Municipales à Marseille : Samia Ghali destinataire de la missive de Jean-Benoît Vion

Publié le 24 février 2014 à  8h51 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h43

Jean-Benoît Vion adresse, chaque lundi, une lettre à l’un des candidats aux municipales de Marseille. A tout seigneur, tout honneur, il a ouvert cette rubrique épistolaire par une missive adressée au sénateur-maire UMP, Jean-Claude Gaudin ; puis, à Patrick Mennucci, le candidat socialiste à la mairie de Marseille ; à Stéphane Ravier, tête de liste du Front national ; à Jean-Marc Coppola, tête de liste du Front de gauche ; à la candidate PRG à sa succession dans les 2/3, Lisette Narducci; à Dominique Tian, député-maire UMP des 6/8 qui se présente dans les 1/7; au socialiste Christophe Masse, tête de liste dans les 11/12; Arlette fructus, présidente départementale de l’UDI, tête de liste dans les 15/16 de « Marseille en avant » liste conduite par Jean-Claude Gaudin.
Ce lundi, sa prose est pour la sénatrice Samia Ghali, candidate socialiste à sa succession dans les 15/16.
Destimed

Chère Madame la Sénatrice-maire Samia Ghali,

Puis-je me permettre de vous envoyer cette courte missive à quelques semaines des élections municipales. Je suis pratiquement certain que cette campagne est beaucoup plus douce que celles des primaires de l’automne dernier.

Il est inutile de vous rappeler que vous êtes arrivée en tête lors du premier tour. Il faut dire que vous aviez mis le paquet, avec vos mini-bus qui emportait les électeurs dans la joie et la bonne humeur déposer le bon bulletin Ghali dans les urnes. Vos adversaires de l’époque vous l’ont assez reproché. Vous avez été battue par Patrick Mennucci au second tour. En annonçant vos résultats, vous avez précisé que Matignon était responsable de votre défaite, et mieux, vous avez laissé vos partisans siffler et huer Hollande et Ayrault devant la France entière.
En ce soir du 20 octobre, vous étiez folle de rage, visiblement très en colère. Tout le monde se souvient de votre visage fermé, figé sur l’estrade durant le discours de Mennucci qui savourait sa victoire. Lorsque vous faites la gueule cela se voit…

Il parait que désormais tout va bien, tout est beau dans un monde politique socialiste sans nuages, que vous vivez une nouvelle lune de miel politique avec monsieur Mennucci, que vous êtes redevenus amis… permettez-moi chère madame Ghali d’en douter.
Il suffit, pour s’en convaincre, de lire vos tracts et regardez vos affiches. Toutes les autres têtes de liste socialistes ont le même logo -Mennucci un nouveau cap- vous, vous avez votre propre formule -Ghali, agir avec courage et efficacité- .
Puis sur les panneaux électoraux des 15e et 16e arrondissements aucune photo de votre chef de file n’est visible, c’est sans doute un hasard ou une erreur qui sera bien vite corrigée !
Les élections primaires sont un formidable outil pour la démocratie mais elle provoque des blessures qui cicatrisent très lentement. Durant des semaines, trop de petites phrases assassines ont été échangées, trop de trahisons ont été mises au grand jour.
Le pardon est nécessaire mais la mémoire peut rester intacte.
Un de vos proches me chuchotait récemment à l’oreille : « Samia n’oublie jamais rien, elle a la rancune tenace. Elle attend les élections et elle réglera ses comptes surtout avec les élites socialistes de Paris».
En ce moment vous parcourez sans cesse votre secteur, vous êtes surtout à l’écoute des jeunes et des femmes dans ces quartiers Nord que vous aimez tant. Vous n’oubliez jamais que vous avez été élevée à Bassens. Cela tanne le cuir. Votre épine dans le pied est la sécurité. Vous avez tenté de trouver une solution en demandant au gouvernement d’envoyer l’Armée dans les cités. «Elle savait très bien que c’était impossible, utopique mais avec cette idée forte et son joli minois, elle est devenue une star des médias parisiens et au Sénat elle n’est plus regardée comme la beurette de service », explique un sénateur.
Madame vous êtes sûr de vous, «vous ne doutez jamais », avance dans votre dos certains de vos proches. Pour vous, votre réélection est assurée.
Méfiez-vous tout de même, en politique rien n’est jamais acquis et vous le savez mieux que quiconque. Souvenez-vous en 2008, vous m’aviez confié à la Bricarde, lors d’une de vos tournées, que vous étiez certaine que Jean-Noël Guérini serait élu maire de Marseille. Il vous apprécie beaucoup, il ne vous considère pas comme une traitresse. Il vous avait même certifié publiquement que vous seriez sa première adjointe. Il n’est pas certain que vous ayez le même poste si Monsieur Mennucci devient le premier magistrat de la Ville.
Et puis, par les temps qui courent, il ne fait pas très bon de porter le dossard du Parti Socialiste.
Les semaines qui viennent seront rudes, d’autant que mon petit doigt me dit que vous avez plus d’ennemis dans votre propre camp que chez vos adversaires. C’est simple votre avenir dépend de votre score au soir du 1er tour.

Respectueusement vôtre
Jean-Benoît VION

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