Publié le 22 juillet 2018 à 13h31 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h55
Un acteur prodigieux
Né le 18 mars 1994 à Monaco, mais se sentant Lapon, (il vécut d’ailleurs en Laponie), ce comédien possède une force quasi animale. Sportif de haut niveau (boxe thaï, et autres activités extrêmes), Axel Granberger a beaucoup travaillé son rôle en amont, en lisant des textes parlant du vrai Succo. «Je me suis forgé une idée de ce que je devais faire en épluchant la vraie vie de Zuco», explique-t-il avant d’insister sur la chorégraphie écrite pour l’occasion et qui selon lui, permet d’avoir en ligne de mire tous les personnages saisis sur scène dans une sorte de chœur antique. Cet aspect drame antique on le retrouve dans la mise en scène de Rose Noël qui y ajoute une vision pasolinienne et viscontienne du personnage. Vision renforcée par le physique même d’Axel Granberger -un air du héros de Théorème et de Mort à Venise– qui fait partie de ces rares comédiens à frapper les esprits dès leur entrée sur scène. Travail imposant sur le corps la mis en scène ici proposée décrit un lion en cage qui sort de sa jungle et qui se surprend à vouloir se transformer en oiseau. On n’oubliera pas de sitôt le jeu exceptionnel d’Axel Granberger mais également sa façon d’être physiquement présent à chaque scène. S’il frappe les esprits (c’est peu dire d’ailleurs les mots viennent à manquer) il est magnifié par le regard d’une richesse inouïe de Rose Noël qui répétons-le n’a que 21 ans, et qui signe avec son «Ruberto Zucco» une mise en scène fidèle au texte (même si il y a des coupures), qui montre sans démontrer, qui s’impose également comme une réflexion sur le hasard, la violence, l’innocence, l’enfance broyée et la culpabilité. Une mise en scène qui fera date !
Jean-Rémi BARLAND
«Roberto Zucco» à la Fabrik’ Théâtre d’Avignon jusqu’au 29 juillet à 22h15. Relâche le mercredi soir.