Marseille: les Scop mettent en avant leurs idéaux… et leur pertinence économique

Publié le 1 avril 2015 à  21h33 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h47

Une conférence pour mieux saisir les pertinences des Scop (Photo Philippe Maillé)
Une conférence pour mieux saisir les pertinences des Scop (Photo Philippe Maillé)

Les Sociétés coopératives et participatives (Scop), un système tout aussi pertinent que performant, telles sont les données qui ressortent de la conférence de presse de l’Union régionale des Scop Paca-Corse. Plus que les mots, quelques chiffres sont là pour le prouver : 2 252 Scop existent au niveau national et comptent 45 700 salariés pour un chiffre d’affaires de 3,9 milliards. En Paca, elles sont 256, pour 2 500 salariés et comptent de 2 à une centaine de salariés, avec une moyenne de 10 salariés. Ce secteur est dynamique puisque 263 Scop ont vu le jour en 2014 au niveau national (36 en Paca). Et surtout s’inscrivent dans la durée. Elles sont pérennes à 77% à 3 ans, contre 65% pour l’ensemble des entreprises; à 65% sur 5 ans contre 50%.
Plusieurs phénomènes expliqueraient cette durée, 69% des salariés qui travaillent depuis deux ans sont associés, sont plus impliqués dans la vie de l’entreprise. Et la répartition des bénéfices, autre spécificité des Scop, contribue à leur solidité. Nadine Richez-Battesti, Maître de conférences en Économie à l’Université d’Aix-Marseille, Directrice du Master 2 d’Économie Sociale et Solidaire précise à ce propos: «Ce modèle est basé sur le partage des fruits de la croissance, un partage favorable aux salariés puisque plus de 40% des résultats leur revient, autant est mis en réserve et seuls, 11% vont à la rémunération du capital». De confirmer: «Les études prouvent qu’il existe dans ce modèle une forte autonomie au niveau du travail qui a pour effet de procurer une plus grande satisfaction aux salariés et donc un engagement de meilleure qualité de la part de ces derniers. Ce modèle porte donc une véritable alternative dans la façon de redistribuer les richesses. En plus, contrairement aux grandes entreprises qui ont traditionnellement leur siège en région parisienne, les Scop montrent un attachement à leur territoire».
«Les Scop, poursuit-elle,œuvrent dans tous les secteurs, dans le tertiaire mais aussi dans l’industrie et on en trouve notamment qui tire leur épingle du jeu dans le domaine de l’énergie, traditionnellement réservé aux grandes entreprises nationales lorsqu’il ne s’agit pas de multinationales».
Elle tient également à mettre l’accent sur la créativité des Scop, en témoigne la création des Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (SCIC) et des Coopératives d’Activités et d’Emploi (CAE). Elle n’omet pas de préciser que des Scop se créent mais aussi des entreprises sont reprises en Scop: «Le patron, au moment d’arrêter son activité, cède l’entreprise à son personnel. C’est une réponse à un phénomène important en Paca, celui de la reprise des entreprises». Elle conclut son propos : «La Scop est politique dans son idéal de construire une République coopérative. C’est l’exemple de la démocratie dans le monde du travail puisque le système repose sur le principe d’un Homme, une voix».
Alain Maïssa, président de l’Union Régionale des Scop Paca-Corse, s’inscrit pleinement dans ces propos, ajoute: «si on a mis en avant la pérennité des Scop à 3 et 5 ans, il en va de même à 20 ans, puisque 23% sont pérennes contre l8% pour les entreprises classiques. De plus, elles créent actuellement 4% d’emplois dans une société où, malheureusement, on en perd». Il souligne: «Notre moteur économique réside dans le fait qu’une de nos finalités est de satisfaire les besoins de nos membres et la prise en compte de la fonction sociale du travail. Résultat, le taux d’absentéisme est très faible et il n’y a quasiment jamais de conflits sociaux».

«Notre chiffre d’affaires est de 10 millions d’euros»

Franck Rossi préside le Conseil d’administration de la société de lamanage du grand Port de Marseille, présente à ce titre sur les sites de Fos, le plus important, mais aussi de Marseille et de Port de Bouc. Cette Scop a vu le jour en 1946 et compte aujourd’hui 96 personnes dont 81 associés. Il explique dans un premier temps le lamanage: «Il s’agit de récupérer les amarres des navires, à l’aide d’embarcations spécialisées et de les amarrer, puis de les désamarrer lorsqu’ils partent. Ces opérations ont lieu quand les navires arrivent au port et lorsqu’ils en partent. Ayant une obligation de service public, notre personnel reste à bord le temps que le bateau reste à quai pour assurer la sécurité si l’amarrage casse, le réparer, aider l’équipage. L’activité est ainsi assurée 24 heures sur 24 ». «Notre chiffre d’affaires est de 10 millions d’euros et nous réalisons 17 000 opérations par an sur nos trois stations de Marseille, Port de Bouc et Fos », précise-t-il. Une société qui ne cesse de se développer et de se diversifier et qui assure ainsi, en dehors de son sœur de métier, le transport des voitures et des camions vers le Frioul ou encore les navettes maritimes vers l’Estaque et la Pointe Rouge.
Michel CAIRE

A propos des Scop

Les Scop, Sociétés coopératives et participatives, désignent les entreprises à statut Scop (Société coopérative de production) et à statut Scic (Société coopérative d’intérêt collectif). Soumises à l’impératif de profitabilité comme toute société commerciale, elles bénéficient d’une gouvernance démocratique et d’une répartition des résultats prioritairement affectée à la pérennité des emplois et du projet d’entreprise. La solidarité étant une de leurs valeurs fondamentales, elles ont mis en place, grâce à des cotisations, une Délégation régionale capable de répondre à leurs besoins tant en termes de conseils que de financement.

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