Métropole Aix-Marseille-Provence : Jean-Claude Gaudin président… peut-être

Publié le 10 novembre 2015 à  0h58 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h44

Cela n’a pas été la Saint-Barthélémy des illusions métropolitaines, mais pas loin. Au terme d’un débat houleux, d’une vraie-fausse interruption de séance, Jean-Claude Gaudin (LR) a été élu, par 119 voix sur 169 votants, président de la métropole. Maryse Joissains (LR), maire d’Aix-en-Provence, opposante au projet métropolitain, a annoncé qu’elle allait saisir le Président de la République, des recours seront également déposés.

Jean-Claude Gaudin, premier Président de la métropole Aix-Marseille-Provence (Photo Robert Poulain)
Jean-Claude Gaudin, premier Président de la métropole Aix-Marseille-Provence (Photo Robert Poulain)
Sylvia Barthélémy et Maryse Joissains une même tribune pour 2 visions différentes de la métropole (Photo Robert Poulain)
Sylvia Barthélémy et Maryse Joissains une même tribune pour 2 visions différentes de la métropole (Photo Robert Poulain)

Une plénière a été convoquée pour ce lundi 9 novembre, par Sylvia Barthélémy, la présidente de l’agglo d’Aubagne et du pays de l’Étoile. Elle doit porter Jean-Claude Gaudin à la présidence de la métropole. A la suite de décisions de justice la réunion est annulée, jusqu’à ce que Maryse Joissains décide, en tant que doyenne des présidents d’EPCI, qu’elle devait avoir lieu. Cela fut sans doute son erreur.
Maryse Joissains, dans un premier temps, revient sur le feuilleton juridique : le tribunal administratif de Marseille a suspendu ce vendredi 6, deux arrêtés préfectoraux fixant le nombre et la répartition, entre les communes, des sièges de la future métropole ainsi que sa composition. Les deux arrêtés étaient attaqués, en référé, par quatre communes : Eguilles, Cabriès, Gardanne et Pertuis qui estimaient que la composition du futur conseil métropolitain, 240 sièges, conduisait à une sous-représentation des communes de 15 à 20 000 habitants. Le président du tribunal administratif de Marseille avait pour sa part affirmé, le samedi 7 novembre, que la suspension des deux arrêtés préfectoraux «faisait obstacle provisoirement à la mise en place des instances de la future métropole». Place est donnée au débat. Arguments contre arguments. Il y a ceux, tel le maire de Gémenos, qui expriment leur opposition à la métropole. «Le gouvernement nous l’a imposée. Nous avons perdu. Votons. Il reviendra à la justice de décider ensuite». Il y a les pro-métropole, qui jugent que la décision n’est pas suspensive et que la convocation implique le respect de l’ordre du jour est-ce à dire: l’élection du président et la détermination du nombre de vice-présidents sans oublier la levée de bouclier de Maryse Joissains qui s’y oppose «au nom du respect de la justice». Elle entend conclure la réunion, se retrouve avec un micro coupé. Elle réussit malgré tout à annoncer la clôture de la séance… Maryse Joissains est ignorée. Appel est alors fait au deuxième doyen d’âge parmi les présidents d’EPCI, Guy Teissier (LR), le président de MPM, qui invite à poursuivre.

«Ce qui vient de se passer est grave, on s’assoit sur une décision de justice»

Maryse Joissains sort ainsi accompagnée d’une cinquantaine d’élus. Parmi eux le maire UDI d’Eguilles, Robert Dagorne pour qui : «Ils se font une métropole entre eux. En ce qui me concerne, je respecte la décision de justice, je ne prends pas part au vote». Gaby Charroux, le maire communiste de Martigues retire sa candidature à la présidence en lançant : «Nous vivons là un putsch, un coup de force».
Pour Maryse Joissains : «Ce qui vient de se passer est grave, on s’assoit sur une décision de justice». «Jean-Claude Gaudin, précise-t-elle, a fait des promesses aux maires, aux présidents d’EPCI… oralement. Nous n’attendions qu’une chose, qu’elles soient écrites, tel n’a pas été le cas». Elle lance: «Je rentre chez moi, je vais respirer»

«Cette métropole nous a été imposée sans concertation par le gouvernement»

Pendant ce temps, la séance se poursuit. René Raimondi (PS), le maire de Fos-sur-Mer avance: «Je me suis battu contre la métropole. Je comprends l’ensemble des participants, un président doit être élu car il doit aller négocier auprès du gouvernement un moratoire d’un an pour la mise en place de la métropole». Samia Ghali, PS, Sénateur-maire des 15/16 va dans le même sens : «Il est important qu’une délégation d’élus se rende auprès de madame Lebranchu pour parler des moyens. Car, sans moyens nous ne pourrons rien faire». Puis, interviendra, la présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal: «Nous devons penser à nos habitants. Cette métropole nous a été imposée sans concertation par le gouvernement. Élisons le président et mettons nous au travail. Jean-Claude Gaudin est l’homme du consensus. Le Président de la République doit entendre, respecter sa parole, ses engagements». Jean-Claude Gaudin est finalement très largement élu face à un candidat surprise, Hervé Fabre-Aubrespy, maire LR de Cabriès, auteur de l’un des recours devant le Conseil d’État; candidat «au nom des autres maires que celui de la ville centre»
L’après-midi, Jean-Claude Gaudin reviendra sur son élection, les conditions dans lesquelles il a été élu. Il considère : «Le Président du tribunal administratif a été imprudent avec ses déclarations. Même si cela m’a contrarié, j’avais accepté l’idée d’un renvoi jusqu’à ce que l’on vienne me dire que la réunion était maintenue. Maryse Joissains est venue, elle a pris la parole, avant de vouloir lever la séance mais, ce n’est pas comme cela que les choses se passent. D’autant que les élus voulaient que cette affaire se termine, qu’un président soit élu. Ils ne veulent pas des recours, ils veulent que le patron prenne des engagements et s’y tienne». Concernant la légalité du vote matinal, il affirme : «Nous avons étudié avec des juriste la question. A partir du moment où « la dame » n’a pas voulu appliquer l’ordre du jour, c’était au 2e plus âgé de prendre sa suite de le faire appliquer».
Michel CAIRE

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