On a vu à La Roque d’Anthéron : une nuit à quatre mains et deux pianos

Publié le 2 août 2015 à  14h40 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h30

Sanja & Lidija Bizjak ce samedi 1er août à la Roque d'Anthéron  (Photo Marion Kabac)
Sanja & Lidija Bizjak ce samedi 1er août à la Roque d’Anthéron (Photo Marion Kabac)
Emmanuel Strosser & Claire Désert  (Photo Marion Kabac)
Emmanuel Strosser & Claire Désert (Photo Marion Kabac)

Régulièrement le Festival de La Roque propose une nuit du piano avec un programme de qualité autour d’un thème ou d’un compositeur. Schubert, Chopin, Antonín Leopold Dvořák, et Mozart étaient à l’honneur pour un résultat au final assez contrasté. En première partie Sanja et Lidija Bizjak nous ont quelque peu déçus en donnant de la sonate «Grand duo» D. 812 de Schubert une interprétation assez militaire. Reconnaissons-le l’aspect martial de l’œuvre n’engage guère à la fantaisie, mais le jeu des deux sœurs renforçait cette impression de pesanteur se dégageant de la partition. Où il aurait fallu de la grâce, les deux Bizjak ont employé la manière forte. Cela s’est arrangé avec la Sonate pour deux pianos K. 448 de Mozart, mais jamais elles ne surent élever le niveau de jeu pour rendre toute la magie du morceau. On restait donc sur notre faim. Après l’entracte, changement de décor, d’ambiance et d’impression, Emmanuel Strosser et Claire Désert offrant un récital d’une beauté et d’une profondeur à couper le souffle. Au menu de ce festin de notes et en final la Fantaisie en fa mineur pour piano à quatre mains D. 940 de Schubert, celle-là même que David Fray (présent à La Roque avec Renaud Capuçon le 18 août) vient d’enregistrer aux côtés de Jacques Rouvier. Une œuvre magique rendue ici d’une manière aérienne, jamais appuyée, et totalement poétique. Et bien sûr Emmanuel Strosser et Claire Désert, dont la complicité apparaît sur scène éclatante, ont proposé quelques danses slaves d’Antonín Leopold Dvořák. Danses qu’ils ont par ailleurs enregistré chez Mirare. Virtuosité, densité artistique, les deux interprètes semblaient au sommet, tout comme sur l’Andantino D. 823 de Schubert, et surtout durant ce rappel exceptionnel où Strosser-Désert ont fait briller de mille notes oniriques ces «Images d’Orient» de Schumann assez peu souvent jouées en récital. La nuit du piano était alors devenue magique.
Jean-Rémi BARLAND
Plus d’info et réservation: festival-piano.com/

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