Off d’Avignon 2021. ‘A ces idiots qui osent rêver’ : une comédie romantique à l’américaine

Publié le 23 juillet 2021 à  20h26 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h21

Au départ un film « La La Land » dont le sous titre français est : «A ces idiots qui osent rêver ». Ce sous-titre correspond au titre du spectacle écrit par Céline Devalan qui s’impose comme une comédie romantique à l’américaine, où l’on verra que rêver est aussi important qu’aimer.

Marc Pistolesi et Céline Devalan sont comme Harry et Sally embarqués sur un bateau sentimental qui tangue mais ne coule pas. (Photo Lisa Lesourd)
Marc Pistolesi et Céline Devalan sont comme Harry et Sally embarqués sur un bateau sentimental qui tangue mais ne coule pas. (Photo Lisa Lesourd)

Deux êtres que tout oppose et qui ne sont d’accord sur rien font connaissance sur un banc. Un coup de foudre ? Certainement pas. On serait plutôt du côté de «La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n’aima pas comment elle était habillée» qui débute le roman d’Aragon. Précisons donc que ce n’est pas une répulsion physique qui s’empare de LUI mais une forme d’agacement pour ce qu’elle représente. Il n’éprouve aucune attirance pour ELLE qui en revanche le trouve sans-gêne, intrusif, et pas du tout gentleman avec ses manières d’enfant gâté qui communique bruyamment avec son portable alors qu’elle voudrait se plonger sereinement dans un livre qui la passionne.

ELLE semble bien décidée à chasser l’intrus qui s’incruste la prenant à témoin de ses élans et déboires sentimentaux avec celle qui est à l’autre bout du cellulaire. Face à cette passionnée, extravertie, anticonformiste, ce garçon attachant mais maladroit va enchaîner les bourdes. ELLE s’agace. Il réplique. Avec des phrases cinglantes qui font mouche, l’ironie étant une arme dont elle se sert aussi à merveille. Il mériterait selon ELLE des claques, les claquettes vont les réunir. Ils en jouent avec maestria et peut-être parviendront-ils à unir ce qui est en fait leurs déboires communs (ça ne va pas fort en fait côté cœur pour l’un comme pour l’autre tandis que côté cour au théâtre des passions ils rêvent d’unir leurs solitudes pour se sentir comme le dit une chanson française «un peu moins effrayés » par le spectacle de la vie.

« La La Land » et « Quand Harry rencontre Sally » à la sauce française

On a cité «La La land », on ajoutera que le film «Quand Harry rencontre Sally», a inspiré aussi le scénario de cette comédie romantique qui rend hommage en filigrane aux films de Lubitsch, Billy Wilder et Frank Capra. En beaucoup moins bien niveau écriture et rythme certes, de manière assez poussive souvent mais avec enthousiasme et une bonne humeur communicative.

La mise en scène de René Remblier et de l’auteure excelle à montrer que «surprise d’exister un jour», «rêve de prolonger le rêve… toujours». ELLE c’est Céline Devalan en personne. Sa drôlerie un peu grave la rend touchante et comme son jeu est celui d’une bonne comédienne, elle nous convainc sans peine de la sensibilité à fleur de claquettes de son personnage. LUI c’est Marc Pistolesi, metteur en scène lui-même, que l’on avait vu explosif, irrésistible et fin acteur dans l’excellent «Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ?» d’Élodie Menant et Eric Bu, pièce qui fut un des triomphes du Off 2019. Ses mimiques font ici mouche et c’est avec osmose qu’il s’accorde au jeu de sa partenaire. Au final une comédie où l’on verra que de France aux USA un avion peut en cacher un autre, et qu’une larme de peine peut se changer en larme de joie.
Jean-Rémi BARLAND
Au théâtre de La Luna au 1, rue Séverine 84000 Avignon jusqu’au 31 juillet à 21h30. Relâche le 25 juillet. Réservations au 04 90 86 96 28

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