[Billet] – Municipales à Marseille: « Y’a le Printemps qui te réveille »

Publié le 29 juin 2020 à  8h46 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h51

Michèle Rubirola entourée d'Olivia Fortin, Sébastien Barles, Yannick Ohanessian, Sophie Camard et Benoît Payan pour savourer la victoire des urnes (Photo Michel Caire)
Michèle Rubirola entourée d’Olivia Fortin, Sébastien Barles, Yannick Ohanessian, Sophie Camard et Benoît Payan pour savourer la victoire des urnes (Photo Michel Caire)

Après un second tour où altercations, menaces, tentatives de pression ont, une nouvelle fois, eu lieu, dans la continuité d’une campagne particulièrement lourde mais, «Y’a le Printemps qui te réveille, T’as le bonjour du Printemps» comme le chante Michel Fugain. La victoire, même si elle est seulement relative, du Printemps Marseillais était inimaginable voilà encore un an, alors que Martine Vassal, LR, surfait sur les succès à la tête du Département des Bouches-du-Rhône. Mais cela, c’était avant. Avant d’avoir les yeux plus gros que le ventre et de vouloir la métropole et la ville, de cumuler toutes les erreurs, de se retrouver à la tête d’une équipe usée par des années de pouvoir et, pour seul credo un conservatisme qui a mené cette ville dans le triste état que l’on sait. Une Martine Vassal qui a commis l’erreur de prendre les mêmes sans le même, sans Jean-Claude Gaudin et sa garde rapprochée. Elle n’a pas mesuré à quel point il fallait du talent pour être élu et réélu pour ne rien faire. Elle n’a pas mesuré que les aspirations de la bourgeoisie de cette ville avaient changé, qu’ils sont de plus en plus nombreux, au sein de cette dernière, à vouloir que cette ville bouge, crée des emplois, de la richesse, un sentiment partagé par un grand nombre dans cette ville qui a exprimé un besoin vital de changement. Elle s’est voilée la face sur le drame de la rue d’Aubagne, le 5 novembre 2018, l’effondrement de deux immeubles qui a coûté la vie à huit personnes ou encore le PPP des écoles. Deux facteurs qui ont conduit à de fortes mobilisations populaires d’une part et la gauche marseillaise à sortir de ses divisions (ou de ses unions de façade), du Defferrisme. Et, face aux désunions, c’est l’union qui l’a emporté à Marseille. Une union, une aventure unique qui est un véritable laboratoire pour la gauche en France. Des partis ont su mettre leur identité derrière celle du Printemps Marseillais, le socialiste Benoît Payan qui pouvait légitimement revendiquer la tête de liste s’est retiré au profit de l’écologiste Michèle Rubirola qui, plutôt que l’aventure individuelle d’EELV a choisi la voie de l’union. C’est tout ce qui a été accompli par un collectif de citoyens qui, après un an de travail crée le collectif Mad Mars en 2019 où 600 Marseillais se retrouvaient au Dock des Suds pour l’occasion autour d’Olivia Fortin -Olivia Fortin qui a détrôné Les républicains dans les 6e et 8e arrondissements-. Un mouvement qui a fortement poussé à une union inédite entre politiques et citoyens. Là, réside toute sa force, comment, à l’épreuve du pouvoir, saura-t-il non seulement la faire perdurer mais la renforcer. Car c’est de ce mouvement inédit entre politiques et citoyens qu’est né un espoir partagé par un nombre de plus en plus grand de citoyens puis, la victoire. Cette dernière s’est aussi construite sur un programme, largement co-construit entre citoyens et partis, un programme qui s’est voulu rigoureux, conscient de la situation de Marseille. Une union qui était impossible à Droite également entre Martine Vassal et Bruno Gilles, le sénateur ex-LR, tant les désaccords étaient profonds, en premier lieu sur la rue d’Aubagne et ils n’ont cessés de se creuser tout au long de la campagne. Une autre union était possible, entre Bruno Gilles, Yvon Berland adoubait par LREM et, pourquoi pas, l’ex-socialiste Samia Ghali qui conserve sa mairie des 15/16 et qui représente aujourd’hui le seul espoir de Martine Vassal. LREM sort vaincu de cette campagne. Comment pouvait-il en aller autrement? Il était, avant même la campagne, épuisé d’une très longue attente imposée par Paris dans le choix de la tête de liste. Un comble pour un mouvement qui s’appelle « En Marche » que de se mettre ainsi à l’arrêt dans la deuxième ville de France. Et Yvon Berland, universitaire, président de l’AMU et son équipe n’ont pas eu le temps de faire entendre leur programme dans un contexte rendu encore plus difficile avec les crises des gilets jaunes, de la réforme des retraites (dont on n’entend plus parler aujourd’hui alors que le 49-3 avait été évoqué) et, enfin celle du Coronavirus. Face à autant de handicaps une union aurait été nécessaire pour rendre audible les propositions, qui, pour certaines, auraient mérité une toute autre attention. Mais, contrairement au Printemps Marseillais, aucune pression populaire n’est venue pousser à l’union avant le premier tour, ni même avant le second alors que les résultats plaidaient pour une union, seule possibilité pour faire entendre une troisième voix. Le Rassemblement National, qui représentait une vraie menace avant le premier tour n’a, au final, rassemblait que lui-même. Maintenant, espérons que le troisième tour ne renforcera pas la confusion dans cette cette ville alors que l’heure est au travail. Le Printemps, on le sait, est riche d’espoir, de potentiel mais, cela ne suffit pas. Il importe maintenant, comme le disait La Fontaine: «Travaillez, prenez de la peine /C’est le fonds qui manque le moins». Le travail qui s’annonce est immense. Un autre chantier est là, tout aussi complexe, celui de la métropole…
Michel CAIRE

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