Migrants en Méditerranée – paroles de politiques : Christophe Castaner député PS

Publié le 1 septembre 2015 à  18h46 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

L’historien et sociologue Benjamin Stora est intervenu avec force sur la situation de ceux qu’il appelle les «damnés de la mer». Sans oublier les nombreuses actions de Michel Vauzelle, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur notamment avec l’appel « Nous sommes tous Méditerranéens ». Le débat est ouvert. Destimed donne la parole aux politiques à travers deux questions. Après Sophie Joissains sénatrice UDI , Christian Kert député LR, Jean-Marc Coppola, porte-parole des communistes de Provence-Alpes-Côte d’Azur ,Sophie Camard, tête de liste des écologistes en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour les régionales – Christophe Castaner, candidat socialiste aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur d’y répondre …

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Destimed: Concernant les migrants en Méditerranée quelles solutions envisagez-vous?
Nous prenons enfin conscience qu’il ne s’agit pas d’un phénomène ponctuel, un épisode passager comme nous avons pu en connaître par le passé. Depuis 2000, ce sont plus de 30 000 personnes qui ont péri en tentant de rejoindre l’Europe, et le phénomène s’accélère. Laurent Fabius, notre ministre des Affaires étrangères, a donc souligné il y a quelques jours à juste titre que cette crise considérable allait durer. L’actualité nous montre que le cauchemar vécu par des dizaines de milliers de réfugiés ne se limite pas à la Méditerranée même si les drames vécus à Vintimille, à Lampedusa ou sur l’île de Kos nous touchent particulièrement : il y a aussi ce qui se passe quotidiennement à Calais, ou encore à quelques kilomètres de Vienne en Autriche où l’on vient de découvrir des dizaines de cadavres de migrants dans un camion… Des gens meurent sur toutes les routes, maritimes comme terrestres, qui mènent à l’Eldorado européen.
Cette situation prouve que le problème ne peut être abordé à l’échelle régionale ou nationale, mais bien à l’échelle de tout notre continent, en mettant autant l’accent sur le contrôle et l’accueil que sur une politique de coopération mieux ciblée et plus déterminée avec les pays que fuient ces populations. On ne peut pas dire malheureusement que les réponses apportées à ce jour soient à la hauteur des souffrances et des véritables enjeux, sur le plan éthique comme sur celui de l’efficacité. Les égoïsmes et les peurs, qui se traduisent trop souvent dans notre région comme dans d’autres pays européens par le rejet de l’étranger et le vote xénophobe, nous conduisent dans le mur. On ne peut pas mettre des barbelés sur nos côtes, sur 400 km de l’embouchure du Rhône à Menton. Et on ne dressera pas de murs à la frontière italienne.

Grèce, Italie, Europe… Une grande conférence ne s’impose-t-elle pas ?
Une conférence, d’accord, mais pour quoi faire ? Michel Vauzelle a eu le courage de mettre l’ensemble des élus, mais aussi de nos concitoyens, devant leurs responsabilités en lançant que « Nous sommes tous méditerranéens». Cela signifie que nous devons cesser de détourner nos regards devant ces tragédies, que nous devons dépasser nos égoïsmes et nos petits calculs électoraux, que nous devons cesser de nous recroqueviller derrière des identités discutables. Il ne s’agit pas de faire de l’angélisme, mais nous devons nous montrer généreux, comme cette région l’a déjà été en accueillant des milliers de migrants italiens ou espagnols au XXe siècle et, responsables. On ne peut pas d’un côté jouer la carte de l’attractivité et de la compétitivité pour attirer les capitaux étrangers et interdire la circulation des hommes en cadenassant nos frontières. Il faut donc en finir avec le «chacun pour soi» qui domine les esprits. L’Europe, qui montre une fois encore son incapacité à une réponse collective là comme en matière de règlementation commune sociale, aurait tout à gagner pour être enfin réhabilitée. Angela Merkel a le mérite aujourd’hui de souligner par des actes concrets que l’Europe doit retrouver ses valeurs fondamentales en tendant la main à la détresse du monde. Ce sont la faim, la guerre et l’oppression qui poussent tous ces gens vers l’Europe. La réunion prévue dans quelques jours avec l’ensemble des ministres européens constitue en ce sens un rendez-vous majeur : l’Europe, donc la France, peut ainsi redorer son blason et redonner du sens à sa construction. Enfin rappelons, comme Manuel Valls lors de son discours de clôture de l’Université d’été du PS, que les migrants qui «fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions, doivent être accueillis» en France. « Donc, chaque demande d’asile doit être examinée, rapidement», a ajouté le Premier Ministre. Les «migrants doivent être traités dignement, abrités, soignés».
Propos recueillis par la rédaction de Destimed

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