Marseille: restaurateurs, gérants de discothèques, bars, salles de sport veulent rouvrir pour ne pas fermer définitivement

Publié le 27 novembre 2020 à  12h00 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h20

Quelque 5 000 personnes ont battu le pavé dans les rues de Marseille, restaurateurs, gérants de discothèques, bars, salles de sport et commerçants ainsi que des élus, au premier rang desquels Renaud Muselier et Martine Vassal, pour demander la réouverture immédiate de tous les établissements.

Les mondes économique et politique sur une même estrade (Photo Michel Caire)
Les mondes économique et politique sur une même estrade (Photo Michel Caire)
Les représentants de la majorité municipale de Marseille dans la manif  (Photo Michel Caire)
Les représentants de la majorité municipale de Marseille dans la manif (Photo Michel Caire)
Les gérants de discothèques, restaurants, bars... dans la rue  (Photo Mireille Bianciotto)
Les gérants de discothèques, restaurants, bars… dans la rue (Photo Mireille Bianciotto)

Au terme de la manifestation du grand Sud et Corse – qui a rassemblé quelque 5 000 personnes- pour exiger la réouverture des cafés, restaurants, Bernard Marty, président de l’UMIH13 sort de la préfecture de région à Marseille, après une rencontre avec Christophe Mirmand, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il ne cache pas son insatisfaction: «Nous avons mis le Préfet en difficulté. Nous voulons la réouverture et nous l’avons dit haut et fort. Il a parlé d’une clause de revoyure le 15 décembre, nous avons refusé, c’est beaucoup trop tard. Et nous n’allons pas nous contenter de cette manifestation avec nos amis du sport, de l’événementiel, nous serons obligés de monter sur Paris, de faire entendre notre mécontentement». En revanche, il se félicite de la mobilisation: «Les mondes économique et politique étaient réunis pour dire que nous n’allons pas nous satisfaire des aumônes du gouvernement et d’un PGE qui n’est jamais qu’une dette qu’il faudra payer». Et d’ajouter: «Peut-on vivre sans le « non » essentiel ? La réponse est non. Alors nous voulons une vie protégée de la Covid avec des commerces ouverts. Car, sans nos cafés, nos restaurants, nos commerces « non » essentiels nous vivrions dans des villes fantômes. Alors je demande à l’ensemble du monde politique de prendre position en faveur de la réouverture».

«Défendre les restaurants, les cafés, c’est défendre l’ensemble du commerce de centre-ville»

Jean-Luc Chauvin, le président de la CCIAMP, tire le signal d’alarme: «Défendre les restaurants, les cafés, c’est défendre l’ensemble du commerce de centre-ville, les centres-villes eux-mêmes. En effet, lorsque les cafés restaurants ont fermé le 25 septembre on a assisté à une chute de 70% du chiffre d’affaires en centre-ville. Il faut que ces établissement puissent rouvrir. Il n’est pas imaginable et encore moins admissible de laisser fermer 25 à 30% des commerces de centre-ville. D’autant qu’aucune étude ne laisse voir qu’il y ait eu des clusters dans les cafés et les restaurants alors laissons-les au moins travailler le midi. Le Gouvernement doit mesurer à quel point le mois de décembre est important pour eux avec les repas de fêtes mais aussi les repas d’entreprise». Et d’ajouter: «Les chefs d’entreprise sont des gens responsables. Nous sommes là pour protéger nos salariés, nos clients mais aussi nos entreprises et là nous avons un sentiment d’inégalité, on veut pouvoir travailler». Et de ne pas cacher son émotion en évoquant un gérant d’établissement de nuit: «qui n’a plus les moyens de nourrir sa famille, ce sont des amis restaurateurs qui lui viennent en aide. Et cela se passe en France, au XXIe siècle».

«De nombreuses voix se sont élevées pour faire entendre la détresse des gens»

Corinne Innesti, Présidente de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) des Bouches-du-Rhône revient sur la rencontre en Préfecture: «Nous nous sommes tous exprimés, Renaud Muselier et Martine Vassal compris, pour faire remonter le sentiment de détresse, d’incompréhension des cafetiers et restaurateurs. Pourquoi le virus circulerait dans les restaurants et pas dans les cantines? Comment ignorer que ces professions, avec l’UMIH, ont fait de nombreux efforts et sont d’accord pour en faire encore plus? Ils doivent rouvrir. De nombreuses voix se sont élevées pour faire entendre la détresse des gens, donner des exemples de personnes qui ne peuvent plus se payer, de la vague de dépôt de bilan qui arrive. Et lorsque l’on dépose le bilan on perd son commerce, une partie de sa vie et, en plus s’il y a dette sociale, elle vous reste acquise. Il faut changer cela. Et puis, il y les discothèques, quelles perspectives ont-elles? Bien sûr le Président de la République a annoncé des aides renforcées mais elles ne couvrent qu’une partie des frais. Emmanuel Macron avait évoqué un soutien « quoi qu’il en coûte »… hé bien nous n’y sommes pas».

«Une année de la gastronomie dans un cimetière de restaurants risque de ne pas aller bien loin»

Vincent Gaymard, vice-président de l’UMIH 13 parle d’un secteur hôtelier en grande souffrance avec peu de clients: «D’ailleurs à Aix-en-Provence 50% d’entre eux ont fait le choix de fermer». Il en vient à la restauration: «On a l’impression que la Covid circule plus vite dans nos assiettes que dans celles des cantines scolaires ou d’entreprises». «Pourtant, insiste-t-il, nous respectons le protocole quoi qu’il en coûte et nous sommes d’accord pour aller plus loin si nécessaire». Et lorsqu’on évoque une année de la gastronomie française en 2021 la réponse fuse: «Entre 7 et 8 établissements ferment sur le seul Vieux-Port de Marseille et les menaces de dépôt de bilan sont de plus en plus grandes. Alors, une année de la gastronomie dans un cimetière de restaurants risque de ne pas aller bien loin».

«Nous avons l’impression d’être les dindons de la farce»

Tandis que Nicole, commerçante dans le centre-ville de Marseille considère: «On a l’impression que nos gouvernants pédalent dans la choucroute; qu’il n’y a aucune anticipation et que les restaurants et les cafés sont sacrifiés sans aucune raison. Car, combien de clusters dans ces établissements sont-ils dénombrés ? Aucun. Et on ne me fera jamais croire que ces lieux sont plus dangereux que les transports en commun ou les grandes surfaces. De plus en fermant ces établissements le gouvernement semble ignorer qu’il met à mal toute une filière qui part de l’agriculteur, passe par l’industrie agro-alimentaire, les transporteurs, les viticulteurs… Et, pendant ce temps, où sont les efforts de l’État en faveur de l’hôpital? Nous avons l’impression d’être les dindons de la farce». Daniel est à la tête de boulangeries dans plusieurs villes du département dont Marseille. Pour lui: «Le premier confinement a été affreux, tout particulièrement sur Marseille. Nous étions obligés d’être ouverts et nous n’avions quasiment pas de clients. Le deuxième confinement a été un peu moins compliqué mais nous avons senti que les gens n’y étaient plus». Et d’en venir à la manifestation: «Ce n’est vraiment pas dans notre ADN de manifester, mais là nous attendons un peu de justice, un peu d’écoute. Qu’est-ce qu’il y a de juste à fermer des restaurants qui respectent toutes les règles sanitaires? Ils ont fait des efforts, tous les commerces font des efforts pour s’adapter. Quel effort a accompli l’État entre les deux confinements en matière de soins, de lits hospitaliers?».

«Il vaut mieux être un petit commerçant français qu’italien ou espagnol..

Pour Guillaume Sicard, président de la Fédération Marseille centre: «Rouvrir est un vrai soulagement. Nous, nous sommes là en soutien aux cafetiers et restaurateurs car un centre-ville, sans de tels établissements, ne fonctionne pas, et c’est d’autant plus important pour tous nos commerces que nous savons déjà que nous allons vivre un mois de décembre différent de tous les autres, moins festif». Il ajoute: «Il importe également de dire que, pour les petites structures, les aides de l’État ne sont pas négligeables et qu’il vaut mieux être un petit commerçant français qu’italien ou espagnol».

«Je demande une clause de revoyure sanitaire au plus tôt»

Renaud Muselier, président LR de la région Sud et président des Régions de France déclare: «Avec l’UMIH France et les représentants du monde économique de la Région nous manifestons ensemble. Ils sont des travailleurs qui veulent travailler, en respectant les protocoles sanitaires. Faisons-leur confiance ! Je demande une clause de revoyure sanitaire au plus tôt». Martine Vassal, la présidente LR du département 13 et de la métropole Aix-Marseille Provence participe également à la manifestation: «Avec mes amis politiques et tous les acteurs de l’économie de ce territoire, nous faisons bloc pour éviter que ces professionnels ne sombrent totalement». Elle indique encore: «J’ai une pensée pour ceux qui se lèvent pour aller travailler, les cuisiniers, les plongeurs, les étudiants qui payent leurs études comme serveurs. Nous serons toujours à leurs côtés pour qu’ils puissent retrouver un quotidien normal. Leur vie et celle de leur famille en dépend». Tandis que Michèle Rubirola la maire Printemps Marseillais de Marseille annonçait: «Je vais écrire au Président de la République pour lui dire que les mesures sanitaires prises par les restaurateurs sont aussi strictes que dans la restauration collective. Car, c’est leur intérêt économique : ils doivent pouvoir travailler au moins le midi, dès cette semaine».
Michel CAIRE

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