Migrants en Méditerranée : Prendre en compte les «damnés de la mer»

Publié le 19 juillet 2015 à  21h34 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

Les chiffres sur les migrants en Méditerranée que Benjamin Stora appelle les «damnés de la Mer» parlent d’eux mêmes. Le Haut Comité aux Réfugiés (HCR) dévoile que durant le 1er trimestre 2015, 137 000 migrants ont traversé la Méditerranée contre 4 000 en 2014 sur la même période. En Italie, ils sont plus de 50 000 et en Grèce les chiffres ont été multipliés par 6 pour être porté à 42 000. précisant que la plupart d’entre eux veulent échapper à la guerre. Le HCR annonçant que 1 770 migrants ont trouvé la mort en mer.
La Commission européenne a demandé aux pays membres de prendre en charge quelques 40 000 demandeurs d’asile de Syrie et d’Erythrée parvenus en Italie et en Grèce. Mais le vote sur cette proposition est reportée à fin juillet tant elle suscite des réserves sérieuses, notamment de la France. L’Europe du Sud, avec l’Italie et la Grèce se trouve au cœur d’un drame avec une Méditerranée devenue un espace migratoire et un cimetière à ciel ouvert. Et, au-delà de la simple protection et du secours apporté à ces populations, notamment des enfants en bas âge, la situation sanitaire et sociale est devenue une question plus qu’ alarmante. Pour Pierre Henry, représentant de France Terre d’Asile qui gère l’accueil des réfugiés en France: «Il y a une dimension cynique dans les politiques publiques qui rejettent la question des migrants sur les pays européens qui ont en effet la charge du contrôle des frontières extérieures de l’espace Schengen à travers l’agence européenne». «Il faut absolument, ajoute-t-il, organiser de nouvelles voies de migrations légales et surtout revoir le dispositif des demandeurs d’asile à bout de souffle (66 000 cas recensés en France). En effet, il faut actuellement 24 mois d’attente entre le dépôt de la demande et la réponse qui, souvent, est négative».
Benjamin Stora historien et sociologue et Président du Conseil d’Orientation du Musée National de l’Histoire de l’immigration à Paris, interrogé à ce sujet, considère avec une certaine inquiétude que «la tradition française d’hospitalité et d’asile subit de plein fouet ce phénomène dramatique auquel nul n’a été préparé et qui rend difficile les mesures d’urgence acceptables à court terme». Rappelant l’histoire de l’immigration en France des années 1937/1939 et plus récemment celle de 1970 il appelle «à plus de compassion envers ces migrants».
Jacky NAIDJA

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