Métropole Aix-Marseille-Provence: Maryse Joissains réaffirme ses désaccords sur le plateau de France 3

Publié le 28 février 2016 à  0h35 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Maryse Joissains (LR), maire d’Aix-en-Provence, président de l’ex EPCI du Pays d’Aix, opposante à la métropole Aix-Marseille-Provence était l’invitée de «La Voix est libre» sur France 3 Provence-Alpes, ce samedi 27 février. L’occasion de réaffirmer son opposition à cette structure et de plaider: «Si cela doit se faire que l’on donne les clés du coffre au Pays d’Aix, le premier de la classe, et non à Marseille, le mauvais élève», avant de débattre avec Johan Bencivenga, le président de l’UPE 13 et l’universitaire Yves Luchaire mais… point d’élus marseillais. «Nous avons proposé quatre noms à la Ville qui a avancé un cinquième qui ne nous semblait pas pertinent sur ce sujet», explique à ce propos l’animateur de l’émission, le journaliste Thierry Bezer. Lequel rappelle: «La métropole Aix-Marseille-Provence regroupant 92 communes et 1 841 460 habitants est en fonction depuis le 1er janvier… sur le papier du fait de recours d’opposants sur la représentativité de Marseille,des arguments balayés par le Conseil Constitutionnel». Le Maire d’Aix souligne qu’elle entend organiser un référendum en profitant de la porte ouverte par le président de la République à propos de Notre-Dame des Landes. «Nous allons nous organiser sur le plan judiciaire. Nous ne bloquerons rien, le système se bloquera de lui-même», avance-telle.

«Je ne suis pas disposée à accepter une métropole qui va faire plonger nos territoires»

Maryse Joissains évoque un climat de guerre «voulu par Jean-Claude Gaudin». Considérant: «Je ne suis pas disposée à accepter une métropole qui va faire plonger nos territoires dans des problèmes énormes. Je gère Aix et la Communauté du pays d’Aix (CPA) depuis 15 ans, pendant ce laps de temps nous avons baissé les impôts à la Ville et nous commencions à baisser la taxe professionnelle à la Communauté et tout cela pour que l’on nous demande aujourd’hui de payer les dettes de Marseille et de la métropole : 4M€ et plus de 1,2M€ pour les hôpitaux. Et si l’on ajoute à cela que Marseille c’est un système hyper-centralisé, un despotisme total que l’on veut nous imposer là où nous voulons la liberté de gestion et ne pas avoir à subir les dettes des autre». Et elle ne veut pas entendre parler de manque de solidarité : «D’abord la solidarité, c’est l’impôt sur le revenu, pas les taxes. Ensuite, elle n’existe pas à Marseille entre le Sud et le Nord. En plus Samia Ghali, PS, a évoqué le fait que des sommes sont retournées à l’Europe faute d’avoir été investie. Alors, on ne peut pas être solidaire d’un territoire mal géré… ou alors qu’on nous laisse le gérer». «Avec la métropole, automatiquement, poursuit-elle, les impôts vont augmenter et le Pays d’Aix devrait être ponctionné à la hauteur de ce que l’État donnera». Mais, point question pour elle de pratiquer la politique de la chaise vide : «Je serai présente pour défendre mon territoire. Point question de punition, nous sommes le plus gros contributeur, nous voulons le retour des sommes dues». Fustige, au-delà de Marseille, la logique métropolitaine qu’elle qualifie «d’idiote», avant de rendre hommage « à la belle réforme de Chevènement qui obligeait les Maires à travailler ensemble, là, on nous impose un système dans lequel les décisions seront prises par les fonctionnaires loin du terrain ».

«Vous imaginez ce que nous pourrions faire unis ? Ce serait magique»

Pour Johan Bencivenga la métropole s’impose «car c’est cela qui tire l’économie globale». Il rappelle: «Sur les 34 pays de l’OCDE, Aix-Marseille métropole se classe 95e sur 275 par sa superficie et 80e par sa population». Cite deux exemples, justifiant, à ses yeux, la métropole : «Il faut un seul syndicat des transports pour répondre aux besoins des salariés. Actuellement un salarié qui habite par exemple sur Aubagne et travaille sur Berre dépense 300 euros par mois, c’est énorme. Ensuite, il y a les structures d’attractivité du territoire, 22 millions sont actuellement dépensés, soit autant que Londres… Vous imaginez ce que nous pourrions faire unis ? Ce serait magique. Et que dire lorsque l’on sait que nous avons raté la possibilité d’accueillir de grandes entreprises faute d’un interlocuteur visible ? Cela alors que notre taux de chômage est supérieur de 2% à la moyenne nationale».
Maryse Joissains de rétorquer : «Pourquoi ne pas avoir fait gérer par le Département les transports ? En février 2013, nous avions tous adhéré à un syndicat mixte des transports et puis, plus rien.»
Yves Luchaire donne son analyse des problèmes de la métropole : «L’intercommunalité a commencé tard ici car Gaston Defferre l’avait refusé en 1966. Il n’y a donc pas d’habitude de travail en commun sur ce territoire. D’ailleurs, il faut savoir que le syndicat mixte des transports en commun figurait dans la planification de 1997 et dans le contrat de Plan 1997… sans résultat». Il tient compte des arguments avancés par Maryse Joissains : «C’est vrai que si nous sommes devant une simple prise de pouvoir cela n’ira pas bien loin mais, les élus marseillais ne sont pas forcément unanimes et je pense qu’ils seront plus sages que cela. Ceci étant il doit y avoir de la décentralisation dans la recentralisation d’autant que nous ne sommes plus dans un système vertical mais horizontal. C’est de la décentralisation, la délégation de compétences à des territoires, des communes, que dépendra le succès de la métropole». Maryse Joissains dit entendre les propos mais, avance-t-elle: «il n’y a pas de solution avec cette métropole. J’ajoute que, dès juillet 2015, j’ai adressé une lettre à Jean-Claude Gaudin dans laquelle je formulais des propositions pour la métropole. J’attends toujours la réponse…».
Michel CAIRE

Articles similaires

Aller au contenu principal