Méditerranée: Il était une fois Hollyworld *

Publié le 24 janvier 2015 à  21h57 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h36

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Il était une fois une petite île qui se trouvait à 2 miles nautique d’une vraie ville, je veux dire une grande ville de plusieurs centaines de milliers d’habitants, une ville bénie des dieux par son environnement climatique ensoleillé et sec et la diversité des populations qui la composent, une ville pétrie d’histoire, blanche la journée et, rosée le soir. On dit que les habitants d’une ville sont souvent à l’image du climat dans le lequel ils baignent mais on ne sait pas vraiment si ce n’est pas le climat qui finit toujours par caractériser les habitants à la hauteur de ses caprices.
Nous sommes en 2030, l’île est devenue un site de pèlerinage et de tourisme culturel à la mode pour toutes les communautés religieuses depuis que le maire de la vraie ville a eu la bonne idée de construire, sur ce petit bout de terre désertique, 4 lieux de la foi.
J’ai oublié de vous dire qu’un décret administratif ne permet plus depuis 10 ans déjà, la construction sur le territoire national de nouveaux lieux de culte, les autorisations pour ces derniers, a l’instar des jeux de casinos, jouissent désormais de dérogations distribuées au compte-gouttes. Les événements du 11 janvier 2015 ont bouleversé les rapports à la religion, alors les autorités du pays ont accéléré le déploiement d’expériences originales sur tout le pays. C’est ainsi que l’aménagement d’un site multi cultes ultra moderne, dessiné par le célèbre architecte Mahmoud Ben aoud, a pu voir le jour. Baptisé « Hollyworld » en 2025, il a fait la une des journaux à Alger, Doha, Téhéran, mais aussi à New York, Londres, Paris, Tel Aviv et Katmandou. L’originalité de ce site est qu’il permet, sur un même lieu physique, aux 3 communautés religieuses monothéistes (Christianisme, Judaïsme, Islam) de pratiquer leur culte, Indoor et Outdoor. Grande première, une imposante sculpture en bronze de Bouddha a été également érigée dés l’origine, afin de permettre aux adeptes de cette religion Polythéiste (très en vogue en Occident) de vivre leur spiritualité en toute quiétude. Une enquête sérieuse menée sur le terrain auprès de 1 000 visiteurs et fidèles 3 ans après l’ouverture du site, a révélé que le fait de croiser des visiteurs de confessions différentes sur un même lieu conférait un fort attrait au lieu et favorisait le déplacement en famille. L’île est trop étroite pour qu’on y passe plus de 24 heures et puis de toute façon il n’y a pas d’infrastructures hôtelières, c’est pourquoi la municipalité a prévu un système de navettes grandes vitesse à partir de plusieurs points d’entrées de la cité, la réservation se fait par internet et les flux ne désemplissent pas de jour comme de nuit. Hollyworld est devenue en moins de 3 années le site le plus visité de la ville avec 3 millions de visiteurs/an. Sur l’île, des agoras de fortune en plein air se sont structurés au fil de l’eau avant d’être transformés et emménagés au bénéfice du succès, en Amphithéâtres antiques disposant d’un niveau de services haut de gamme (grands écrans, bornes interactives, etc.).
Régulièrement invités par les organisateurs, des écrivains, des penseurs, des philosophes et des religieux du monde entier se donnent maintenant rendez-vous à Hollyworld pour expliquer, débattre, échanger sur des idées ou des visions du monde pour le plaisir d’un public hétéroclite et curieux de 5 à 85 ans. Un réseau haut débit permet à des centaines d’institutions scolaires et universitaires du monde entier de suivre en direct les cycles de conférence et/ ou des Master Class.
Le concept marketing a été bien pensé avec un lieu d’exception qu’est la Méditerranée, une signature architecturale réfléchie mêlant les influences troglodytique, arabesque et utopique, au service d’une offre pédagogique puissante et ludique autour du Sacré. Ce concept est unique au monde ! Une fois l’effet de surprise estompée, la curiosité et le questionnement prennent le relais en douceur au fil des comportements et des échanges avec l’Autre, que l’insularité du site accentue. L’attache au quartier ou à la communauté d’origine étant physiquement rompue, le champ des communs s’élargit et nourri celui des possibles. Si les bonnes paroles tentent à rester sans lendemain, peu importe car à partir du moment ou un lien et un contact ont eu lieu entre deux ou plusieurs êtres de religions différentes, les fondations pour vivre ensemble demeurent.
Récemment, une personnalité américaine très connue du monde des médias et d’internet aurait été aperçue sur Hollyworld, en train de discuter au sein d’un groupe de dignitaires religieux, il se murmure qu’un projet similaire pourrait voir le jour sur un petit bout de rocher au sud de la Bay Area de San Francisco, mais impossible d’en savoir plus pour le moment…
On envie toujours au voisin ce dont on ne dispose pas, mais un rien d’intelligence et d’imagination sur un petit bout de terre, peut produire d’immenses résultats !
Pierre DISTINGUIN – spécialiste des questions d’attractivité en Méditerranée

*Hollyworld se traduit dans ce contexte «Le Monde sacré ». Cette histoire est fictive ! Tous les personnages et organisations citées dans cette histoire se rapportant à des noms et à des faits réels ne seraient que pures coïncidences.

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