On a vu à La Roque d’Anthéron et à Saint-Martin de Crau : La tornade Neuburger

Publié le 25 août 2014 à  22h09 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h07

Le pianiste Jean-Frédéric Neuburger (Photo Carole Bellaich)
Le pianiste Jean-Frédéric Neuburger (Photo Carole Bellaich)

René Martin, le très lucide directeur artistique du Festival de la Roque d’Anthéron (que l’on ne peut soupçonner de complaisance) dit du pianiste Jean-Frédéric Neuburger né en 1986 qu’il possède du génie. Impression confirmée, cet été, lors des deux soirées durant lesquelles il s’est produit avec des artistes différents affichant enthousiasme, dextérité et goût de l’éclectisme. Au Parc Florans de La Roque tout d’abord pour un concert fort en percussions, celles de l’Orchestre National de France, où, en compagnie de son complice Bertrand Chamayou il aborda des œuvres de Gershwin, Scelsi, et Rachmaninov.
Avec puissance et humilité tant il est vrai que Neuburger, également professeur, aime se fondre dans des partitions ardues, méconnues parfois dont il sort des sons assez incroyables. A Saint-Martin de Crau, à l’Étang des Aulnes ensuite où, accompagné cette fois de Augustin Dumay, au violon, et du quatuor Modigliani (avec qui il a enregistré des disques chez Mirare), le pianiste a donné de manière impeccable la sonate pour violon et piano en la majeur de Franck et l’œuvre de Chausson pour piano, violon, et quatuor à cordes opus 21. Oui René Martin a raison ! Jean-Frédéric Neuburger est un pianiste de génie dont un des maîtres est Émile Naoumoff et qui pose sur la musique un regard aussi vaste que précis. Surprenant et convaincant de bout en bout.
Jean-Rémi BARLAND

Les CD de Jean-Frédéric Neuburger chez Mirare

Parmi tous les enregistrements du pianiste chez Mirare on peut citer comme représentatif du remarquable travail de Jean-Frédéric Neuburger :
-Chopin : Sonate pour violoncelle et piano. Avec Tatjana Vassiljeva au violoncelle et Alkan : «Sonate de concert pour violoncelle et piano opus 47».
CD Mirare paru en 2010. ISBN 376-0127-221074.
Deux partitions assez méconnues données avec beaucoup d’élégance et poésie. L’accord entre les deux artistes est parfait.
-«Récital à la cité de la musique de Paris en janvier 2011». CD Mirare paru en 2011. ISBN 376-0127-221456.
Liszt, Barraqué, Debussy et même une œuvre de Neuburger lui-même intitulée « Maldoror » au programme de ce récital où le piano nous invite à une suite poétique et orageuse. Un CD remarquable.

-« Live at Suntory hall »
CD Mirare paru en 2007. ISBN 3760127-220602.
Bach, Liszt, Ravel, Chopin, Stravinsky, et encore Neuburger « Bagatelle ») dans un double album enregistré dans la prestigieuse salle de Tokyo. Clarté de jeu, maturité musicale exceptionnelle (le pianiste avait alors 21 ans), répertoire éclectique, un concert qui montre toute la palette narrative d’un Neuburger au sommet de son art.
-Hérold : « Concertos pour piano n° 2, 3 & 4 ». Sinfonia Varsovia direction Hervé Niquet.
CD Mirare paru en 2011. ISBN 376-0127-221-272.
Même si dans cet enregistrement le Sinfonia Varsovia paraît un peu trop solennel et académique, les œuvres de Hérold (1791-1833) données ici sont d’une beauté rare. Neuburger laisse entendre un piano aérien, enlevé, magique. Et Niquet à la direction conduit l’ensemble avec beaucoup d’autorité.
-Beethoven : « Sonates 19, 20 & 29 (« Hammerklavier »), « Lettre à Élise », avec 1 DVD «Voyage au cœur de la Hammerklavier » réalisé par J.-F. Neuburger et François-René Martin. CD Mirare paru en 2009. ISBN 376-0127-
Alors que l’on joue souvent les sonates de Beethoven avec une colorature très germanique, Neuburger un peu comme l’a fait El Bacha en propose une lecture plus universelle, sudiste presque, où transparaît dans son jeu toute l’humanité du compositeur. Resplendissante son interprétation est sublimée par un son d’une perfection rare. Et le film qui accompagne en DVD l’enregistrement est très instructif quant à la genèse de cet album.
-Karl Czerny : « L’art de délier les doigts ». Liszt, et Heller.
Double CD Mirare paru en 2007. ISBN 376-0127-220237 ;
Un exercice de style qui confère à l’œuvre d’art. Karl Czerny (1791-1857) propose une œuvre de virtuose dans des pièces courtes que Neuburger transforme en sorte d’Études romantiques. Aussi beau que ses Études de Concert de Liszt composant l’autre partie du disque.
-Brahms : Quintette pour piano et cordes opus 3 avec le Quatuor Modigliani. « Zwei Gesänge pour mezzo-soprano, alto, et piano opus 91» avec Andrea Hill, mezzo-soprano.
CD Mirare paru en 2010. ISBN 376-0127-221302.
Un album magnifique avec le Quatuor Modigliani et la mezzo-soprano Andrea Hill pour deux œuvres de Brahms écrites à vingt ans d’intervalle, donnant deux visages très différents de sa musique de chambre. Une intensité digne ici d’une symphonie. Magique et magistral !
-Maurice Ravel : «Valses nobles et sentimentales» ; «Gaspard de la nuit » ; «Le tombeau de Couperin ».
CD Mirare paru en 2013. ISBN 376-0127-222323.
Sans doute le plus beau CD de Jean-Frédéric Neuburger. Une perfection absolue et une réussite magistrale. Ses « Valses » possèdent souffle et profondeur. Son « Gaspard de la nuit » est presque sans équivalent se rapprochant des captations de Sergio Tiempo et Martha Argerich, deux enregistrements de référence. Notamment dans «Scarbo» le dernier mouvement consacré à ce nain diabolique évoluant devant nous dans un foisonnement de sons exceptionnel. Une œuvre que l’on a ainsi l’impression de redécouvrir.
J.-R. B.

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