Michel Montana entre show-biz et simplicité à l’image de son bureau

Publié le 17 février 2022 à  11h11 - Dernière mise à  jour le 30 novembre 2022 à  15h22

Pénétrer dans le bureau de Michel Montana c’était affronter la façade délabrée du journal La Marseillaise cours d’Estienne d’Orves, la loge où l’agent d’accueil vous saluait en engloutissant un sandwich puis monter à l’étage en suivant les marches d’un escalier où les tommettes avaient vécu. L’hôte des lieux vous précède et vante le prix Henri Salvador, tout juste sorti des mains d’un artiste, qui trône sur son bureau puis évoque le show qui émaillera la compétition cette année-là. « Vous allez vous régaler avec les images à la télé. Ça va être terrible». Celui qui jeune vendait à la Criée La Marseillaise était aussi un roi de la com’.

Michel Montana à son Mondial la Marseillaise à pétanque © Philippe Maillé
Michel Montana à son Mondial la Marseillaise à pétanque © Philippe Maillé

Pagnolesque, chanteur, communiste, showman

Directeur des relations extérieures du journal la Marseillaise et président du Mondial la Marseillaise à pétanque, son bureau ne ressemble pas à celui d’un PDG. Il offre un joyeux bazar. Les murs, un peu défraichis, sont tapissés de photos comme dans un restaurant habitué à accueillir des stars à sa table. Pagnolesque, chanteur, communiste, showman le décor est à l’image de Michel Montana : éclectique. Il donne une idée de l’importance du personnage. Michel Montana sourit avec Alain Delon, François Pinault, Eddie Barclay, Henri Salvador ou encore Nicolas Sarkozy. On le retrouve aussi avec le directeur du quotidien du Parti communiste cubain Granma, le communiste italien Enrico Berlinguer, l’ancien député communiste Guy Hermier ou le présentateur Yves Mourousi. Sans oublier les élus et financeurs : le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, le président du conseil général Jean-Noël Guérini et le président du conseil régional Michel Vauzelle. Bien en avant aussi l’avocat Paul Lombard qui lui remet la Légion d’honneur. Chaque photo valait un commentaire et l’homme à bretelles affichait une grande fierté d’avoir côtoyé ces personnages.

Self made man

Michel Montana est un nom d’emprunt. Il est né Tordjmann. Montana c’est pour le showbiz comme le fut celui de Montand. Né en Algérie en 1931, il rejoint Marseille avec ses parents avant la guerre. Juifs séfarades, la famille échappe de peu à une rafle et est cachée pendant le conflit. Michel fait une croix sur les études et maîtrise tout juste la langue de Molière. Il s’inscrit au Parti communiste comme bon nombre de Marseillais des quartiers populaires. Il vend et fait la pub de «La Marseillaise » la semaine. Le week-end, il chante dans les cabarets. Essaie de percer à Paris. La guerre d’Algérie le rattrape. Il est mobilisé trois ans puis revient au service publicité du journal. Stalinien, il a surtout le sens du commerce et de l’entregent. Pour financer le journal il va chercher l’argent là où il y en a. Il fréquente les patrons et le monde financier. Il aurait été aussi à l’aise avec Castro qu’avec Bernard Arnaud !

Le petit Tordjmann a tracé son chemin. « Le Mondial la Marseillaise à pétanque » a grandi et accueille lors de son ouverture d’anciennes gloires et tout l’establishment marseillais. «C’est le Roland Garros de la pétanque», disait Yves Mourousi. 4 500 triplettes viennent de toute la France et d’une vingtaine de pays, 150 000 spectateurs contemplent les matchs. «C’était un gardien jaloux et exclusif « du Mondial La Marseillaise à pétanque ». C’était SON bébé», indique Bruno Le Dref ancien directeur des antennes de France 3 Provence-Alpes-Côte-D’azur habitué à travailler avec lui pour les retransmissions des compétitions. La manifestation a survécu à son fondateur après une mise à l’écart qu’il a mal encaissée. Lui s’en est allé mais chapeau l’artiste !
Joël BARCY

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