Municipales à Marseille 11/12. Entretien. Robert Assante : « Leur projet de raconter des mensonges pendant 6 ans, de ne pas avoir réalisé ce qu’ils avaient promis, et de promettre à nouveau tout et n’importe quoi, les gens en sont lassés, en ont marre »

Publié le 25 juin 2020 à  8h46 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h51

Ce mardi 23 juin, en tout début d’après-midi, Robert Assante nous a donné rendez-vous avec l’un de ses plus fidèles et anciens soutiens dans le secteur, Bernard Couffignal, à la terrasse de la brasserie «Le Terminus », en plein cœur du village de Saint-Barnabé. L’ancien maire des 11e et 12e arrondissements, membre de l’équipe municipale de Jean-Claude Gaudin depuis 1995, toujours adjoint au maire à l’environnement, au ravalement de façade et au patrimoine municipal, a été maire de ce 6e secteur entre 2008 à 2014, succédant à Roland Blum. Il a accepté de rejoindre le « dissident » Les Républicains, Bruno Gilles, pour être sa tête de liste dans ce secteur et retrouver ses électeurs, comme en attirer de nouveaux. Il entend toujours créer la surprise, ce dimanche 28 juin, en arrivant en tête des 4 listes en course : celle du maire sortant Julien Ravier pour Les Républicains, de Yannick Ohanessian pour le Printemps Marseillais, de Franck Allisio pour le Rassemblement National. «Je ne suis ni extrêmes ni système», insiste-t-il avant de préciser: «Je ne veux pas du Front National (Rassemblement National), pas de la France insoumise, pas du Parti Communiste, pas du Front de gauche. Je ne veux plus de ce système dans lequel s’inscrit l’héritière, Martine Vassal, avec Valérie Boyer qui a menti à tout le monde, et Julien Ravier que l’on appelle : « Oui-Oui », car il ne sait rien faire d’autre que ça. Avec Bruno Gilles, nous représentons une autre voie, une autre force.» Au fil des questions, il se lâche, toujours plus, et ça déménage…

Robert Assante, tête de liste (SE) avec Bruno Gilles dans les 11/12 (Photo Bruno Angelica)
Robert Assante, tête de liste (SE) avec Bruno Gilles dans les 11/12 (Photo Bruno Angelica)

Destimed. Quel regard portez-vous depuis les derniers jours sur les informations concernant les soupçons de fraudes aux procurations dans votre secteur, et sur les attaques des élus sur la liste Les Républicains vous mettant en cause pour avoir fait de même avec votre propre mère qui réside dans une maison de retraite privée dans le 12e arrondissement ?
Robert Assante: Les turpitudes de l’équipe Martine Vassal-Valérie Boyer-Julien Ravier ne me concernent pas. Tout ce qu’ils ont pu faire, ou pas faire, avec les procurations dans des maisons de retraite, ou ailleurs, dans ce secteur, ne me concerne pas. Ce sont eux qui se sont mis dans cette situation là, ce n’est pas moi. Et quand on essaye de m’attaquer au travers de ma mère qui a 93 ans, qui a la maladie d’Alzheimer, à qui je n’ai même pas osé demander de me faire une procuration à l’occasion du premier tour, et encore moins pour le second, je dis que c’est une insulte à mon intégrité et à celle de ma mère, qui m’a toujours protégé avec mon frère. M’attaquer pour dire que moi aussi je serais dans ces histoires de procurations, je ne vois pas pourquoi faire ce genre de choses-là… Les sœurs de Notre-Dame de la Compassion, maison de retraite privée où réside ma mère, font ce qu’elles veulent. Elles sont chez elles. Je n’y suis accueilli sur place que par l’intermédiaire de ma mère. Alors essayer de faire une telle diversion, c’est faire preuve d’une grande maladresse et d’une grande médiocrité, et ce n’est pas acceptable.

De quel parti ou de quelle sensibilité que l’on soit, on se dit de plus en plus que les Marseillaises et Marseillais de ce secteur, comme de toute la ville, mériteraient quand même de vivre une autre campagne, plus digne, sur des programmes précis, non ?
Les élus et candidats de la majorité municipale en place sont dans un état d’esprit tordu, fallacieux, pernicieux. Ils essayent de cacher leurs carences et leur médiocrité de campagne électorale, leur autosuffisance, de cette manière. Parlons plutôt des projets, et pas autre chose. Mais je n’ai fait aucune procuration pour personne. Certains diront que je suis trop naïf, mais je n’entends pas aujourd’hui me détourner de mon parcours politique qui a toujours été basé sur la liberté et la démocratie. Eux, en face, n’hésitent devant rien. D’ailleurs il y a des procédures et des investigations en cours menées par la police. Je ne suis pas concerné. Ils essayent de me mettre dans un circuit qui n’est pas le mien. Ils ne sont pas dignes de gagner des élections sur Marseille. Je ne l’avais encore jamais fait pendant une campagne, j’ai un message à dire, franchement, aujourd’hui, à nos concitoyens : mais dégagez-les !

Quel autre message avez-vous à faire passer à ceux qui, peut-être, n’iront pas voter en sachant que les jeux sont faits entre les deux partis ou mouvements : Les Républicains et le Printemps marseillais ? Ces élections ne sont-elles pas l’occasion de permettre à d’autres forces de pouvoir être représentées dans les prochains hémicycles de la marie et de la métropole ?
Mais les jeux ne sont pas faits ! On ne peut pas considérer que manipuler la population entraîne déjà des certitudes de résultats électoraux. Mon expérience me permet de dire : laissez la démocratie s’exprimer, librement, sans pression, sans SMS envoyés par milliers, sans coups de téléphone passés par milliers, en expliquant tout et n’importe quoi. La démocratie doit s’exprimer dans la liberté des uns et des autres. Ils veulent aller sur ce chemin et c’est pourquoi les équipes de Martine Vassal sont à mettre de côté, définitivement. Bien sûr que le conseil municipal sera divers, et je sens que ma liste est en train de remonter pour pouvoir créer la surprise dans les 11-12. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, dans ce secteur, les jeux ne sont pas vraiment faits. Tout est ouvert, je fais partie de cette ouverture voulue avec Bruno Gilles. Je peux et nous pouvons gagner, c’est possible.

Vous faisiez partie de cette majorité municipale, puis avez rejoint Bruno Gilles, peut-on savoir ce qui vous a convaincu dans ce sens ?
La première raison est que Bruno (Gilles) m’a permis de toujours discuter avec lui avec la plus grande liberté. Je n’ai jamais senti chez lui une définition autoritaire. A chaque fois que nous avons un sujet à traiter, nous débattons. J’ai le sentiment profond que c’est ce qu’il veut faire avec la population à l’échelle de la ville. Je lui ai proposé pour mon secteur de mener une nouvelle gouvernance, partagée. Un exemple : on veut nous imposer de mettre une clinique privée dans le 12e pour faire, en plus de l’urgence et de la maternité, de la chirurgie esthétique, on n’en a pas besoin, mais cela rapporte… Je ne peux pas l’accepter à cet endroit. Je suis ouvert à une offre de santé dans les 11-12, mais pas à cet endroit, engoncé, où on n’a pas de possibilité d’accéder. Il y aura 24 heures sur 24 des urgences, 700 personnes qui viendront travailler tous les jours, 700 chambres… mais on prend les gens pour des idiots. On nous dit qu’une bouche du métro le desservira facilement. Mais cette clinique sera faite pour les 11-12, vraiment ? La vérité est que les gens de ce secteur ne pourront jamais y accéder en métro. Où se trouvent les bouches de métro entre la Valbarelle, la Millière, La Barasse, Saint-Marcel ? Il n’y en a pas. Où se trouvent les bouches de métro à Montolivet, à Bois Lemaître, aux Trois-Lucs, à Eoures, aux Camoins ? Et vous en voyez beaucoup des patients arriver en métro à Marseille ? Je rappelle que 85 % des stations de métro de la ville ne sont toujours pas équipées pour accueillir des gens à mobilité réduite ou des mamans avec des poussettes. Ils prennent les gens pour ce qu’ils ne sont pas, et les gens sont en train de leur dire : c’est fini pour vous. Et moi je rajoute : avec un au revoir, et sans merci.

Vous êtes très sévère, c’est le moins que l’on puisse dire, avec les équipes de Martine Vassal et les responsables de la mairie de secteur dans les 11-12, alors que vous avez longtemps fait partie de cette majorité municipale, pourquoi dressez-vous aujourd’hui un tel bilan, aussi critique ?
Pour la raison que c’est une armée napoléonienne qui fait à la fois sa Bérézina et son Waterloo en s’appuyant sur des généraux-maréchaux qui sont tous plus mauvais les uns que les autres. On ne pouvait en arriver qu’à ce résultat. Au moment où ils s’en rendent compte, ce n’est plus possible, la bataille est perdue. Mais pourquoi alors insulter les autres ? Nous devons continuer à dire de notre côté que nous n’avons rien à voir avec eux. Leur projet de raconter des mensonges pendant 6 ans, de ne pas avoir réalisé ce qu’ils avaient promis, et de promettre à nouveau aujourd’hui tout et n’importe quoi, les gens en sont lassés, en ont marre. Et je pense qu’ils se souviennent de moi comme un maire de secteur accessible, intègre, de proximité. Je demande aux gens de continuer à me faire confiance. Je serai à la hauteur de ce témoignage. Ils me connaissent, je leur propose de poursuivre une relation à long terme, de respect mutuel.

Les vrais thèmes de campagne passent malheureusement au second plan en raison de la récente actualité dans ces 11e et 12e arrondissements, mais que vous demandent le plus les gens que vous croisez au quotidien pendant la campagne ?
Le problème de l’urbanisation occupe la plupart des esprits. On dirait que cette municipalité Boyer-Ravier (Julien) dans le secteur a tout basé sur le bétonnage. Il n’y a pas un espace où on ne voit pas afficher un permis de construire, une grue, un mur en train de monter. Mais on doit penser à respirer ici. Et quand on construit, il faudrait penser à bâtir autour, avec des transports collectifs, des équipements socioculturels, des écoles, des crèches. On n’a pas refait dans ce secteur les écoles qui devaient l’être et qui sont toujours en structure préfabriquée, type Pailleron, de sinistre mémoire… Ils avaient promis de les refaire, il y a 6 ans. Ils ne l’ont pas fait. Ils promettent à nouveau les mêmes choses aujourd’hui, mais comment peut-on les croire ? Ils n’ont rien fait pour le développement durable, rien pour améliorer la circulation… Julien Ravier ne cesse de dire : mais ce n’est pas moi, c’est la loi qui est ainsi, ou c’est la mairie centrale qui le veut ou décide ainsi. Mais j’ai envie de lui répondre : si tu ne sers à rien, alors, casse-toi !

On parle de résultats électoraux qui pourraient être très serrés et d’un éventuel troisième tour à l’occasion de la désignation du futur maire dans l’hémicycle de l’Hôtel de Ville, y croyez-vous ?
Rien n’est encore joué. Les élections dans les 4e et 5e n’ont pas eu lieu, et Bruno Gilles joue la victoire sur ce secteur. Je pense qu’il va gagner. Et si on me fait confiance dans mon secteur, on ne sera plus alors dans la même vision du conseil municipal, plus du tout dans le même environnement. Martine Vassal pensait avoir gagné avant les élections, elle le disait à tout le monde, cela faisait partie de sa stratégie de dire à plusieurs de ne pas se présenter car elle était sûre de gagner. J’ai de plus en plus le sentiment aujourd’hui qu’elle ne va pas gagner. Ses équipes, à cause de leurs mensonges, manipulations, promesses non tenues, sont en train de radicaliser la colère dans la ville. Ces gens-là provoquent toujours plus de colère, et les citoyens radicalisent leur vote. Je m’inscris dans une autre voie. Je veux créer en mairie de secteur un comité économique social et environnemental, comme cela se fait à l’échelle nationale. Je veux en faire un laboratoire dans ce secteur, où nous accueillerons toutes les associations dans des collèges différents. Nous nous baserons sur leurs conclusions pour faire des délibérations en mairie de secteur, que nous proposerons aussi en délibérations du conseil municipal. Cela ne s’est jamais fait. Il faut écouter nos concitoyens. Au niveau de ce comité, il faudra qu’ils se mettent d’accord en dégageant des majorités entre les associations, pour affirmer des positions. C’est en cela que ce sera fort et porteur. Les citoyens doivent être entendus pour ce qu’ils sont. On ne doit plus les manipuler, les exploiter, les tromper, et c’est ce qui ressort de la mandature Boyer-Ravier. Avec Bruno Gilles, on entend mener une autre voie, en disant aux gens : «on veut créer les choses, uniquement si vous le souhaitez».
Propos recueillis par Bruno ANGELICA

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