Marseille effondrée: trois immeubles à terre rue d’Aubagne

Publié le 5 novembre 2018 à  20h30 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h09

C’est un drame que vit Marseille depuis ce matin avec l’effondrement, vers les 9 heures, de deux immeubles anciens en centre-ville situés aux numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne (1er) et 75 % du 3e immeuble (n°67) s’est écroulé de lui même pendant les opérations de sécurisation du chantier. «Nous sommes en train de mettre en place un diagnostic sur les immeubles voisins pour éviter ce qu’on appelle un effet domino lié aux effondrements», a précisé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. «Structurellement, les immeubles à Marseille se tiennent les uns avec les autres donc on ne veut pas prendre de risque et on fait évacuer cet îlot», a expliqué Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille, responsable du bataillon de marins-pompiers. En ce qui concerne d’éventuelles victimes «Je suis peu optimiste, (…) mais tant qu’il y aura un doute nous rechercherons», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Face aux journalistes, le ministre a insisté sur l’emploi du conditionnel pour évoquer le bilan humain de cet effondrement. «Huit personnes auraient été susceptibles de se trouver dans l’immeuble et pourraient éventuellement avoir été emportées dans l’effondrement. (…) Nous sommes dans l’inquiétude, potentiellement je vous le dis parce que les certitudes ne sont pas évidentes, pour huit personnes et deux personnes situées sur la rue», a expliqué Christophe Castaner.

La rue d'Aubagne un spectacle de désolation  (Photo Robert Poulain)
La rue d’Aubagne un spectacle de désolation (Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Julien Denormandie, le ministre en charge du Logement est arrivé à Marseille ce lundi après-midi, quelques heures après l’effondrement. «Deux immeubles se sont effondrés, le numéro 63 était sous un arrêté de péril qui fait qu’il n’était a priori pas occupé au moment du drame. Le numéro 65 lui, contient une dizaine d’appartements, donc il y a une dizaine de personnes ayant des baux, ce sont ces personnes dont nous sommes à la recherche, nous essayons de rentrer en contact avec les familles concernées pour essayer de déterminer si certaines sont sous les gravats», a détaillé le ministre. «L’urgence, poursuit-il, c’est de sécuriser ce site, de déterminer s’il y a ou non des personnes que l’on peut sauver, c’est ce sur quoi nous travaillons», a expliqué Julien Denormandie, assurant que le gouvernement prenait le problème des logements insalubres «à bras-le-corps».
Le maire de Marseille lors de son arrivée sur les lieux a lancé:
Le maire de Marseille lors de son arrivée sur les lieux a lancé:
«C’est gravissime», a lancé le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin venu immédiatement sur place. Précisant que «tous les efforts nécessaires seraient faits par la Ville pour reloger les habitants ». Plus tard dans un communiqué, la ville de Marseille déclare que «la priorité de la municipalité et de l’ensemble des équipes sur place est de secourir les éventuelles victimes qui pourraient être ensevelies dans les décombres.» Précise que l’immeuble situé au 63, de la rue d’Aubagne, propriété du bailleur Marseille Habitat, avait été muré et sécurisé afin d’en empêcher l’accès. L’immeuble, en copropriété, du 65, rue d’Aubagne avait fait l’objet, le 18 octobre dernier, d’une expertise des services compétents qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants. Par ailleurs, ces deux effondrements pourraient avoir fragilisé les immeubles voisins. Les services de la ville de Marseille, sous l’autorité du préfet de région et en lien avec le Bataillon de marins-pompiers, œuvrent actuellement à la sécurisation des lieux et des alentours. Les habitants impactés, dans l’impossibilité de regagner leur logement, sont invités à se rendre à la mairie des 1er et 7e arrondissements (61, La Canebière 13001 Marseille) afin que les services municipaux puissent leur proposer une solution de relogement. «Ce dramatique accident pourrait être dû aux fortes pluies qui se sont abattues sur Marseille ces derniers jours. Les autorités judiciaires sont sur place et procèdent à l’analyse des circonstances afin de déterminer les causes exactes de ce drame», indique la ville de Marseille.
Renaud Muselier, le président de la région Sud, s’est rendu sur les lieux du drame où il a tenu à échanger avec les riverains pour leur témoigner «mon absolue solidarité et leur dire que tout est mis en œuvre pour sécuriser le site, rechercher d’éventuelles victimes et reloger ceux qui en ont besoin». Le président de la région a évoqué neuf portés disparus : sept personnes habitant le 65 de la rue d’Aubagne qui sont «recensées manquantes» et «deux passants identifiés par la vidéosurveillance.»

Drame de la rue d’Aubagne : Marseille retient son souffle

Benoît Payan Président du groupe socialiste et Marie-Arlette Carlotti, ancienne ministre
Présidente du Haut Comité pour le Logement des Personnes Défavorisées, déclarent dans un communiqué commun : «C’est avec effroi que nous avons appris ce matin l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne. Comme de nombreux Marseillais, nous retenons notre souffle, et restons dans l’attente du travail difficile et dangereux des Marins-Pompiers de Marseille.» Saluent «le travail de ceux qui œuvrent en ce moment même pour notre sécurité : marins pompiers, policiers nationaux et municipaux, agents territoriaux, préfecture, sécurité civile. Certains risquent en ce moment leur vie pour chercher d’éventuels survivants.» Parlent de la colère des Marseillais «qui est légitime». Et d’expliquer: «Chacun connaît ici la situation du logement dégradé, insalubre et indigne à Marseille, et notamment en centre-ville. Chacun à en mémoire la terrible sentence du rapport Nicol qui révélait déjà en 2015 qu’un Marseillais sur 8 vit dans un logement qui représente un danger pour sa santé ou sa sécurité.» «Pour autant, alors que personne ne connaît le bilan humain de ce drame, l’heure reste à l’attente, et aux secours. L’heure n’est pas à la polémique, elle est à l’espérance, et à la décence. Le temps des questions et des éventuelles responsabilités viendra. Inévitablement», soulignent-ils

Mélenchon arrivé sur place à son tour

Jean-Luc Mélenchon a regretté avec l’accent de la sincérité l’indifférence des pouvoirs publics pour les conditions dans lesquelles sont logés les pauvres». «C’est les maisons des pauvres qui tombent, et ce n’est pas un hasard», a estimé le chef de file de La France insoumise et député de Marseille.

Ces immeubles effondrés, par quoi seront-ils remplacés ? Des résidences de standing ? Des hôtels de luxe ?

De son côté, Michèle Rubirola, (EELV), s’interroge «Au fil du temps, le quartier Noailles est devenu une véritable attraction touristique. Mais pour qui sait voir au-delà du pittoresque, le drame d’aujourd’hui n’a hélas rien de surprenant. Dans l’hyper-centre marseillais, combien d’immeubles vétustes, insalubres, dégradés ? Combien de familles logées dans des conditions indignes ? Tout cela saute aux yeux, depuis bien trop longtemps ! Allons-nous attendre, comme nous savons si bien le faire à Marseille, qu’un fait divers chasse l’autre pour tout oublier dès demain ? Allons-nous, comme d’habitude, passer très vite à autre chose ? Ou allons-nous enfin établir et mettre en œuvre un plan concret d’éradication des taudis ? Ces immeubles effondrés, par quoi seront-ils remplacés ? Des résidences de standing ? Des hôtels de luxe ? Les pauvres aussi ont droit à des logements dignes de ce nom !»

Marre des actions dans l’urgence après des drames, gérer c’est anticiper

Jean-Marc Coppola (PCF), conseiller municipal revient sur ce drame et déclare dans un communiqué : «Marre des actions dans l’urgence après des drames, gérer c’est anticiper. Les pouvoirs publics sont responsables. L’effondrement de 3 immeubles comme un château de cartes en centre-ville de Marseille, ce lundi matin, appelle tout d’abord au recueillement car il serait bien étrange qu’il n’y ait pas de victimes des immeubles effondrées et de la rue. Ce drame appelle ensuite à la solidarité avec tous les acteurs, sauveteurs qui se démènent pour retrouver des victimes et pour sécuriser le quartier. Solidarité aussi avec les voisins qui doivent être traumatisés et inquiets pour leurs propres conditions de logement. Solidarité et actions pour reloger les voisins à qui on ne peut assurer la sécurité.» «Cet événement gravissime, poursuit-il, appelle enfin des réponses en urgence sur les causes réelles de ce qui n’aurait jamais dû arriver. En urgence il s’agit que l’ensemble des pouvoirs publics État et collectivités locales établissent un état des lieux pour sécuriser les immeubles adjacents et leurs résidents. Que des investissements publics soient engagés pour rénover le quartier sans y chasser les habitants. Enfin se pose la question des choix politiques faits depuis des décennies par la municipalité qui a négligé ce quartier et bien d’autres et dont je peux qualifier qu’il s’agit d’abandon d’une grande partie de la population marseillaise au profit des plus privilégiés. Il y a urgence à faire d’autres choix politiques en arrêtant la privatisation de tous les espaces et équipements publics. Ce quartier n’a pas été une priorité car ses habitants sont des personnes modestes voire pauvres alors que l’action publique devrait plutôt d’abord aider ceux qui en ont le plus besoin.»
Patricia MAILLÉ-CAIRE

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