Publié le 12 août 2014 à 19h06 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h07
On pourrait résumer cette 34e édition du Festival de la Roque d’Anthéron en affirmant qu’ici un jeune pianiste-phénomène chasse l’autre. Après Trifonov et autre Abduraimo, ce fut au tour de Rémi Geniet de briller d’un talent exceptionnel. Oui l’adjectif convient parfaitement à ce surdoué de 21 ans à peine ! Avec une maitrise n’ayant rien à envier aux vieux briscards du piano, cet interprète virevoltant qui jouera bientôt sous la direction de Krivine et Temirkanov, a donné un 3e concerto de Rachmaninov à la fois rigoureux et original. Ce concerto que l’on fait travailler à l’envi aux jeunes élèves pianistes et que des interprètes comme Andsnes, Ashkenazy et Lugansky ont sublimé, Rémi Geniet en a donné une version furieuse et poétique, de grande tenue et au final assez émouvante. Les doigts glissent et la tête suit. Bien faite et soucieuse de ne pas en rajouter, ce qui signale une vraie intelligence et une sincérité artistique. A la direction d’orchestre Robert Trevino qui accompagnait déjà Abduraimov et Laloum avec succès et maestria. On peut regretter cette fois-ci un surplus de puissance libéré par l’orchestre qui couvrait ostensiblement le piano au milieu du 1er mouvement et à la fin du 3e. Un son un peu compact aussi, vite gommé dans la 7e symphonie de Beethoven que le Sinfonia Varsovia a donnée après l’entracte. Toute la majesté requise par l’œuvre se trouvait enfin réunie avec unité et justesse. Quant à Rémi Geniet gageons qu’il va poursuivre avec succès une carrière de virtuose entamée sous les meilleurs auspices. Génial Geniet ou Génie quand tu nous tiens !
Jean-Rémi BARLAND
