Municipales à Marseille: Bruno Gilles quitte Les Républicains pour mieux « courir vers la victoire en mars prochain »

Publié le 10 décembre 2019 à  8h38 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h28

Bruno Gilles entouré de Jackson Richardson, ancien joueur français de handball et Marine Pustorino actuel maire LR des 4/5 (Photo Robert Poulain)
Bruno Gilles entouré de Jackson Richardson, ancien joueur français de handball et Marine Pustorino actuel maire LR des 4/5 (Photo Robert Poulain)
«C’est en conscience que j’ai fait le choix de quitter Les Républicains et de démissionner de mon poste de président de la Fédération des Bouches-du-Rhône pour me consacrer uniquement, exclusivement, totalement à Marseille, aux Marseillaises et aux Marseillais». Il y avait de l’émotion, ce lundi 9 décembre, au QG de Bruno Gilles lorsque ce dernier a annoncé quitter à la fois Les Républicains et la présidence de la Fédération des Bouches-du-Rhône à la suite du rejet de sa candidature au profit de celle de Martine Vassal, la présidente LR du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence pour l’investiture aux municipales à Marseille. Une page se tourne pour Bruno Gilles, pour ne pas dire qu’un livre se ferme. Mais l’histoire se poursuit puisqu’il maintient sa candidature. Il lance à ce propos: «Je vais avancer. Non pas marcher, mais courir vers la victoire en mars prochain. Je vais continuer, comme je le fais depuis 15 mois, de rencontrer la population dans tous les quartiers de Marseille. D’entendre ce que les gens ont à dire. Ce qu’ils ont à proposer». Il rappelle que: «Martine Vassal a été investi le 27 novembre par Les Républicains pour incarner une continuité avec Jean-Claude Gaudin et ses soutiens.» Indique respecter la décision de la CNI. Mais, ajoute-t-il: «Pour être tout à fait honnête avec vous, sur les 86 milliards de neurones que j’ai, comme vous d’ailleurs, il y en a bien un qui m’a titillé un peu. C’est le neurone de la déception. Très vite évacué…». Et d’avoir fait le choix de poursuivre, après avoir réfléchi, discuté avec ses proches, échangés avec les militants. Il souligne à ce propos en direction de «celles et ceux qui auraient la mémoire courte»: «J’ai été réélu président de cette fédération, la 3e la plus importante de France en nombre d’adhérents, par près de 95% des votants, il y a un an». Il remercie ses amis d’être à ses côtés: «Les uns depuis le début, d’autres depuis le 13 septembre 2018 et ceux qui nous rejoignent depuis, et vous êtes de plus en plus nombreux», précise-t-il. Bruno Gilles évoque «un moment particulier»: «Je dirais même plus, c’est un automne particulier pour moi. La mort de Jacques Chirac, il y a un peu plus de deux mois, a inscrit une marque dans mon parcours politique et personnel. Le vote de la Commission Nationale d’Investiture, le 27 novembre dernier, a sans doute précipité un sentiment qui avait commencé à germer dans mon esprit».

«Libre. Libéré d’un poids que je n’avais pas voulu vraiment identifier»

Il revient sur ce vote qu’il n’a, affirme-t-il, «ni bien ni mal vécu». Expliquant avoir préparé, travaillé ce moment: «La politique, c’est aussi cela. On y croit, ou on a envie d’y croire, sans doute parce qu’on a été un peu formaté pour cela. On est dans les rails, on respecte les règles, sans vraiment voir qu’il peut y avoir un autre espace, ailleurs». Rappelle: «27 voix contre 11: faut-il y revenir ? C’est un choix net et précis. La CNI a tranché. Et le résultat est tranchant. Paris a décidé pour les Marseillais, j’ai presque envie de dire, à la place des Marseillais. Le système a décidé. Quand je suis sorti de la salle, j’ai dit, naturellement : Je suis libre. C’est vraiment l’adjectif qui m’est venu à l’esprit. Libre. Libéré d’un poids que je n’avais pas voulu vraiment identifier. Par fidélité.
Par loyauté. Par habitude aussi, sans doute
». Ce départ des Républicains, avoue-t-il, n’a pas été un choix simple: «Ma première carte au RPR, je l’ai prise à l’âge de 18 ans. J’ai été 21 fois directeur de campagne, pour Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Renaud Muselier, pour des législatives, des cantonales, pour moi évidemment. J’ai été 4 fois élu et réélu maire du 3e secteur, j’ai été député, je suis sénateur depuis 2008. Jean-Claude Gaudin a conservé la mairie parce qu’avec Renaud Muselier nous avons battu Jean-Noël Guérini dans les 4e & 5e arrondissements. J’ai battu en 2014 Marie-Arlette Carlotti, ministre de François Hollande, annoncée 15 points devant moi, pour finalement terminer 15 points derrière. Alors, vous voyez, les sondages ne font ni une campagne ni une victoire, soit dit en passant. J’ai beaucoup aidé Martine Vassal en 2015 pour qu’elle conquiert le Conseil général, devenu départemental». Mais, ça, c’était avant. Bruno Gilles veut gagner la Mairie, convaincu que les Marseillais, veulent un maire à plein temps. «Non seulement j’en suis convaincu parce que c’est ce qu’ils me répètent au fil de mes très nombreuses visites de terrain, mais le sondage Ifop paru en février 2019 montrent que 85% des personnes interrogées veulent un maire à temps plein». Il annonce que «plus de 15 000 personnes ont d’ores et déjà signé pour moi. Pour soutenir ma campagne participative. 15 000 personnes issues de tous les quartiers de Marseille, de tous les milieux. 15 000 personnes qui croient en notre projet participatif. En notre intégrité. En notre énergie». Pour le candidat aujourd’hui sans étiquette : «Les Marseillaises et les Marseillais veulent que la gouvernance change, que la gestion de l’argent public soit transparente. Hors des extrêmes et du système. Ils exigent de la sécurité. Le respect de la règle commune. Ils veulent de la propreté, de la proximité, un meilleur environnement, des équipements publics de qualité. Des logements. Ils attendent de l’ambition, de l’espoir. Ils veulent la vérité. Ils vont l’avoir avec moi».
Michel CAIRE

Trois questions au candidat Bruno Gilles

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Bruno Gilles vous quittez votre parti pour vous lancer dans les municipales, on sent l’émotion chez vous mais vous ne cessez dans le même temps de parler de liberté. Qu’en est-il entre ces deux sentiments?
Ce n’est pas facile de rompre avec son parti mais, en même temps, j’entends aller au bout de ma démarche. D’ailleurs tout le monde peut voir que j’avais commencé à prendre ma liberté sur des dossiers aussi sensibles que le PPP des écoles, le logement ou encore, lors du dernier Conseil municipal sur le parc Borély. Mais c’est vrai que je suis maintenant plus libre tout comme d’autres se sentent plus libres de me rejoindre. Ainsi, dans les 9/10 un ex-PS, Bruno Coulon, nous a rejoints et Jackson Richardson m’a avoué être encore plus à l’aise à mes côtés. Et cela me permet aussi de parler avec tous, notamment Samia Ghali ou encore Christophe Madrolle.
Vous êtes candidat sur Marseille, mais cela ne vous exonère pas d’une réflexion sur la métropole. Où en êtes-vous à ce propos?
Je suis candidat, comme je ne cesse de le dire, pour la seule ville de Marseille mais cela ne veut pas dire que j’ignore les problèmes de la métropole. Après le 22 mars, je voterai pour un candidat ou une candidate qui portera une envie de relation différente avec les communes, dont Marseille. Et je suis persuadé que nous serons nombreux à agir en ce sens sinon on ne comprend pas le succès de la tribune de Sophie Joissains et le choix ne se fera pas sur des étiquettes mais sur un projet, des propositions. Par exemple, pourquoi toutes les communes bénéficient-elles d’une antenne de proximité qui leur permet de réaliser rapidement des petits travaux et que ce ne soit pas le cas pour les mairies de secteur de Marseille? Et puis enfin comment ne pas voir que c’est la Région qui a dû engager une action contre la pollution des navires de croisière, alors que la métropole, dont ce devrait être la mission, n’a rien fait ? Renaud Muselier (Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur NDLR) s’est saisi de ce dossier mais c’est Martine Vassal qui aurait dû le faire. Et c’est pareil pour le projet de la Grotte Cosquer, la Ville et la Métropole sont absentes. Oui, il faut que cela change, il faut une métropole innovante et non plus un simple tiroir-caisse.
Vous évoquez souvent le Grand port maritime de Marseille. Que proposez-vous le concernant?
Je suis en train de travailler sur ce dossier et je ferai des propositions sous peu. Je peux déjà dire que Maire, contrairement à Jean-Claude Gaudin, je siégerai au conseil de surveillance. Et je ferai en sorte de me faire entendre car il n’y a que dans cette ville où la municipalité et la métropole ne se font pas entendre sur leur Port. C’est pourtant un enjeu fondamental en termes d’environnement mais aussi d’emplois et d’attractivité. Je veux, dans ce cadre, mettre en place un conseil stratégique, composé d’experts, pour que notre voix porte. Et puis, il n’est pas admissible qu’une grande partie de l’espace du grand port soit inoccupé. Nous ferons des propositions, en matière de réparation des grands yachts, d’installation d’entreprises, d’un casino… Il est essentiel de créer un panel d’emplois le plus large possible pour répondre aux attentes de notre population. Et le foncier est à un prix dérisoire, il faut changer cela pour que de l’argent entre, pour répondre aux besoins de notre territoire.
Propos recueillis par M.C.

Articles similaires

Aller au contenu principal