Odéon de Marseille. ‘Je ne serais pas arrivée là, si…’ proposé par Julie Gayet et Judith Henry : paroles universelles de femmes libres

Publié le 2 octobre 2021 à  13h30 - Dernière mise à  jour le 1 novembre 2022 à  16h34

Toutes ont imposé leur voix dans un monde aux règles forgées par les hommes. Judith Henry et Julie Gayet donnent corps à ces témoignages de femmes dont la portée est universelle.

Julie Gayet et Judith Henry rendent hommage au combat de six femmes puissantes pour conquérir leur liberté. (Photo Stéphane de Bourgies)
Julie Gayet et Judith Henry rendent hommage au combat de six femmes puissantes pour conquérir leur liberté. (Photo Stéphane de Bourgies)

Anne Sylvestre dans sa chanson « Frangines» datant de 1978 évoquait l’impérieux devoir pour les femmes de s’unir, de s’entraider, de devenir elles-mêmes dans un monde où les hommes leur ont longtemps confisqué tous les droits. C’est en filigrane le thème du spectacle « Je serais pas arrivée là, si…» proposé par Judith Henry et Julie Gayet, et qui s’appuie sur le texte de Annick Cojean paru chez Grasset. Cette même Julie Gayet -qui a rendu un hommage absolument bouleversant à Anne Sylvestre au moment de son décès le 30 novembre 2020- partage donc la scène avec Judith Henry pour magnifier des combattantes de la liberté devenues des figures marquantes de la vie littéraire artistique ou politique. Des « sorcières comme les autres », pour parodier Anne Sylvestre qui se sont investies avec courage, opiniâtreté, et qui comme Barbara et Marianne Faithfull dont on entend la voix dans des extraits de chansons ont marqué les esprits.

Six rebelles à l’ordre établi

Au départ une phrase : «Je ne serais pas arrivée là, si… », lancée par Annick Cojean à une trentaine de femmes inspirantes. Judith Henry s’est saisie de la parole de six d’entre-elles, pour les faire entendre sur scène dans un dialogue questions-réponses où avec Julie Gayet elle alterne le rôle de la journaliste et de l’interviewée. Toutes au final de Gisèle Halimi à Nina Bouraoui, en passant par Amélie Nothomb, Virginie Despentes, et Christiane Taubira, qui s’expriment ici évoquent leur amour infini pour leur mère, certaines la dégradation subie par le viol enduré, et la comparaison qu’on leur fit souvent avec leurs frères, pourtant moins doués, voire totalement immatures. Le rapport au corps Gisèle Halimi l’évoque bien entendu qui défendit le droit à l’avortement à l’époque où la loi Veil n’était pas encore promulguée. La liberté sexuelle, l’homosexualité de Virginie Despentes et Nina Bouraoui, le machisme, comme force d’opposition autant de thèmes développés non sans humour d’ailleurs et avec la force d’une retranscription au final très écrite.

Mise en scène sobre et efficace

Les deux comédiennes qui font oublier qu’elles ne sont pas ces six femmes puissantes et cette enquêtrice des âmes et des cœurs emplie de bienveillance, nous émeuvent par un jeu sobre, où, malgré le fait qu’elles demeurent à la table et semblent lire leurs notes créent du théâtre véritable. C’est beau, c’est essentiel, c’est une manière de réconcilier si besoin était les femmes avec les hommes, cela appelle à la dignité partagée et c’est un spectacle citoyen passionnant sociologiquement, et historiquement parlant.
Jean-Rémi BARLAND

Le théâtre du Gymnase -fermé pour travaux toute sa saison 2021-2022- est accueilli au Théâtre de l’Odéon. « Je ne serais pas arrivée là, si… » Spectacle Gayet/Henry ce samedi 2 octobre à 20 heures et ce dimanche 3 octobre à 15 heures. Plus d’info et réservation: Les théâtres

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