Nikon Film Festival 2021. -Je suis un enfant- de Corentin Delias : une souffrance nommée Alzheimer

Publié le 27 mars 2021 à  19h25 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h45

Avec «Je suis un enfant» en compétition pour le Nikon Film Festival 2021 Corentin Delias signe un bouleversant court-métrage autour de la maladie d’Alzheimer. Mais avec pudeur, intelligence et une volonté de présenter le drame vécu par le personnage central de manière elliptique.

Destimed enfant
Comédien dans l’âme et talentueux dont le leitmotiv artistique demeure «Jouer, jouer, jouer encore, jouer toujours, jouer tout le temps», avec comme il le dit en ce domaine «une faim absolue d’incarner tout types de personnages même très éloignés de moi », ce jeune acteur possède une énergie folle…

Établir un contraste entre la beauté des images et la dureté du propos

Fou de musique, pianiste, (Conservatoire d’Avignon, et quinze ans de pratique), c’est Chopin qu’il nous fait entendre dans son court-métrage. «Parce que pour moi, c’est le maître absolu, le King», lance-t-il. Admiratif des films «La Belle époque», et «Le pianiste» qui l’ont bouleversé, Corentin Delias a tourné ici caméra à l’épaule, et a voulu que chaque moment du film puisse être un tableau. «Si je devais donner une référence pour « Je suis un enfant », même si ça s’en éloigne, ce serait le cinéaste Wes Anderson», indique-t-il. Réalisateur d’œuvres telles que «Rushmore» ou «The Grand Budapest Hotel». Wes Anderson aime construire des films virevoltants connus pour leur style visuel distinctif : plans symétriques, décors élaborés, longs plans en poursuite et palette de couleurs vives. Il y a un peu de tout cela dans le «Je suis un enfant» de Corentin Delias, avec le souci d’établir un contraste entre la beauté des images et la dureté du propos.

La maladie d’Alzheimer

Dès les premières images on est saisis. «Corentin essaie de faire manger sa petite sœur en vain avant que leur mère ne rentre. Toutes les méthodes y passent : l’avion, l’engueulade, la fiction… Rien n’y fait: impossible de faire manger ne serait-ce qu’une cuillerée de soupe… Un célèbre jeu de société va débloquer la situation et peut-être permettre de les rapprocher.» On comprendra dans un épilogue poignant qu’il s’agit en fait d’une vieille dame atteinte, comme on le signalait au début, de la maladie d’Alzheimer.

Quant à savoir comment s’est effectué le choix des techniciens et des interprètes Corentin Delias précise qu’il voulait autour de lui un équipe d’amis talentueux. «La grand-mère, c’est Anouchka Csernakova. Une actrice qu’on a vue notamment dans « Le grand bain » ou « Les égoïstes anonymes », et nous étions fous de joie qu’elle accepte de nous rejoindre. On l’a connue grâce aux « parasites », un collectif sur You Tube qui fait des courts-métrages, et plus récemment sur Canal + avec « L’effondrement ». Ils m’inspirent beaucoup.

La petite fille c’est Adèle Cardon. Nous avions passé une petite annonce de casting sur Facebook et c’est elle qui s’est imposée. Elle venait de Belgique. Ses parents étaient très investis, et nous l’avons vraiment placée dans des conditions de travail très respectueuses et empathiques. Nous étions très patients, on refaisait les prises, on la valorisait», raconte-t-il.

Je ne veux pas être réalisateur, je veux juste jouer

Quant à savoir comment Delias dirige Corentin… il répond : «Je n’ai pas de direction envers moi-même. J’oublie tout. J’oublie sur ce projet que je suis acteur, réalisateur, et j’essaie juste de jouer sans penser à quoi que ce soit. J’essaie d’arriver à toucher ce fil de la sincérité et ce néant dans ma tête. J’oublie tout ce qui est en train de m’arriver sur le moment présent. Je le dis encore : « pour moi jouer, c’est de persuader d’un mensonge et d’y croire à un instant T. Et y croire vraiment. Je me demande en tant que réalisateur ce que je ferais, moi, dans pareille situation. Je vais creuser alors dans mon ressenti, et tout se déploie en toute continuité», explique-t-il avant d’ajouter: «Réalisateur donc pour la première fois, j’ai fait mon film en gardant sans cesse à l’esprit que ce serait ce que j’aimerais voir, moi, au cinéma en tant que spectateur.» Tout en signalant qu’après avoir réalisé ce court-métrage émouvant et très abouti, il veut poursuivre sa carrière en tant que comédien.

«Le projet « Je suis un enfant », je l’espère, me permettra de faire de nouvelles rencontres. Je ne veux pas être réalisateur, je veux juste jouer. Contactez-moi, créons ensemble ! J’espère que le film vous plaira». Un beau plaidoyer pour le « métier » d’acteur et une sincère confession.
Jean-Rémi BARLAND

«Je suis un enfant» – un film de Corentin Delias. Avec Corentin Delias, Adèle Cardon et Anouchka Csernakova

[(
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