Marseille : le dîner du Crif marqué par l’intervention de Boualem Sansal

Publié le 15 juin 2013 à  3h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h38

(Photo D.R.)
(Photo D.R.)

Incontestablement l’intervention de Boualem Sansal, écrivain algérien, a été un moment fort, émouvant du dîner du Conseil consultatif des institutions juives (Crif) Marseille-Provence qui s’est tenu ce 13 juin. L’écrivain algérien s’est vu remettre à cette occasion la médaille de la Paix par le Crif. Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial, invité d’honneur de cette soirée, venu recevoir la médaille du Crif décernée à titre posthume à sa mère, Estée Lauder. Le président a tenu des propos sans concession contre l’islamisme et l’extrême droite. Alors que Michèle Teboul, la présidente du Crif Marseille Provence de rappeler avec gravité que : « l’affaire Merah n’est pas une affaire de plus.C’est un drame national, une catastrophe qui n’a pas fini d’ébranler notre pays. Il n’y a qu’à regarder la prolifération de violences conte les juifs qui ont suivi ces heures terribles ».

Boualem Sansal a obtenu en 2011 le prix du roman arabe pour Rue Darwin, explique Richard Prasquier, l’ancien Président du Crif. Mais la cérémonie est déprogrammée au dernier moment par le conseil des ambassadeurs arabes, mécène de ce prix. La raison ? Un voyage de l’auteur en Israël. « Heureusement certains membres du jury, au rang desquels Olivier Poivre d’Arvor n’acceptent pas cette décision. Une remise du prix est alors organisé aux éditions Gallimard ».

« Si les pays arabes vont mal, si l’Islam fait peur, en quoi Israël est responsable ? »
L’écrivain exprime son « immense honneur de recevoir cette médaille ». Salue Richard Prasquier qui est venu à la cérémonie organisée le 15 juin, chez Gallimard, pour lui remettre malgré tout le prix. « Un prix qui m’a été retiré par un jury antisémite et qui a la haine d’Israël. Ces gens me reprochaient d’avoir écrit sur la Shoah et Israël et avoir affirmé que cet État était légitime devant les Hommes et les Nations. Ils me reprochent d’être allé en Israël. C’est ridicule. Au contraire, c’est un pas vers la Paix, c’est participer à un dialogue avec l’espoir que les intellectuels arabes se libèrent de la peur de ceux qui dominent et terrorisent ».
Il précise : « Je suis allé en Israël en ami de la Palestine qui espère voir cette dernière devenir un État ». Mais cela n’a pas empêché le Hamas de condamner avec la plus grande violence cette venue. « Mais il n’a pas le droit de décider en notre nom. J’espère que nous serons nombreux à nous rendre en Israël et en Cisjordanie car le temps de la guerre et de l ’embrigadement est terminé ». Et de reconnaître les réussites d’Israël dans les domaines de la science, de la technologie, de la culture. « En quoi aimer la cause arabe qui impose de haïr Israël ? Si les pays arabes vont mal, si l’Islam fait peur, en quoi Israël est responsable ? ». Il poursuit : « Nous avons lancé à Strasbourg, avec David Grossman, un appel pour la Paix dans un contexte de culture de haine, de lâcheté. Les islamistes veulent la guerre, ils veulent entretenir un climat de terreur, prendre le pouvoir à l’usure. Ils ne veulent pas le bien des Palestiniens, ils ont besoin de leur souffrance. L’avenir des Palestiniens n’ait pas dans la guerre mais dans la Paix et cette dernière est plus que jamais possible à condition de vaincre la peur et la haine. Israéliens et Palestiniens habitent un lieu unique au Monde, capable d’offrir les trois religions du Livre à Dieu et qui peut donc offrir la paix aux Hommes ».

« Être debout, se dresser contre »
Michèle Teboul place son intervention sous le signe de la Hamida, « ce qui signifie : être debout au sens littéral et, plus profondément, nous enjoint de nous « dresser contre » ». Elle cite à ce propos Georges Steiner : « Le juif a été ce veilleur de nuit qui ne procure aucun repos mais qui, au contraire, arrache l’homme au sommeil des conforts ordinaires et de l’intérêt personnel ». Face à l’antisémitisme « nous avons des moyens, un engagement sans faille, une mémoire ancestrale. Nous devons nous dresser contre et aller partout où il essaie de faire des émules pour parler, enseigner ». Michèle Teboul rend à ce propos hommage à Alain Chouraqui qui préside aux destinées de la Fondation du camp des Milles « L’Unesco vient de reconnaître son importance en lui attribuant une chaire Unesco en partenariat avec l’université d’Aix-Marseille ». Elle avoue : « J’ai ce soir une pensée pour Clément Méric qui aurait dû pouvoir vivre longtemps en dialoguant et en portant les idées qui étaient les siennes ». Elle appelle l’État à se mobiliser : « Si des lieux de culte, des écoles juives sont pris pour cibles, nul ne doit oublier que ce sont des citoyens français qui sont menacés ». Elle conclut en rendant hommage à Ida Palombo, déportée, rescapée d’Auschwitz, qui vient de disparaître.

« Avec la globalisation la haine a fait le tour du monde »
Ronald Lauder, le Président du Congrès Juif Mondial souligne que sa mère avait un lien particulier avec la cité phocéenne car une partie de sa famille y vivait, avait été cachée dans des fermes lors de la 2e guerre mondiale. L’homme sait faire preuve d’humour : « Je viens d’apprendre que se trouvait là 52 synagogues, 52 conflits différents ». Mais c’est la gravité qui marquera son propos : « Avec la globalisation la haine a fait le tour du monde. Des extrémistes ont poussé des jeunes à commettre des crimes au nom de l’islamisme fanatique ». En Europe, avec la crise, l’extrême droite ne cesse de prendre de l’ampleur : « En Grèce on trouve l’Aube Dorée qui idolâtre Hitler. L’extrême droite fait également partie de l’échiquier politique en Bulgarie, en Hongrie, en Ukraine. Il faut agir contre ce qui se passe dans ces pays ». Puis , de dénoncer l’Iran qui finance le Hezbollah, le Hamas, qui veut détruire Israël. « Ce pays cherche toujours a obtenir l’arme nucléaire, pour l’en empêcher un seul moyen, les frappes militaires ». Mais, dans tous ces dossiers, il dénonce une « frilosité de l’Europe ». Enfin, comment omettre de signaler que certains ont éprouvé un sentiment de malaise après que l’assistance ait été invitée à se lever pour une standing-ovation au terme du discours du Michèle Teboul. Ce, à trois semaines d’une élection qui la verra affronter Denis Ouaki.

Michel CAIRE

Dans l’assistance on notait la présence de la ministre déléguée aux handicapés, Marie-Arlette Carlotti, du Préfet de Région et des Bouches-du-Rhône, Hugues Parant, qui, son départ venant d’être annoncé, reçu un hommage de Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille ainsi que de Michel Vauzelle, président de la région Paca ; du sénateur-président du conseil général, Jean-Noël Guérini, du président de la communauté urbaine MPM Eugène Caselli, du consul général d’Israël, Barnea Hassid, de Monseigneur Pontier, Archevêque de Marseille, de Morvan Zakarian, Primat du diocèse de France de l’église apostolique arménienne, de Mohamed Mousaoui, le président du C FCM ou encore Hassen Chalghoumi, l’imam de Drancy.

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