ali le 21 février 1995 et celui de Nicolas Bourgat le 9 septembre 1996, l’acte terroriste qui a coûté la vie à Maurane et Laura sur le parvis de la gare Saint-Charles le 1er octobre 2017 et toutes les catastrophes auxquelles j’ai dû faire face». L’occasion de mettre en exergue le poids de la fonction de maire : «Un maire doit avant tout gérer pour ses concitoyens ces situations de peine, de douleur, de tristesse, de chagrin, de désarroi et d’anxiété. Un maire doit aussi repousser les commentaires désobligeants et les stigmatisations maladroites, les accusations indignes et les cruelles injustices, pour exercer pleinement ses fonctions et poursuivre les missions pour lesquelles il a été élu». Et refuse d’entendre que l’heure est au bilan de son mandat: «Il s’achèvera dans un peu plus d’un an, je vous le rappelle, et au bout duquel j’entends aller, même si cela déplaît à certains…» «Quel maire, lance-t-il, oserait quitter ses administrés alors que la situation requiert qu’il fédère les efforts ? Je suis au travail, je suis dans l’action et j’y suis plus que jamais pour les 15 prochains mois». Reviendra sur l’évacuation de plus de 230 immeubles, le dispositif d’accueil d’urgence qui reçoit 200 personnes chaque jours et la question du relogement des sinistrés… est-ce à dire quelque 1 973 personnes dont 1 371 sont hébergées par la Ville. À ce jour, 528 personnes ont retrouvé un logement via une réintégration d’immeubles 399 ou encore la signature de 71 baux ou conventions d’occupation pour des relogements temporaires ou définitifs, soit 129 personnes. Le Maire ajoutera qu’«avec les responsables locaux de Promonial et Covivo nous avons identifié une cinquantaine de logements où Soliha va immédiatement installer 25 familles et 25 autres très rapidement aussi». Il ne manque pas de revenir sur le fait que, depuis le 5 novembre: «la Ville a aussi pris 147 arrêtés de péril grave et imminent qui constituent des mises en demeure aux propriétaires privés devant réaliser des travaux d’urgence. Tous ces services sont rendus par 500 agents sur la base du volontariat, pour se relayer 7 jours sur 7 au PC Crise de la rue Salengro, d’où est gérée cette situation exceptionnelle qui a vu se multiplier par 30 le rythme habituel des signalements d’immeubles présumés dangereux». Raison pour laquelle explique Jean-Claude Gaudin: «Nous venons de prendre la décision, conjointement avec la Métropole, de créer une direction mutualisée, avec du personnel dédié, au suivi des signalements d’immeubles et au relogement des personnes évacuées». Et de rendre hommage à la solidarité des Marseillais.

«Non, je ne me cache pas»

Le maire de Marseille de s’insurger face «aux critiques infondées qui insistent sur l’absence dont je ferais soit disant preuve en cette période douloureuse, ces quelques éléments rappellent que je suis plus que jamais présent et attaché au règlement de cette situation dans les meilleurs délais. Non, je ne me cache pas». Aborde la question de la réforme du temps de travail et des modalités d’organisation de celui-ci pour les agents municipaux. «De nos réponses aux questions découlant de l’enquête judiciaire sur le Samu Social viendra, rassurez-vous, une appréciation du droit. Mais nous n’avons pas attendu ce moment pour effectuer les ajustements, voire les corrections qui s’imposaient». Il met en exergue qu’il a prescrit dès le mois d’avril un « Plan de 12 mesures sur le temps de travail » «et celles-ci sont aujourd’hui largement mises en place, notamment le principe des 1607 heures, la badgeuse et la réduction des heures supplémentaires». Cette réforme, prévient-il, vaut encore davantage «par les aménagements dont elle s’accompagne pour la qualité de vie au travail, à travers le choix des cycles hebdomadaires et les horaires variables à compter du 1er avril 2019». Alors que la tension sociale est palpable, il reconnaît: «Il se peut que des améliorations à toutes ces mesures soient encore nécessaires et possibles. Je souhaite que la discussion avec les organisations syndicales soit poursuivie dans le cadre de la nouvelle représentation issue des élections professionnelles du 6 décembre dernier et dans un dialogue constructif avec FO et les autres syndicats. Il faut rapidement revenir à un fonctionnement normal des services qui ont été affectés par des grèves, et je pense évidemment en priorité aux écoles et aux cantines scolaires».

«Promouvoir le territoire et accroître son attractivité»

Parle d’une action d’envergure qu’il mène depuis 20 ans «pour promouvoir le territoire et accroître son attractivité». D’affirmer: «Marseille doit continuer de trouver l’équilibre entre projets d’envergure, innovations technologiques et amélioration du cadre de vie sur l’ensemble de son vaste territoire. Elle doit continuer à œuvrer comme toujours en faveur de l’emploi que nous soutenons grâce à nos initiatives et nos filières d’excellence que sont le numérique, le tourisme, le médical, l’aéronautique, le maritime, la santé, la mécanique, la logistique et encore les industries créatives». Jean-Claude Gaudin met en avant le tourisme «avec plus 5 millions de touristes accueillis», un parc de l’hébergement «qui a doublé depuis 2000 et même triplé en incluant les lits Airbnb…» Une activité qui génère «350M€ de retombées et une image très positive auprès des professionnels», se félicite-t-il. Il signale également que sa priorité concerne l’emploi. Selon lui: «C’est d’ailleurs ce qui a permis de faire reculer le taux de chômage qui est passé de 23 % en 1995 à environ 12 % aujourd’hui».

Une volonté de poursuivre le Partenariat public-privé (PPP)

Il affiche sa volonté de poursuivre le Partenariat public-privé (PPP) pour la destruction-reconstruction des écoles, refusant d’entendre les voix qui s’élèvent dans sa propre majorité contre ce dispositif. Indique qu’il appliquera la Loi après la pétition lancée à gauche et qui a atteint les 10 000 signatures: «C’est à dire que nous vérifierons la qualité d’électeur des signataires et organiserons un débat dans les trois mois». Le projet d’extension jusqu’à la mer du Parc Borély dès l’expiration de la convention qui lie la Ville à la société hippique gestionnaire de l’hippodrome devrait s’avérer bien moins polémique. Sauf si un mouvement des casaques jaunes… Il n’oublie pas le projet retenu pour le J1 «qui va connaître une nouvelle vie digne de son passé avec le projet présenté par Adim, en lien avec la Caisse des dépôts et consignations et Vinci Construction». Avec un investissement de 100M€ pour abriter des espaces de loisirs, un hôtel et des bureaux, «ce site va devenir un lieu de vie incontestable de la cité, un an seulement avant l’organisation des épreuves olympiques de voile en 2024». Il annonce qu’il va reprendre contact avec les responsables du Port «pour qu’ils tiennent l’engagement qu’ils avaient pris de lancer un appel à projets, avant la fin de 2018, pour l’extension des activités d’animation entre les Terrasses du Port et le Silo». Il formule le souhait que Marseille confirme et amplifie son rôle majeur au plan international en matière d’excellence médicale. «Je vais entreprendre tout ce qui sera nécessaire pour relancer le projet du grand hôpital privé à Saint-Barnabé avec une configuration urbanistique plus adaptée au tissu urbain qui l’entoure et avec quelques améliorations par rapport au projet initial. Je demande aussi à l’AP-HM de développer, sur les terrains qui entourent l’ancien hôpital Salvator, une zone de start-up liée à la recherche médicale ainsi qu’un équipement hôtelier susceptible d’accueillir des familles venant visiter les malades, aussi bien à l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) qu’à Sainte-Marguerite». Annonce également : «Parmi les grands projets, celui du « Grand centre-ville » polarisera nos efforts pour rendre la piétonnisation plus importante et la fréquentation en hausse au profit des commerçants». Et de conclure son intervention : «2019 sera à Marseille une grande année et je ne vais pas manquer de travail pour tenter de rendre à cette ville ce qu’elle m’a donné. Alors, si vous en venez à me parler d’élections ou de succession, je vous répondrai simplement travail et ambition. Chaque chose en son temps…». Il dévoilera notamment qu’il soutiendra la liste comprenant le plus de ses adjoints. In fine, en cette année de biennale du cirque à Marseille, il laisse les jeux du même nom se dérouler dans sa famille et que le meilleur gagne.
Michel CAIRE

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