Marseille, une journée de la Mémoire de l’esclavage ‘au rabais’

Publié le 12 mai 2022 à  10h08 - Dernière mise à  jour le 6 novembre 2022 à  10h39

15 ans après la création de cette journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, la date du 10 mai ne semble toujours pas être inscrite sur les agendas des officiels. Maire, préfet, président de région se sont fait représentés d’où la colère de Martin Carvalho président d’honneur du Collectif Paca pour la mémoire de l’esclavage. «Depuis 2008 le premier magistrat de Marseille n’a jamais assisté à cette cérémonie, c’est invraisemblable».

© Joël Barcy
© Joël Barcy

Marseille, une ville esclavagiste

Au même titre que Nantes et Bordeaux, Marseille fait partie des villes où ont transité des esclaves. La cérémonie sur le Vieux-Port en était le symbole. Depuis 2006, cette journée est dédiée à une réflexion civique sur le respect de la dignité humaine et la notion de crime contre l’humanité. La France a été le premier État à déclarer la traite négrière et l’esclavage «crime contre l’humanité ». Cela devrait être une fierté mais visiblement non, en tout cas si cette cérémonie se mesure au nombre et à la qualité des autorités présentes. Cela n’est pas passé inaperçu. Dans son discours le président du collectif pour la mémoire de l’esclavage s’est fait fort de dénoncer cette absence de reconnaissance. Cette journée au rabais. «Comment expliquez-vous que jamais depuis 14 ans le maire de Marseille n’a assisté à cette cérémonie. Le passé de la ville est pourtant marqué par l’esclavage». Il aurait pu ajouter, il n’a que le quai du port à traverser. Au-delà Martin Carvalho a dénoncé «l’esclavage moderne qui existe dans de nombreux pays et le traitement infligé aux étudiants africains qui voulaient quitter l’Ukraine».

Les enfants mobilisés

L’école primaire Amasie avait elle, bien noté ce rendez-vous du 10 mai. A la clé une saynète «Un dialogue de la Société des noirs et Olympe de Gouges». L’occasion pour ces jeunes de découvrir un personnage de l’Histoire à travers cette rédactrice de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et militante pour l’abolition de l’esclavage. Pour Henna: «L’esclavage est un passage de l’histoire horrible et c’est important de s’en rappeler, de lutter». Zayane a relevé que «grâce à Christiane Taubira l’esclavage a été retenu comme crime contre l’humanité». Fatima Baziz, Leur professeure, est surprise par leur investissement. «En une semaine et demie ils savaient tous les textes par cœur».

« Il faut plus de fraternité »

Le consul général du Sénégal, Abdourahmane Koïta, regrette que cette journée ne soit pas commémorée dans toutes les communes. «L’esclavage a fait des millions de victimes, cela a été un vrai désastre, les difficultés de l’Afrique sont encore liées à ce passé. Nous sommes dans un tournant. On assiste à un repli sur soi. La fraternité doit d’autant plus être mise en avant…» Verra-t-on le maire de Marseille assister aux cérémonies l’année prochaine, après ce coup de gueule du président du collectif pour la mémoire de l’esclavage ? Ce serait en tout cas justice pour tous ceux dont les ancêtres sont passés dans les cales des bateaux de la cité phocéenne. Reportage Joël BARCY

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