Mineurs isolés : la migration électorale de Martine Vassal

Publié le 10 mars 2021 à  10h54 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h30

A la suite de la décision du Tribunal administratif qui demande au Conseil départemental des Bouches-du-Rhône de prendre en charge des mineurs non accompagnés, compétence de l’institution, Martine Vassal, sa présidente répond via un communiqué: «Je veillerai à ce que Marseille et la Provence, qui ont toujours été des terres d’accueil, ne deviennent pas une terre d’abus.»….

Martine Vassal, présidente du département des Bouches-du-Rhône (Photo archives Destimed/RP)
Martine Vassal, présidente du département des Bouches-du-Rhône (Photo archives Destimed/RP)

Assurer dans les 15 jours une assistance et mise à l’abri

Le mardi 2 mars au soir, la mairie de Marseille annonce avoir mis à l’abri 38 mineurs non-accompagnés «abandonnés par le Département des Bouches-du-Rhône.». Martine Vassal dénoncera pour sa part une «instrumentalisation de la misère». Déclarera ne prendre en charge que 7 mineurs sur les 38. Puis parlera dépenses et misère à Marseille ce qui fera vivement réagir le maire de Marseille, Benoît Payan, le PCF et EELV…. Le tribunal ​administratif de Marseille​ avait alors été saisi en référé par plusieurs associations dont Médecins sans frontières et la Cimade. Mais ce lundi justice a été rendue par la décision du tribunal administratif de Marseille qui a ordonné au département des Bouches-du-Rhône d’actualiser la liste des mineurs isolés présents sur son territoire et de leur assurer dans les 15 jours une assistance et mise à l’abri.

Prendre en charge 23 des 38 migrants que nous imposent les associatifs

Martine Vassal indique toujours dans un communiqué: «Le Département des Bouches du Rhône prend acte de la décision du Tribunal administratif relative à la prise en charge des « mineurs »non accompagnés qui ne sont pas encore hébergés.» Considère que cette décision de justice «nous « impose » tout d’abord de prendre en charge 23 des 38 migrants que nous « imposent » les associatifs soutenus par la mairie de Marseille.» Déclare que le tribunal reconnaît ainsi que, «comme nous l’avancions, 13 d’entre eux sont majeurs et ne bénéficient pas du statut de mineur isolé.» Peut-être une erreur de frappe mais la présidente parlait auparavant de 31 jeunes qu’elle ne prendrait pas en charge puisqu’à ses yeux seuls 7 d’entre eux sur les 38 étaient mineurs, errare humanum est…

Cette situation est grave dès lors que l’on considère que le coût estimé pour la collectivité est de 144 000 euros par mois

La présidente assène, toujours via le communiqué: «Cet état de fait montre bien que c’est sciemment que les associatifs ont menti sur l’âge de ces individus dont la majorité était déjà établie, et qu’au-delà ils leur ont fait miroiter le fait que cette imposture leur ouvrirait un droit à être pris en charge par la collectivité». Juge que «ce public fragilisé est l’instrument de certaines associations ou certains élus. Cela doit cesser.» Dénonce encore : «Cette situation est grave dès lors que l’on considère que le coût estimé pour la collectivité est de 144 000 euros par mois, soit 4 000 euros par migrant.» Migrant, encore peut-être une erreur de frappe mais dans ce cadre ne s’agit-il pas là plutôt « par mineur isolé »…

Un surcoût de 2,4 millions d’euros

Martine Vassal s’insurge encore: «Près de la moitié des migrants qui se déclarent comme mineurs auprès de nos services se révèlent être majeurs après examen plus poussé. Il faut se souvenir que la plupart de ces réfugiés ne disposent pas des papiers nécessaires prouvant leur qualité de mineurs. Sur l’année 2020, cette situation a obligé nos services à réaliser 4 300 évaluations. 45% des migrants étaient majeurs, ce qui a conduit à un surcoût de 2,4 millions d’euros à la charge de la collectivité.» Une fois de plus, elle fustige : «L’afflux des migrants dans le dispositif d’aide à l’enfance est toujours plus important, malgré des capacités d’accueil largement augmentées chaque année. De 50 places en 2015, le Département en a créé 900 en 5 ans ! Une obligation pour faire face au nombre des « mineurs » pris en charge, qui a été multipliée par 5 depuis 2015 (de 200 à plus de 1000 aujourd’hui) et cette situation risque de se dégrader dans les semaines et les mois qui viennent si l’on continue à abuser du système. Le système est déjà à bout de souffle pour ne pas dire au bord de l’implosion.»

La municipalité ignore volontairement la souffrance déjà existante

La présidente du département des Bouches-du-Rhône dont la réelle fonction de ce dernier est le social et la solidarité s’en prend à la municipalité de Marseille, «conformément à sa volonté affirmée et sans cesse réitérée de vouloir faire de Marseille un port d’accueil des migrants, est en train non plus de créer un appel d’air, mais bien mettre en place toutes les conditions pour que Marseille devienne une place forte migratoire en Europe, un deuxième Lampedusa.» Et, Martine Vassal qui était aux côtés de Jean-Claude Gaudin, -à la tête de la Ville 25 durant- déclare: « Ce faisant, la municipalité ignore volontairement la souffrance déjà existante sur ce territoire et de tous ceux qui ont été frappés par la pandémie. Je pense aux mineurs de notre département qui ont bien besoin de notre assistance et qui voient le système censé les prendre en charge débordé par ces manœuvres politiciennes.»

Martine Vassal insiste, toujours dans le même communiqué: «Il est trop facile de donner des leçons d’humanisme quand on fait des coups politiques sans lendemain, c’est bien la preuve, s’il était besoin de le répéter, de l’instrumentalisation de la misère par la gauche Marseillaise. Je veillerai à ce que Marseille et la Provence, qui ont toujours été une terre d’accueil, ne deviennent pas une terre d’abus.» Abus de copier-coller de discours du Rassemblement national n’a jamais affaibli ce dernier, tout au contraire, il favorise plutôt une certaine migration électorale en son sein. Et, en cette période de crise(s), cette dérive déjà constatée ne l’a pas aidée aux Municipales et ne l’aidera pas plus aux Départementales.
Patricia MAILLÉ-CAIRE

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