Marseille : une Cellule de citoyenneté et de tranquillité publique qui obtient des résultats en conjuguant gravité et humanité

Publié le 11 mars 2015 à  22h30 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Une douzaine de mineurs issue de différents quartiers de Marseille a été appelée à s'expliquer de la Cellule de Citoyenneté et de Tranquillité Publique de la ville de Marseille (Photo Robert Poulain)
Une douzaine de mineurs issue de différents quartiers de Marseille a été appelée à s’expliquer de la Cellule de Citoyenneté et de Tranquillité Publique de la ville de Marseille (Photo Robert Poulain)

Les familles sont installés au sein de la mairie centrale de Marseille, elles attendent de passer devant la Cellule de citoyenneté et de tranquillité publique (CCTP) de la Ville qui permet de convoquer plusieurs mineurs et leurs parents pour un rappel à l’ordre solennel. Pour cette quatrième séance, une douzaine de mineurs issue de différents quartiers de Marseille a été appelée à s’expliquer. «Ici, c’est un cours d’éducation, une dernière chance, sachant que nous allons vous aider si vous avez envie de vous en sortir. Mais nous avons besoin d’avoir des engagements citoyens», explique Caroline Pozmentier. l’adjointe au maire déléguée à la Sécurité Publique et à la Prévention de la délinquance qui, pour l’occasion, afin de signifier toute la solennité du moment, porte son écharpe tricolore. Elle est entourée de représentants de la Magistrature, des polices nationale et municipal, de l’Éducation Nationale qui, tous, à tour de rôle, interviennent, avec rigueur et humanité. Au terme de la rencontre, les jeunes sont appelés à se lever pour entendre un rappel solennel à l’ordre. Il est l’heure de sortir, de quitter ce lieu lourd du décorum de la République. Si des jeunes, parfois leurs parents, restent dans le déni, la plupart exprime leur honte, leur envie qu’une telle situation ne se reproduise plus. Il est même des mères qui élèvent seules leurs enfants, qui expriment un soulagement, enfin, elles ne se sentent plus seules, face à des situations trop complexes.

Les trois premières séances affichent un résultat nettement positif

Et les résultats sont là. Les trois premières séances affichent un résultat nettement positif : 75% des mineurs absentéistes convoqués ont repris une scolarité normale; les 25% restant ont fait l’objet de mesures renforcées dans le cadre du droit commun (placement, changement d’établissement, aménagement des horaires); les mineurs convoqués pour des faits de trouble à l’ordre et la tranquillité publique n’ont pas été à nouveau signalés par les forces de l’ordre.
«Ici, nous travaillons sur l’infra-judiciaire, explique Caroline Pozmentier, nous sommes soit face à de l’absentéisme, soit face à des troubles à l’ordre et la tranquillité publique qui conduisent à un sentiment d’insécurité qui s’accompagne de celui d’impunité. en ces lieux, nous faisons des rappels à l’ordre, à la responsabilité familiale».
Et de rappeler que, conformément à la loi, le maire de Marseille peut prononcer une mesure de réparation (équivalent d’un Travail d’intérêt général) en cas de dégradations sur le patrimoine municipal et proposer un soutien éducatif et parental aux familles dont les enfants s’éloignent prématurément du système scolaire.
Aujourd’hui, les jeunes, convoqués, sont accusés de s’être rendus dans des lieux interdits au public de la RTM. Un jeune a mis fin à sa scolarité, il nie les faits, soutenu par sa mère. Deux autres les reconnaissent. Le père du premier indique : «Je suis seul à élever mon enfant. Je ne comprend pas, je m’excuse». Le procureur s’adresse aux adolescents : «Vous avez de la chance que la RTM n’ait pas porté plainte car il y aurait eu sanction». Caroline Pozmentier invite celui qui nie les faits à reprendre ses études, lui propose, ainsi qu’à sa mère, une aide. Lance aux deux autres scolarisés : «Vous construisez votre avenir, vous préparez un beau métier. Oubliés les endroits interdits, saisissez-vous de la chance qui vous est donnée aujourd’hui».
Un autre cas, un jeune garçon dont l’intelligence marquera tous les membres de la cellule, ne va plus à l’école. «C’est un gâchis», lui lance le représentant de l’Éducation Nationale, «tu devrais réfléchir à la chance que tu as», insiste-t-il. Un autre intervenant invite son père à l’accompagner quotidiennement à l’école. Alors que l’adjointe au maire de lui conseiller à son tour : «Tu es intelligent. Si tu veux être libre et indépendant va à l’école».
La séance se termine, l’élue insiste sur l’originalité du système phocéen. « Non seulement, nous avons des cellules d’instruction en amont des dossiers. Mais surtout, après être passés par notre cellule, il existe un travail de suivi qui est réalisé grâce au concours de la CAF, du Conseil général… ».
Michel CAIRE

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