Publié le 4 août 2014 à 9h51 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h06
La Roque d’Antheron. 2 août 2014. Dernier rappel pour Luis Fernando Pérez et Momo Kodama. Les deux pianistes s’adressent au public en à peu près ces termes : «Aujourd’hui c’est l’anniversaire de René Martin, le directeur artistique du festival. Ce morceau « Danzon cubano » est pour lui ». Applaudissements nourris, et plus que mérités pour cet homme exigeant qui est non seulement l’âme artistique du lieu mais également celle de la maison de disques « Mirare »et de l’organisation de « La Folle journée », consacrée cette année à la musique américaine.
Copland tombait donc bien et certainement pas par hasard tout comme ces «Danses symphoniques de West Side story» signées Bernstein et interprétées en milieu de programme. Complices et complémentaires Luis Fernando Pérez et Momo Kodoma ont donné un récital tout en finesse où, déjouant les pièges de la partition plus que périlleuse à jouer de Bernstein, ils ont montré également l’étendue de leur virtuosité dans «Scaramouche» de Darius Milhaud. Une œuvre de commande finalement assez peu montée sur scène, même si grâce au côté éblouissant de son final «Brazileira» elle a conquis les faveurs des pianistes du monde entier. Mais c’est dans «La valse» de Maurice Ravel que les deux pianistes se sont montrés particulièrement convaincants Momo Kodama plus en verve d’ailleurs que sur les danses de Bernstein. Un magnifique concert possédant fougue et dextérité.
Jean-Rémi BARLAND
Les disques de Luis Fernando Pérez chez « Mirare »
Mirare la maison de disques dont s’occupe René Martin promeut des artistes divers dont la plupart vient à la Roque lors du festival de piano. Parmi eux, Luis Fernando Pérez dont on peut trouver chez Mirare les enregistrements suivants :
«Nocturnes » de Chopin, volume 1 composé de 10 nocturnes. Ce n’est pas la meilleure version de l’œuvre, Luis Fernando Pérez y manque d’intensité et joue parfois un peu trop vite, mais cela demeure de facture honorable et parfois très inspiré. Très sincère en tout cas.
Granados : «Valses poétiques» et «Goyescas ». Un registre dans lequel Luis Fernando Pérez excelle. On s’en est aperçu l’an dernier à La Roque avec «Iberias» d’Albeniz, Pérez sert admirablement ses compatriotes. Ici le pianiste donne toutes les couleurs des œuvres dans des volumes sonores équilibrés et une inventivité poétique. Du grand art pour un disque au son superbe enregistré à la Aula de Musica de Alcala de Henares.
«Piano Sonatas» de Padre Antonio Soler. Superbe ! Luis Fernando Pérez au sommet ! Moine et compositeur espagnol de génie né en 1729 et mort à Madrid en 1783 Soler a laissé une œuvre considérable. En choisissant avec soin 16 sonates, Pérez montre le côté tradition et innovation du compositeur. Virtuosité, onirisme, son jeu d’une subtilité rare nous rendent ces œuvres dans toute leur complexité et surtout montrent leur aspect moderne et leur côté intemporel. C’est ainsi que Pérez est grand!
J.-R.B.