Publié le 1 septembre 2019 à 11h44 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h08
Les petits Marseillais sont de plus en plus nombreux à emprunter le chemin de l’école, alors que les établissements se délitent ou manquent simplement à l’appel. Comment la mairie va gérer cette nouvelle rentrée scolaire, sachant que le gouvernement fixe aussi ses impératifs, et parmi ceux-ci le dédoublement de certaines classes ?

Le dédoublement des classes, un mouvement complexe
Ainsi, il faut construire… Ce ne sera pas un problème d’argent, aux dires de l’adjointe aux écoles, le budget s’élevant à près de 40 millions d’euros en 2019. A savoir que pour le fonctionnement de chaque école, la Mairie, comme d’autres communes, verse un forfait de 38 à 42 euros, en zone REP et REP+ . Mais les parents contribuent largement au budget, puisqu’«il leur est demandé chaque année entre 17 et 20 euros par enfant», souligne encore Séverine Gil. Si le bât blesse, c’est plutôt dans le domaine des moyens humains : il manque cruellement d’ouvriers et de techniciens pour évoluer sur ces chantiers, voire encadrer les entreprises sous-traitantes. C’est pourquoi une campagne de recrutements de contractuels vient d’être lancée. Autre point complexe, le manque de locaux. Mais Danièle Casanova se veut optimiste, mettant en avant un audit des écoles actuellement en cours. «Nous allons pouvoir agrandir les locaux, en récupérer, par exemple les logements de fonction qui ne sont plus occupés puisqu’il n’y a plus d’instituteurs… Une future respiration pour les classes que nous n’avons pas pu séparer, qui travaillent en co-enseignement». C’est le cas de 174 classes sur 444. Un autre sujet d’importance pour Séverine Gil : «Le dédoublement est forcément une bonne mesure, que la MPE 13 demande depuis longtemps. Malheureusement, à Marseille, il ne se fait pas dans des conditions normales. Parfois, deux enseignants se retrouvent dans une même classe. Et donc, il n’y a pas de place, d’autant que la classe doit s’équiper pour travailler en groupe, les élèves et les professeurs doivent aussi pouvoir bouger… or les locaux sont trop exigus». Des questions à régler, alors que le gouvernement mitonne pour les mairies un nouveau «devoir de vacances» : le dédoublement de la grande classe de maternelle pour la rentrée 2020. Il faut donc des locaux, mais Danièle Casanova abat ses cartes : deux nouveaux établissements ouvrent leurs portes à la rentrée scolaire : l’école primaire Chanterelle dans le 1er arrondissement et le groupe scolaire Antoine Ruffi dans le 2e arrondissement. Par ailleurs, 51 écoles se trouvent à différents stades de construction, dont 14 qui, en 2019, feront l’objet de travaux d’agrandissements et d’extension. Parmi cette cinquantaine, les fameuses écoles GEEP… Pour ces dernières, la Mairie a prévu un Plan B. Pour mémoire, cela fait suite à l’annulation en justice de la délibération sur le Partenariat public privé (PPP) visant à les rénover. «On avait prévu que ce plan GEEP fonctionne dès cette rentrée. On ne peut pas attendre plus, on voit que dans ces écoles, cela ne fonctionne pas bien du tout. Si par hasard la justice finissait par nous donner tort, c’est nous en interne qui construirions ces 51 écoles, soit les 28 GEEP plus celles que l’on doit réaliser normalement. Pour ce faire, il nous faut recruter des techniciens, des ingénieurs, des architectes supplémentaires et étoffer nos possibilités de personnel Mairie afin de pouvoir accomplir ce … chef-d’œuvre».Des enfants qui n’ont pas le temps de manger
Et puis, outre la construction et l’entretien des écoles, la Mairie prend aussi la pleine mesure de son rôle éducatif, selon Danièle Casanova. En témoignent des dispositifs pour faire «accueillir les enfants de 7h30 à 18h, dans d’excellentes conditions éducatives, qui ne sont pas simplement de la garde». Et celle-ci d’évoquer la continuité de l’enseignement entre les centres aérés et le temps périscolaire, grâce à la charte qualité, encadrant le recrutement des animateurs Mairie, et la mise en place du Plan mercredi. Dommage pour Séverine Gil qu’il ait été si difficile d’y contribuer, faute de se voir proposer, en tant que parents salariés, des horaires de concertation permettant de s’y rendre sans avoir à poser une journée de congé. Elle dénonce par ailleurs le manque de places offertes à l’inscription, sur les centres aérés comme sur les écoles : «Je me souviens m’être levée à 4 heures du matin pour inscrire ma fille au centre aéré, je ne crois pas qu’aujourd’hui la situation ait changé». Autre domaine où l’amélioration est palpable, selon Danièle Casanova, la cantine scolaire. «Depuis des années, nous faisons un énorme effort sur la restauration des enfants, nous leur servons des légumes de saison, cultivés à Carpentras ou très près», ce pour un prix de 3,67 euros par tête, en tarif plein. Ainsi, 50 000 repas sont servis chaque jour, à destination de 68 000 enfants inscrits. Parmi ces derniers, 15 000 en tarif réduit… Mais pour Séverine Gil, une fois encore, le système est largement perfectible. «On a monté un système de restauration collective gigantesque, avec une multinationale énorme, des contrats énormes, et du coup, peu de latitude». Le plus grave étant que certains enfants n’ont pas le temps de manger. «Comme il y a trop d’élèves sur le temps de cantine, on va jusqu’à 3, 4 services. Et quand vient 13h30, certains n’ont pas fini leur repas. C’est inacceptable, c’est de la maltraitance». De son côté, le personnel municipal «fait ce qu’il peut, craque la plupart du temps. Ils en ont marre de ne pas être assez nombreux pour aider les enfants à manger correctement, notamment en maternelle». Personnel des écoles qui, depuis lundi, est rentré «pour faire le grand ménage, les écoles ayant été fermées pendant 2 mois», reprend Danièle Casanova, regrettant les 400 personnes absentes à ce retour de vacances. Mais comment s’en étonner au vu des conditions de travail décrites juste au-dessus par Séverine Gil…Inclusive, vraiment ?
Enfin, dernier impératif posé par le gouvernement, l’école inclusive, c’est à dire la possibilité des élèves en situation de handicap de faire eux aussi leur rentrée, notamment en école traditionnelle. Pour cela, le ministère a mis en place une cellule d’écoute des parents, leur permettant de savoir à quelle école s’adresser. A Marseille, cette cellule existe mais étrangement, son organisation n’est pas dévolue au service des affaires scolaires… Ainsi, elle ne dépend pas de Danièle Casanova, mais de Patrick Padovani, adjoint au handicap. Pas très « inclusif », pour le coup… Or, note enfin Séverine Gil, «il y a de plus en plus d’enfants dans ce cas. Et des enfants qui ne sont pas accueillis ou mal accueillis, sans AVS (Auxiliaire de vie scolaire, NDLR)… Alors, pour ce qui est de la façon dont sera mise en œuvre l’école inclusive, on verra les actes. On a trop de parents qui sont dans une détresse totale. On l’entend unanimement, on rétorque aux parents d’enfants en situation de handicap qu’ils sont trop dans la sensibilité, dans l’empathie, et souvent qu’ils ne sont pas les plus aptes à prendre les décisions pour leurs enfants. Je trouve cela scandaleux. Les parents sont les plus aptes à accompagner leurs enfants. Je trouve qu’on ne les écoute pas assez et qu’il y a un respect à avoir pour ces personnes-là. C’est un combat qu’ils mènent au quotidien, pour l’enseignement, pour les transports, pour tout». Carole PAYRAU![]() ![]() |
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