Municipales à Marseille. Entretiens. « Prochain arrêt: la mairie » pour les 101 candidats du Printemps Marseillais

Publié le 25 février 2020 à  20h33 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  9h47

C’est sur les marches de la gare Saint-Charles que le Printemps Marseillais vient de présenter ses 101 candidats. Derrière une bannière qui annonce « Prochain arrêt : la mairie », les candidats, autant de citoyens que de politiques, étaient ainsi réunis. «Les futurs conseillers municipaux incarneront Marseille, au-delà des secteurs, des quartiers, des noyaux villageois, des cités. Nous serons, ceux qui construiront l’Histoire de notre ville, qui effaceront la fracture Nord-Sud pour que nous fassions tous partie d’un destin commun», a déclaré Michèle Rubirola, candidate le Printemps Marseillais à la mairie, tête de liste dans les 4e et 5e arrondissements qui affiche sa volonté pour Marseille: «Avec vous, je veux être la maire qui porte cet espoir et qui dessine cet avenir radieux pour notre ville. Je serai la maire du renouvellement de la politique à Marseille, de la rupture avec les anciennes pratiques. Je m’y engage et en rejoignant le Printemps Marseillais, vous candidats, vous vous y engagez tout autant. Je serai la maire d’une ville qui appartient aux Marseillais, qui rétablit la justice sociale, qui promeut le vivre-ensemble et qui défend l’écologie. Nous voici en chemin pour notre prochaine étape, la mairie.» Entretiens avec Michel Rubirola – Zita Etoundi candidate de la société civile dans les 15/16 et Patrick d’Amico candidat de la société civile dans les 1/7.

Les 101 candidats du Printemps Marseillais sur les marches de la Garde Saint-Charles de Marseille (Photo Robert Poulain)
Les 101 candidats du Printemps Marseillais sur les marches de la Garde Saint-Charles de Marseille (Photo Robert Poulain)

Entretien avec Michèle Rubirola, candidate le Printemps Marseillais à la mairie, tête de liste dans les 4e et 5e arrondissements

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Destimed: Vous venez de présenter vos candidats de la société civile or Aldo Bianchi vient de claquer la porte et sur 8 têtes de liste il y en a 5 qui sont d’anciens politiques, est-ce qu’il y a des binômes citoyens, est-ce qu’il y a vraiment de la place pour le citoyen ? Michèle Rubirola: Nous nous sommes engagés à 50 % d’éligibles et il y aura 50 % de citoyens et 50 % de politiques au conseil municipal. Par exemple, mon binôme est un citoyen. Après nous avons a eu 400 candidatures pour 150 places. Il y a forcément des candidatures qui n’ont pas été retenues. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas bien mais nous avons essayé de prendre la représentation la plus large de la population marseillaise. Cela a été très difficile parce que nous avons eu vraiment de très très belles candidatures. Dans les 13/14 vous proposez une liste avec un communiste et une ancienne élue PS et EELV s’allie avec la France Insoumise, est-ce que la division est selon-vous le meilleur moyen de faire front au Rassemblement National ? Le meilleur moyen de faire front au Rassemblement National partout c’est l’union dès le premier tour. Nous avons eu des discussions avec les équipes d’Europe Écologie les Verts qui nous ont dit ne pas avoir de tête de liste. Ils nous ont proposé une femme issue de la société civile en deuxième position. Ce que nous avons accepté et nous, nous avons proposé Jérémy Bacchi qui est né dans le 13e, qui y travaille. Puis EELV a décidé de faire autrement. Que dire d’autres? Nous ne sommes pas maîtres de leurs décisions. On assiste à une campagne qui se durcit notamment entre les 2 listes de droite avec, entre autres, des problèmes de colleurs d’affiches… qu’en pensez-vous? Le problème de la droite ne nous concerne absolument pas. Ils font ce qu’ils veulent entre eux. Le problème des colleurs d’affiches c’est quelque chose qu’on a toujours dénoncé. Nous, en tant qu’écologistes, recoller, recoller systématiquement ne nous convient pas. Je sais que nos affiches sont soit décollées pour être mises sur des endroits interdits, soit recollées, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? Nous n’avons pas embauché des colleurs d’affiches professionnels, ce ne sont que des militants… Comment voyez-vous la fin de campagne, « demain la Mairie » ? Bien sûr nous sommes en ordre pour atteindre la Mairie à cœur joie, avec la volonté, l’enthousiasme, l’envie de changer Marseille. Changer Marseille, rapidement ? Il y a des choses que l’on pourra réaliser plus ou moins rapidement. On sait que l’on a une mandature pour mettre en œuvre tous les changements. Vous savez on hérite de lourds dossiers. Donc on ne va pas initier des mesures phares comme cela. On va d’abord tenir nos engagements. La première mesure sera de donner le nom d’Ibrahim Ali à une rue aux Aygalades. Après, la rénovation des écoles va prendre du temps, mais on va mettre un budget pour y parvenir tout comme pour les 5 stations de métro mais c’est un programme sur la mandature.
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Entretien avec Zita Etoundi candidate de la société civile dans les 15/16

(Photo Mireille Bianciotto)
(Photo Mireille Bianciotto)
Zita Etoundi, vous êtes candidate de la société civile, vous venez de participer à la grande photo de la famille, que ressentez-vous ? Beaucoup d’émotion parce que c’est la première fois que je m’implique politiquement pour Marseille, donc c’est quelque chose. C’est aussi de l’espoir qui prend forme quand je vois toutes ces personnes qui ont le même espoir que moi pour le renouveau à Marseille. Vous êtes candidate dans les 15/16, dans ces quartiers Nord qui ont été coupés du reste de la dynamique de la cité. Quels sont les grands points sur lesquels vous pouvez agir dans ce secteur ? J’ai grandi dans les 15/16, j’ai vu les choses se dégrader, année après année. Nous n’avons pas toujours été autant séparés du reste de la ville comme nous le sommes aujourd’hui. C’est vrai pour tout ce qui touche à l’économie, tout ce qui est au niveau de l’implantation des entreprises, tout ce qui touche à la mobilité. C’est vrai qu’accéder au centre-ville n’est pas quelque chose de facile ce qui a des répercussions claires et nettes sur l’emploi et même pour accéder aux différents services. C’est sur ces questions que nous allons agir pour offrir aux habitants les mêmes droits que les autres Marseillais. Enfin, vous êtes une femme, c’est important pour vous que les femmes entrent en politique ? Je suis une femme et je suis surtout Marseillaise donc au-delà de ça, le sexe n’a pas d’importance. C’est en tant que Marseillaise que j’ai envie que tous les Marseillais se sentent Marseillais.
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Entretien avec Patrick d’Amico, candidat de la société civile dans les 1/7

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Patrick d’Amico vous êtes candidat de la société civile à quel rang et dans quel secteur ? Je suis en deuxième position sur la liste du Printemps Marseillais du 1er secteur qui regroupe les 1er et 7e arrondissements. Comment avez-vous été choisi ? J’ai candidaté puisque le Printemps Marseillais a lancé un appel à candidature à la société civile. J’ai rempli les formulaires qui ont été mis sur le site du Printemps Marseillais en indiquant à la fois quelles étaient mes préoccupations, mes compétences personnelles et la manière dont j’abordais les dossiers. Pouvez-vous rappeler vos atouts et aussi peut-être vos faiblesses, une méconnaissance du monde politique, peut-être ? Effectivement, je ne suis pas un politique, je ne suis adhérent d’aucun parti mais je suis en revanche un professionnel, un spécialiste des questions de logement et j’ai voulu apporter mon expérience et ma vision très citoyenne des problèmes de logement, le logement indigne étant un problème central sur Marseille. Votre expérience, votre activité professionnelle est-elle en rapport avec le logement? Ah oui complètement, je suis président du directoire d’une grosse société HLM. Quelles seraient donc les pistes pour résorber cet habitat indigne ainsi que le manque de logements sociaux à Marseille? Il faut déjà modifier le règlement d’urbanisme à Marseille pour pouvoir produire beaucoup plus de logements sociaux puisque aujourd’hui on ne produit de logements sociaux qu’à partir d’une opération de 80 logements. Nous voulons ramener ce seuil à 20 logements et produire 30 000 logements sociaux pendant la durée de la mandature. Ensuite, il faut s’attaquer aux marchands de sommeil ce qui est un vrai sujet dans le centre-ville notamment. Enfin il faut s’appuyer sur une batterie de dispositifs et, d’abord sur l’humain. Parce que les immeubles qui s’effondrent sont la plupart du temps habités. Il faut donc pouvoir appliquer la charte du relogement et pouvoir s’occuper correctement des familles qui sont relogées et avoir une politique beaucoup plus ambitieuse de réhabilitation, d’accompagnement même des propriétaires privés, des propriétaires bailleurs privés de bonne foi avec les subventions de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (ANAH) et donc d’avoir tout un panel de mesures qui permettent de faire progresser, de trouver une solution notamment pour l’habitat indigne à Marseille. On sait que pour le logement social, la mairie de Marseille favorise toujours les plus hauts loyers -parce qu’il existe plusieurs sortes de logements sociaux-, est-ce que vous vous choisirez vraiment les plus bas loyers qui correspondent aux revenus de la plupart des Marseillais ? Dans le logement social, vous avez effectivement des choses qui vont depuis ce qu’on appelle le PLAI, le PLA d’insertion jusqu’au PLS qui est le pré-logement social qui effectivement touche non pas les populations riches mais j’aime dire les plus favorisées des moins favorisées. Actuellement la loi prévoit quand même que l’on produise 25 % de ces logements d’insertion, les PLAI dans les constructions sur lesquelles on fait du logement social et dans ces constructions, on fera aussi 25 % de logement social au sens large, c’est une progression effectivement extrêmement importante qu’il va falloir faire sur le PLAI, c’est clair. On a vu après le drame de la rue d’Aubagne fleurir des collectifs de citoyens, est-ce que vous en avez été proche, est-ce que vous les connaissez ? Je connais les collectifs de citoyens notamment le collectif du 5 novembre. Ils apportent vraiment une vision de terrain, une connaissance de ce dernier. Ils apportent aussi une chose qui nous manque cruellement à Marseille: un échelon de démocratie locale, de démocratie de proximité parce qu’on a besoin d’avoir l’expression des citoyens, les idées des citoyens, les projets des citoyens et on comprend beaucoup mieux et beaucoup plus directement les problèmes qu’ils vivent et les situations dans lesquelles ils sont. Il faut donc mettre en place de dispositifs de proximité et de citoyenneté de proximité. Dernière question, on a vu un représentant de la société civile Aldo Bianchi de « Marseille et moi » claquer la porte du Printemps Marseillais en disant qu’il n’avait pas été bien traité comme société civile, votre réaction ? Je ne connais pas le cas spécifique d’Aldo Bianchi. Je trouve dommage qu’il en soit arrivé là. D’autres étaient partis du Printemps Marseillais avant de revenir lorsqu’ils ont vu la dynamique qui se crée. Ce que je peux dire simplement c’est que les représentants de la société civile dont je fais partie qui vont amener à la fois des idées, des projets et qui sont positionnés comme tels ont été entendus et je n’ai pas l’impression d’avoir été ni manipulés ni maltraités.
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Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

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