Mobilisation du barreau de Marseille : les avocats en colère brûlent le Code civil devant la Préfecture

Publié le 12 décembre 2018 à  23h21 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h42

(Photo Robert Poulain)
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C’était journée de grève ce mercredi 12 décembre pour les avocats du barreau de Marseille. Ils étaient plusieurs centaines à se rassembler à 11 heures devant le Palais de justice. Dans ce cadre, comme devant chaque juridiction de France, une motion a été lue avant que les avocats n’entreprennent une marche vers la préfecture des Bouches-du-Rhône où une délégation a été reçue pendant que les manifestants brûlaient le Code civil. Les avocats soulignent: «Considérée par le gouvernement comme un fardeau, la Justice, pilier de la Démocratie, doit pourtant rester une priorité nationale». «La Justice du XXIe siècle, ajoutent-ils, que nous appelons de nos vœux, ne peut pas se construire sur le seul fondement de préoccupations économiques et budgétaires». Dans ce texte, ils expliquent les raisons de leur colère, informent la population: «Qui souhaite pour ses enfants que ce soit le Directeur de la CAF et non un juge impartial qui fixe le montant de la « pension » sans considération de sa situation personnelle et selon un barème pré-établi ?». Et insistent-ils : «Qui souhaite perdre le droit de bénéficier d’un avocat et d’un juge indépendant pour sa défense ? Qui peut croire que la Justice sera mieux rendue au travers d’un écran ? Qui veut d’une Justice au rabais ?». «Rencontrer son juge est un droit. Le permettre est le devoir de la République. Les avocats se battent au quotidien pour vos droits. Ils se battent aujourd’hui, et encore, pour votre Justice. Par leur mobilisation unitaire, ils entendent défendre une Justice de qualité, faite par des femmes et des hommes et au service de vous tous», assènent-ils. Face à la gravité inédite de la situation, le Barreau de Marseille se mobilise pour faire faire échec à ce projet de loi qui avait été voté, la nuit même, à trois heures du matin à l’Assemblée. Les avocats ne baissent pas le bras et appellent «les citoyens à se mobiliser pour défendre leurs droits aux côtés des avocats» et interpellent le chef de l’État, Emmanuel Macron pour que la Justice devienne une «priorité nationale». «Le Gouvernement nous explique que cette réforme est justifiée par un souci de rapidité dans les procédures. Mais à quel prix ? Nous voulons davantage de juges alors que le Gouvernement nous propose des robots… ». Le Conseil de l’Ordre du barreau de Marseille a voté la reconduction du mouvement de grève totale des audiences jusqu’au vendredi 14 décembre 2018 inclus et la suspension des désignations d’office. Pour sensibiliser les citoyens sur cette réforme de la Justice, les avocats se rassembleront ce jeudi 13 décembre à 9h30 dans la salle des pas perdus du Tribunal d’instance de Marseille puis le vendredi 14 décembre à 9h30 au Tribunal de grande instance de Marseille. Michel CAIRE

Entretiens

(Photo Robert Poulain)
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son_copie_petit-308.jpgYann Arnoux-Pollak, le futur bâtonnier , dénonce, une réforme qui éloigne le justiciable de son juge. me_yann_pollak_batonnier_designe_du_barreau_de_mrs_avant_12_12_18.mp3 son_copie_petit-308.jpgPreuve de cet éloignement du justiciable de son juge, la révision des pensions alimentaires confiée désormais au directeur de la Caisse d’Allocations familiales (CAF). Me Nathalie Lauricella y voit deux régressions: le directeur de la CAF«ne regardera qu’un critère»: les revenus de celui qui verse la pension alors que seront exclus: «les besoins des enfants, les revenus du parent qui reçoit la pension, les situations de surendettement». Puis de mettre en exergue le fait que le «directeur de la CAF devient juge et parti lorsqu’il attribuera les allocations de parent isolé. Il fixera des pensions pour donner moins». nathalie_lauricella_doit_de_la_famille_pensions_alimentaires_12_12_18.mp3 son_copie_petit-308.jpgAutre exemple, la fusion des juridictions en un seul tribunal judiciaire départemental fait disparaître deux juridictions, celle des affaires de sécurité sociale et celle de l’incapacité, pour Me Jean-Emmanuel Franzis, ce sont «des milliers de dossiers en souffrance» avec des «situations personnelles ou de familles catastrophiques». Dans l’immédiat, ce sont 9 greffiers en moins et des magistrats qui partent à la retraite. me_jean_emmanuel_franzis_consequences_du_trib_departemental_12_12_18.mp3 Une délégation de trois bâtonniers a été reçue, par le Préfet. Il s’agit de Me Geneviève Maillet, Me Christian Lestournelle et Me Yann Arnoux-Pollak.
Geneviève Maillet, bâtonnier de l'Ordre du barreau de Marseille(Photo Robert Poulain)
Geneviève Maillet, bâtonnier de l’Ordre du barreau de Marseille(Photo Robert Poulain)
son_copie_petit-308.jpgGeneviève Maillet, bâtonnier de l’Ordre et Christian Lestournelle, Yann Arnoux-Pollak, reviennent sur cette entrevue. Geneviève Maillet rappelle que la rencontre a duré une heure et que Pierre Dartout, le préfet leur a annoncé qu’il transmettrait un «rapport» au gouvernement. apres_rencontre_avec_le_prefet_de_3_batonniers_12_12_18.mp3 son_copie_petit-308.jpgMe Christian Lestournelle, ancien bâtonnier et membre du conseil de l’ordre se place sur le plan politique et souligne la disparation des «retraits» du texte obtenus par les avocats lors de la concertation qui a duré 6 mois avec la ministre de la Justice, garde des Sceaux. me_christian_lestournelle_ancien_batonnier_12_12_18.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

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